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samedi 28 février 2015

Ouragan - Laurent Gaudé

Par Ariane



Auteur : Laurent Gaudé

Titre : Ouragan

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : Actes Sud

Nombre de pages : 189p

Date de parution : août 2010

Présentation de l’éditeur :

A La Nouvelle-Orléans, alors qu’une terrible tempête est annoncée, la plupart des habitants fuient la ville. Ceux qui n’ont pu partir devront subir la fureur du ciel. Rendue à sa violence primordiale, la nature se déchaîne et confronte chacun à sa vérité intime : que reste-t-il en effet d’un homme au milieu du chaos, quand tout repère social ou moral s’est dissous dans la peur ?
Seul dans sa voiture, Keanu fonce vers les quartiers dévastés, au coeur de la tourmente, en quête de Rose, qu’il a laissée derrière lui six ans plus tôt et qu’il doit retrouver pour, peut-être, donner un sens à son existence…
Dans un saisissant décor d’apocalypse, Laurent Gaudé met en scène une dizaine de personnages qui se croisent ou se rencontrent. Leurs voix montent collectivement en un ample choral qui résonne comme le cri de la ville abandonnée à son sort. Roman ambitieux à l’écriture empathique et incantatoire, Ouragan mêle la gravité de la tragédie à la douceur bienfaisante de la fable pour exalter la fidélité, la fraternité, et l’émouvante beauté de ceux qui restent debout.


Mon avis :

2005, l’ouragan Katrina s’apprête à dévaster la Nouvelle-Orléans. Dans la ville en attente, dans la ville battue par l’ouragan, dans la ville ravagée, des destins se croisent. Dans un roman choral parfaitement orchestré, à travers de court paragraphes se succédant harmonieusement l’on rencontre tour à tour une centenaire têtue comme une mule, un prisonnier rêvant de liberté, un révérend en dialogue contant avec Dieu, une jeune mère et son enfant, un homme en rupture avec son passé. Une galerie de personnages forts malgré la brièveté du récit. A part le pasteur, les autres sont tous noirs, représentant les laissés pour compte de la société américaine. 

Le personnage de Josephine est particulièrement touchant. Josephine, dont les interventions sont rythmées par la litanie « Moi, Josephine Linc. Steelson, négresse depuis presque cent ans » est de ces femmes fières, fortes et courageuses. Chaque jour elle prend le bus, pour une seule raison « je le fais parce que j’ai gagné le droit de le faire et que je veux mourir en ayant passé plus de jours à l’avant des bus, qu’à l’arrière, tête basse, comme un animal honteux ». 
Dans certains passages les voix des protagonistes se mêlent comme un chœur, longue litanie rythmée par des virgules, passant de la voix de l’un à l’autre.

Au départ du roman, seul l’un des personnages est en mouvement, comme l’ouragan il se dirige vers la ville et rien ne peut le détourner de sa destination. Les autres sont immobiles, par choix ou par obligation, et attendent. Puis le chaos s’abat sur la ville, l’auteur exprime pleinement la violence, la colère de la nature. Et une fois l’ouragan passé, les personnages se mettent en mouvement, ils errent dans la ville dévastée.
L’ouragan changera leur vie à tous. Certains vont se trouver, d’autres se perdre. On pressent le drame, on sent la présence de la mort qui va frapper et l’on attend en se posant la question : qui ?

Un très beau roman à l’écriture captivante.



Extrait :

« Nous allons rester là et advienne que pourra. Je n’ai pas peur. Je la sens qui vient. C’est bien. Les hommes détalent, ils ont tort. Ils devraient rester pour voir que leurs maisons ne sont rien, que leurs villes sont fragiles, que leurs voitures se retournent sous le vent. Ils devraient rester car tout ce qu’ils ont construit va être balayé. Il n’y aura plus d’argent, plus de commerce et d’activité. Nous ne sommes pas à l’échelle de ce qui va venir. Le vent va souffler et il se moque de nous, il ne nous sent même pas. Les fleuves déborderont et les arbres craqueront. Une colère qui nous dépasse va venir. C’est bien. Les hommes qui restent et verront cela seront meilleurs que les autres. Nous allons tout perdre. Nous allons nous accrocher à nos pauvres vies comme des insectes à la branche mais nous serons dans la vérité nue du monde. Le vent ne nous appartient pas. Ni les bayous. Ni la force du Mississipi. Tout cela nous tolère le plus souvent, mais parfois, comme aujourd’hui, il faut faire face à la colère du monde qui éructe. La nature n’en peut plus de notre présence, de sentir qu’on la perce, la fouille et la salit sans cesse. Elle se tord et se contracte avec rage. »

