Par Ariane
Auteur :
Jean-Baptiste Del Amo
Titre :
Règne animal
Genre :
roman
Langue
d’origine : français
Editeur :
Gallimard
Nombre de
pages : 432p
Date de
parution : août 2016
Présentation de l’éditeur :
Règne animal retrace, du début à la fin du vingtième
siècle, l’histoire d’une exploitation familiale vouée à devenir un élevage
porcin. Dans cet environnement dominé par l’omniprésence des animaux, cinq
générations traversent le cataclysme d’une guerre, les désastres économiques et
le surgissement de la violence industrielle, reflet d’une violence ancestrale.
Seuls territoires d’enchantement, l'enfance – celle d’Éléonore, la matriarche,
celle de Jérôme, le dernier de la lignée – et l’incorruptible liberté des bêtes
parviendront-elles à former un rempart contre la folie des hommes?
Règne animal est un grand roman sur la dérive d’une humanité acharnée à
dominer la nature, et qui dans ce combat sans pitié révèle toute sa sauvagerie
– et toute sa misère.
Mon avis :
Il est des écritures lumineuses et poétiques qui
transportent le lecteur, des histoires magnifiques qui laissent sous le charme,
avec le souvenir élu de cette beauté. Rien de tout cela ici. Et pourtant. Que c’est
beau !
C’est une fresque familiale loin d’être romanesque que nous
raconte ce roman. L’histoire d’une famille de fermiers devenus au fil du temps
éleveurs porcins. Deux époques, 1898-1914 et 1981. Les premières parties se
concentrent sur l’enfance et la jeunesse d’Eléonore entre une mère taciturne et
un père malade, puis plusieurs décennies plus tard l’histoire est consacrée au
fils et aux petits-fils d’Eléonore.
Les personnages créés par Jean-Baptiste Del Amo sont
profondément beaux. Ce sont des paysans, bourrus, taiseux, travailleurs, qui
ont enfermé, caché au plus profond d’eux leurs pensées, leurs émotions et leurs
sentiments. L’auteur décortique ses personnages, explore leurs failles et nous
présente leur âme à nu, comme une pierre précieuse tirée de la boue, une rose
poussée sur le tas de fumier.
Ce n’est pas La petite
maison dans la prairie, la campagne ici n’a rien de bucolique. La vie est
monotone, rythmée par le cycle des saisons, le labeur harassant, la vie et la
mort des bêtes. On patauge dans la boue et les immondices, l’odeur est
insoutenable, le bruit des bêtes ne s’arrête jamais. C’est sale et ça pue. Certaines
scènes sont terribles, presque insoutenables. Qu’il s’agisse de la mise à mort
des bêtes ou des fausses-couches (j’ai d’ailleurs un doute, s’agit-il de
fausses couches ou d’infanticides ???) de la génitrice. C’est cru et
violent.
Règne animal, le
titre est bien trouvé. Dans cette promiscuité des hommes et des bêtes, l’animalité
prend le dessus sur l’humanité. L’homme exploite les bêtes et la terre, mais
est dépendant. Il n’est finalement qu’un esclave, une bête de somme qui cesse
de penser et accomplit machinalement ses taches. Tout autant qu’un cri vibrant
contre l’exploitation animale, c’est une critique acerbe d’une société
déshumanisée.
C’est un énorme coup de cœur pour l’histoire, les
personnages et l’écriture de l’auteur.
Extrait :
« Aucun d’eux ne peut traverser la vie sans y sacrifier un membre, un œil, un fils ou une
épouse, un morceau de chair, et Eléonore sent la peau épaisse et grise des cals
à ses genoux, ses coudes, frotter le tissu de sa robe et de son chemisier. Même
les enfants semblent ne rester des enfants que le temps d’un battement de
paupières. Ils viennent au monde comme le petit bétail, le temps de gratter un
peu la poussière à la recherche d’une maigre pitance, puis de crever dans une
triste solitude. Ils dansent au son du crincrin pour oublier qu’ils sont déjà
morts avant même de naître, et l’alcool, la musique et la sarabande les
plongent dans une douce transe, l’impression de la vie. »
Il fait partie des livres que j'ai reçu à Noël. J'ai vraiment hâte de le lire.
RépondreSupprimerFonce !
SupprimerAriane
Hum, belle écriture, oui, mais j'ai eu du mal... L'auteur a quand même chargé la barque campagnarde, rien ne nous est épargné.
RépondreSupprimerC'est très cru et violent, mais tellement beau !
SupprimerAriane
Ah toujours ravie de lire un nouveau coup de coeur pour ce livre qui reste l'un de ceux qui m'auront vraiment marquée, séduite et bousculée cette année !
RépondreSupprimerMarquée, séduite et bousculée, c'est exactement ça.
SupprimerAriane
Pourquoi pas, mais j'attendrai le poche.
RépondreSupprimerUn peu de patience alors.
SupprimerAriane
ce livre me tente mais j'ai lu des billets très différents à son sujet : j'ai l'impression que soit on adore (comme toi), soit on déteste!
RépondreSupprimerIl ne peut laisser indifférent en tout cas.
SupprimerAriane
Entièrement d'accord !! Je n'en ai pas fait un coup de coeur, mais j'ai craqué pour ce livre, que je trouve magnifiquement réussi. On a souvent des avis communs quand même ;-)
RépondreSupprimerC'est vrai :-)
SupprimerAriane