Lu dans le cadre du défi Lire sous la contrainte sur le thème de la météo et Petit bac dans la catégorie Titre en un seul mot

Les avis de mimi, Jostein, Hélène,

vendredi 27 février 2015

Fragiles - Philippe et Martine Delerm

Par Daphné:






















Auteur : Philippe Delerm
Illustrateur: Martine DelermTitre : Fragiles
Langue d'origine : français
Editeur : seuil
Nombre de pages: 65Date de parution : 2001

Résumé de l'éditeur:

Une petite fille découvre le monde des hommes. Par touches légères, elle dessine les mots et les choses de la vie avec tendresse. Qu’elle évoque le temps, le voyage, la liberté, la vérité ou la peur, son approche en pointillé offre un regard singulier sur le monde des humains. Les courts textes de Philippe Delerm, en écho aux aquarelles de Martine Delerm, proposent un voyage léger et grave, délicat et fraternel.

Mon avis:

Voici un livre que j'ai découvert il y a quelques années et vers lequel je reviens souvent. Un livre très court, composé de trente mots, trente citations et trente aquarelles. Trente mots, des mots de la vie, des mots de tous les jours, accompagnés de magnifiques illustrations et de petits textes emplis de sagesse, de beauté, de douceur. Un véritable bijou de délicatesse et de poésie, et ce autant dans le texte que dans les illustrations.

Que cela traite du rêve,de la naissance, du chagrin ou de la peur, les mots sont justes, les dessins plein de sensibilité.

Entre le mot, la citation et l'illustration, tout se coordonne à merveille. La citation parait faite pour le mot et dés lors que l'on entend ce mot, aucune citation ne semble désormais plus juste que celle là. Et aucune autre aquarelle ne saurait, semble t-il, mieux l'illustrer. 

Chaque page, chaque mot, chaque illustration est, au fond, une simple vérité. Une vérité qui nous donne à réfléchir sur le sens de la vie, sur la manière dont nous voyons les choses. 

Est ce un conte philosophique, un album d'aquarelles, un livre de poésie? Je ne saurais vraiment le dire mais ce dont je suis sûre, c'est que c'est un livre qui se lit avec le cœur, qui se dévore avec les yeux.  C'est beau, tout simplement, c'est doux, c'est poétique. Un grand coup de cœur.



Extrait:

" L'identité:

Je n'aime pas cette question que je me pose. Je voudrais aimer la réponse, seulement. Entre les miroirs, seuls les autres me voient. Alors, je fuis, je vis, je me sens libre, je m'oublie. Les autres me reconnaissent, et ne me connaissent pas. Je reviens au miroir. Je crois quelques fois me connaître - et je ne me reconnais pas."

Quelques illustrations: 





Réveillés les premiers - Komako Sakaï

Par Ariane
Auteur : Kokako Sakaï
Titre : Réveillés les premiers
Langue d'origine : japonais
Traducteur : Corinne Atlan
Editeur : L'école des loisirs
Date de parution : septembre 2013
A partir de 3 ans

Présentation de l'auteur :
Généralement le réveil sonne toujours trop tôt et sortir de son lit est une véritable épreuve pour tous. Mais aujourd’hui, pour Anna, c’est différent. Elle est réveillée et n’a plus sommeil. Il fait noir, mais elle n’a pas peur. Son chat Shiro n’a lui aussi plus envie de dormir et il l’accompagne. Ensemble, ils vont découvrir l’étrangeté d’une maison dans la pénombre, regarder la lune, explorer une ambiance entre chien et loup qui peut faire frissonner, mais où l’on semble aussi dominer un monde endormi. 

Mon avis :
La petite Anna se réveille très tôt ce matin-là, elle se lève discrètement et avec son chat profite d'un moment de tranquillité. Le texte est très sobre, paisible.
Dans ce livre j'ai avant tout été séduite par les magnifiques illustrations. Ces dessins sont très délicats, les couleurs choisies par Komako Sakaï évoquent pleinement la nuit, l'aube naissante, mais tout en douceur.
Ce livre m'a aussi été utile pour faire comprendre à mon réveil-matin de 3 ans que lorsqu'elle se réveille avant tout le monde elle n'est pas obligée de réveiller toute la famille !  

Aperçu :



L'appel du coucou

Par Ariane


Auteur : Robert Galbraith
Titre : L’appel du coucou
Genre : roman
Langue d’origine : anglais
Editeur : Grasset
Nombre de pages : 576p
Date de parution : novembre 2013

Présentation de l’éditeur :
Une nuit d’hiver, dans un quartier chic de Londres, le célèbre mannequin Lula Landry est trouvée morte, défenestrée. Suicide. Affaire classée. Jusqu’au jour où l’avocat John Bristow, frère de la victime, frappe à la porte du détective privé Cormoran Strike. Strike est au bout du rouleau : ex-lieutenant dans l’armée, il a perdu une jambe en Afghanistan, sa carrière de détective est au point mort et sa vie privée un naufrage. Aidé par une jeune recrue intérimaire virtuose de l’Internet, Strike est chargé d'enquêter sur la mort de Lula. De boîtes de nuit branchées en hôtels pour rock-stars assaillies par les paparazzis, en passant par un centre de désintoxication et le manoir où se meurt la mère adoptive de Lula, Strike va passer de l’autre côté du miroir glamour de la mode, dont les reflets chatoyants dissimulent un gouffre de secrets, de trahisons, de manœuvres inspirées par la vengeance. Avec son intrigue haletante et sa galerie de personnages plus vrais que nature, L’Appel du Coucou, premier volet des aventures du détective Strike, emprunte à la fois au classicisme d’un Chandler, d'une Agatha Christie ou d’une P.D. James. Un coup de maître.

Mon avis :
C’est un changement d’univers total pour J.K. Rowling après la saga Harry Potter.  Sous le pseudonyme de Robert Galbraith, elle signe ici un roman policier mettant en scène un ancien militaire, blessé en Afghanistan, reconverti en détective privé enquêtant sur la mort suspecte d’un célèbre top model.
Et elle s’en sort plutôt bien. J’ai apprécié les personnages, l’univers, l’intrigue.
J’ai particulièrement aimé suivre une véritable enquête mettant en œuvre les capacités de réflexion, d’analyse et d’observations du détective plutôt que d’en appeler aux multiples compétences d’une équipe d’experts en tout genre.
Mais je l’avoue, je n’ai pu m’empêcher de rechercher des ressemblances avec Harry Potter. Tout comme dans la série Harry Potter, le style de l’auteur est très imagé et dynamique. A la fois visuel et rythmique on se dit que ça ferait un très bon film. Un univers bien campé, tout comme les personnages. Mais si je n’avais pas su l’identité réelle de l’auteur je ne l’aurai pas devinée.
Un roman sympathique dont j’imagine lire la suite.

Extrait :
« Non, ce n’est pas une jeune femme en chair et en os que nous pleurons, car, pour la plupart d’entre nous, elle n’était pas plus réelle que le monde des grandes cocottes d’autrefois. Ce que nous pleurons est une image qui brillait en première page des magazines, une image qui faisait vendre des vêtements, des sacs et des parfums, et surtout une idée de la célébrité dont la fin de l’histoire a montré qu’elle était fugitive et creuse comme une bulle de savon. »

Lu dans le cadre des challenges 1 pavé par mois et petit bac catégorie animal

jeudi 26 février 2015

La pomme rouge - Kazuo Iwamura

Par Daphné


















Auteur :Kazuo Iwamura
Titre : La pomme rouge
Genre : album pour enfant
Langue d’origine : japonais
Traducteur: Florence Seyvos
Éditeur : l'école des loisirs
Date de parution : 2010

Résumé 

Natchan veut croquer sa belle pomme rouge tout en haut de la colline. Mais  la pomme lui échappe et dévale la pente. Impossible de la rattraper ! Heureusement, chacun à sa manière, des animaux vont l'aider à la récupérer, intacte. Et si on la partageait maintenant ?



Mon avis:


Voici un livre pour enfant que j'aime tout particulièrement.  Toute en poésie et en délicatesse, cette histoire est celle d'une petite fille, Natchan , qui veut aller manger une pomme en haut de la colline. Mais la pomme lui échappe des mains et dévale la colline. Aidée de plusieurs animaux rencontrés tout au long de la descente, elle tente de rattrapper la pomme.

L'histoire est simple, chaque page ne contient que très peu de texte. Tout est dans l'harmonie des mots "Et la pomme roule, roule...et Natchan roule roule..." et dans la beauté des illustrations. En effet, les illustrations sont particulièrement belles, tout en noir et blanc mis à part la pomme qui est d'un rouge éclatant, et, à la fin, le rouge du soleil couchant.

Un très joli livre qui parle d'entraide, d'amitié et de partage.

Extrait:

"Écureuil, s'il te plaît, arrête cette pomme rouge!

Attends nous, pomme rouge, attends nous!

Mais la pomme roule, roule...

Et l'écureuil roule, roule..."








La longue attente de l'ange - Melania G. Mazzucco

Par Ariane



Auteur : Melania G. Mazzucco

Titre : La longue attente de l’ange

Genre : roman

Langue d’origine : italien

Traducteur : Dominique Vittoz

Editeur : Flammarion

Nombre de pages : 445p

Date de parution : août 2013

Présentation de l’éditeur :

Venise à la fin du XVIe siècle. Le Tintoret, peintre volcanique, anticonformiste et plein d’ambition, s’est battu par tous les moyens pour asseoir sa réputation. A l’approche de la mort, il s’interroge sur son existence en tant qu’artiste et sa vie familiale mouvementée. Au cœur de ses pensées se trouve sa fille illégitime adorée, qui a appris la musique et la peinture à ses côtés : Marietta, l’incarnation de ses rêves et son œuvre la plus réussie. Dans une Sérénissime au décor singulier se nouent une foule d’histoires merveilleuses habitées par des personnages inoubliables, parmi lesquels se détache la figure solitaire et émouvante de Marietta.



Mon avis :

Un grand maître de la peinture italienne du XVIème siècle, Venise, l’amour d’un père pour sa fille, une figure féminine hors normes,… Voilà les ingrédients principaux de ce roman.

Dans les derniers jours de sa vie, Jacopo Robusti dit le Tintoret, se souvient de sa vie en s’adressant à Dieu. De son enfance et sa fascination pour les couleurs auprès de son père teinturier, de ses débuts dans la peinture, de son rejet par le Titien, de ses années de misère, de ses premiers succès, de sa célébrité, de son art,… Il évoque aussi sa soif de reconnaissance :

« Pourtant un artiste connaît le vrai succès quand le public l’appelle par son prénom. Cette familiarité n’est pas une marque d’intimité, mais au contraire de respect. On ne l’appelle pas par son prénom comme un frère ou un ami, parce qu’on a l’impression de le connaître, mais comme un roi. Les plus grands artistes n’ont pas besoin de nom de famille, encore moins de surnom. Je rêvais du jour où les gens diraient Jacomo comme ils disaient Raphaël, Titien, Michel-Ange. »

J’ai beaucoup aimé découvrir le contexte de création de ces œuvres, non seulement le contexte historique mais aussi dans la vie personnelle de l’artiste. Car à ces œuvres sont attachés des souvenirs, des moments clés de la vie familiale du Tintoret. J’ai trouvé particulièrement intéressant de resituer ces œuvres dans la vie d’un homme, voir justement l’homme derrière l’artiste.

Mais ce sont surtout ses relations avec ses enfants qui lui reviennent en mémoire. Le Tintoret eut huit enfants légitimes. Il se souvient de chacun d’eux, même si certains ne semblent pas compter énormément pour lui, notamment ses quatre filles.

Mais la figure la plus importante dans la vie du Tintoret est sa fille illégitime Marietta, née de sa relation avec une prostituée quelques années avant son mariage. Jacomo voue un amour sans limites à sa fille. Marietta servira de modèle pour plusieurs œuvres majeures de son père, notamment pour La présentation de la Vierge Marie au Temple qui se trouve à l'église de la Madonna dell'Orto :

Cette relation est fusionnelle, passionnelle, limite incestueuse. Les sentiments que le Tintoret éprouve pour sa fille ne sont pas seulement paternels et l’auteur emprunte régulièrement au vocabulaire amoureux. Je dois avouer que cela m’a un peu mise mal à l’aise. Pour elle il n’hésitera pas à braver les conventions. Il fera de sa petite fille son apprentie, la travestissant en garçon pendant son enfance et son adolescence, l’appelant alors Gabriel. Il lui donnera pinceaux et couleurs, lui apprendra à peindre et la laissera vivre comme aucune autre femme de Venise ne vit. Marietta aura droit à l’éducation et à une certaine liberté de mouvements et de paroles. Marietta, peintre et musicienne, est une figure féminine exceptionnelle. La Tintoretta, comme elle était surnommée, fut réputée pour ses portraits et invitée à la cour de Philippe II d'Espagne et de l'empereur Maximilien. Elle mourut à l'âge de 36 ans, et son père ne se remit jamais de la mort de la jeune femme. L'ange c'est elle, attendant que son père la rejoigne.

Nulle liberté pour les autres femmes de la famille du Tintoret. Les hommes décident de leur vie, de leur avenir, de leur destin. Les femmes n’ont aucun choix « Tu dois sois te marier sois prendre le voile. Si tu veux vivre en marge et t’amuser quelques années, être utilisée puis jetée comme une vieille chaussette, alors fais-toi putain. Il n’y a pas d’autre choix. »La jeune Faustina n’a qu’une douzaine d’années lorsqu’elle épouse le Tintoret qui a dépassé les trente-cinq ans. Le Tintoret décide que ses filles légitimes seront religieuses et peu lui importe que le seul rêve de sa fille Ottavia soit d’être une épouse et une mère. J’ai été particulièrement émue par la supplique de la jeune fille :  

« Je veux une famille à moi (…) Je veux être une bonne épouse et une mère attentionnée, je suis prête, chaque mois je suis prête, ma vie est gaspillée, père, je ne veux pas être peintre, je ne veux pas être chanteuse ni musicienne ni artiste de cour, je me moque de la gloire, je ne veux pas être célèbre – je ne suis qu’une femme, cela me suffit et c’est déjà beaucoup, je ne voudrais jamais autre chose, pourquoi m’en empêches-tu, pourquoi me prives-tu de mon seul rêve ? »
Mais finalement, pas vraiment de liberté pour les fils de l'artiste. Si les filles sont prisonnières de leur condition féminine, les fils sont prisonniers de l'ombre de leur père. Ils ne sont que les "fils de", condamnés à rester dans l'ombre. Si Dominico le bon fils accepte son destin et renonce à son rêve de poésie, Marco se rebelle et Giovanni cherche à s'émanciper. 

Venise est la toile de fond de cette fresque familiale, artistique et historique. L’auteur revient sur les grands événements contemporains du Tintoret : la peste, la guerre contre les Trucs, l’incendie du palais des doges,… Sur les pas du Tintoret nous explorons la ville et ses canaux, pénétrons dans les églises, les monastères et le palais des doges ; admirons les œuvres des plus grands peintres. L’auteur dépeint aussi bien la vie quotidienne que les fêtes, le petit peuple que les familles aristocratiques, la vie culturelle et les commerces,… Bref une représentation complète et vivante de Venise à cette époque.

En revanche, j’ai trouvé le style de l’auteur un peu lourd par moment. J’ai mis plus de temps que d’ordinaire à lire ce livre qui pourtant me passionnait. J’aime beaucoup sa façon de parler du Tintoret « un homme qui se salit les mains avec des couleurs, avec l’incandescente matière des rêves. »

Un roman à découvrir pour ceux qui aiment l’art et Venise.
Quelques œuvres du Tintoret 



et un auto-portrait de Marietta




Extrait :

« Les curieux se pressent chez les artistes. Ils essaient de découvrir leur secret. Ils regardent nos humbles instruments de travail – qui se résument au fond à de simples baguettes de bois, des étoffes rêches, des poils fournis par les naseaux, les oreilles et le cul d’animaux fort sales – et nous questionnent sur nos manies, nos rites : comme si, en nous imitant, ils pouvaient s’approprier aussi notre capacité de créer. »

Lu dans le cadre des challenges Voisins, voisines et Tour du monde en 8 ans pour l'Italie, Un pavé par mois et Petit bac dans la catégorie Taille