Auteur : Pamela Druckerman
Titre : Bébé made in FranceGenre : essai
Langue d’origine : anglais
Traducteur : Valérie Latour Burney
Editeur : FlammarionNombre de pages : 343
Date de parution : 2012
Résumé de l'éditeur :
« Ce n’est pas parce qu’un sujet est traité avec humour qu’il n’est pas sérieux. Le propos de Pamela Druckerman est on ne peut plus important, puisqu’il traite de façon très particulière de la maternité et de l’éducation “à la française”. Nous pensons tout savoir sur ces sujets et nous découvrons en la lisant que nos évidences ne sont pas les siennes, que nos priorités et nos façons de faire et de dire sont loin d’être identiques à celles qu’elle connaît aux États-Unis. Au-delà de la mère et de son enfant, ce sont certaines caractéristiques de notre société qu’elle met en lumière et dont nous n’avons pas totalement conscience. Rien de plus passionnant que cette découverte de nous-mêmes et de ce qui nous distingue de nos sœurs d’outre-Atlantique. » Élisabeth Badinter « Fascinant, drôle, ce livre est un correctif des idées reçues sur l’éducation des enfants. »
Mon avis :
Ayant un faible pour les livres comparant les manières de considérer la maternité et l'enfance dans les différents pays, cela faisait un moment que j'avais repéré ce livre. Je m'attendais plus ou moins à un livre ressemblant à Comment les eskimos gardent leurs bébés au chaud, c'est à dire à un sujet traité certes de manière humoristique mais qui m'apprendrait cependant beaucoup de choses. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce livre m'a laissé une impression très étrange.
On découvre là une mère américaine résidant à Paris qui observe et analyse la manière dont les mères françaises agissent avec leurs enfants et établis un comparatif entre l'éducation "à la française" et "à l'américaine". Elle trouve visiblement de nombreux avantages à cette éducation dite française, essayant alors de l'appliquer sur ses propres enfants et d'en faire une certaine éloge à travers ce livre.
Ainsi, il semblerait que la mère française soit particulièrement élégante, prennent soin d'elles, aient des enfants qui dorment bien, mangent de tout et savent attendre en toutes circonstances, vivent une grossesse et un accouchement très médicalisés ce qui leur convient tout à fait, ne font pas particulièrement attention à ce qu'elles mangent durant la grossesse, accordent beaucoup d'importance à la séparation entre elles et leurs bébés, n'allaitent généralement pas ou très peu et font preuve d'une autorité naturelle qui réussit très bien à leurs enfants.
Si je regarde un peu autour de moi, je constate qu'en effet, certains de ces points sont plutôt vrais mais en tant que maman, je me demande alors vraiment de quelle planète je viens avec mes jeans et mes baskets, mon refus de la péridurale, mes allaitements "longs", les nuits agitées de ma deuxième fille, mes enfants sortis parfois hurlantes d'un terrain de jeux ou prenant leur chaise au restaurant pour un trampoline, mon éviction systématique de tout aliment "interdit" durant la grossesse et j'en passe... Visiblement, je suis loin de la mère typique française!
Certaines choses m'ont donc particulièrement interpellée et je me suis sentie assez mal à l'aise devant la "méthode" dont nous parle l'auteur à propos du sommeil du bébé, méthode qu'elle semble trouver formidable mais qui me fait quelque peu grimacer.
Le chapitre "Bébé au sein" m'a lui aussi fait sursauter, l'auteur laissant sous-entendre que les mères américaines en font trop vis à vis de l'allaitement considéré comme très important et qu'après tout, les enfants français étant globalement en meilleure santé que les enfants américains (lesquels sont davantage allaités), l'allaitement n'aurait donc pas une si grande importance que cela. Pour ma part, je crois franchement que si les enfants américains sont en moins bonne santé que les enfants français, c'est tout simplement en grande partie à cause de l'alimentation qu'ils ont dés qu'ils mangent "solide"...
L'auteur dit avoir été très stressée par l'idée que l'on puisse donner contre son gré un biberon à son bébé dans les maternités. Elle dit ensuite avoir dépassé cette peur et accepté de confier son bébé à la pouponnière afin de ne pas s'infliger cette "souffrance et et ce sacrifice personnel qui lui semblent de l'ordre des choses". Est-ce vraiment une souffrance voire une "torture" comme elle le dit plus loin de garder son bébé avec soi à la maternité? C'est une réalité dans les maternités françaises : l'allaitement est souvent "tué dans l’œuf" à cause de cette histoire de biberon donné à l'insu ou contre la volonté des mamans. Le fait de minimiser cela comme le fait l'auteur m'a donc plutôt ennuyée. Il est fort dommage qu'elle conclue le passage consacré à allaitement par "Le lait industriel est sans doute moins bon pour les bébés mais, grâce à lui, les mamans françaises passent sans doute des meilleurs mois bien plus détendus avec leur enfant". Voilà une conclusion qui ne va guère faire remonter la cote d'un allaitement déjà bien en berne en France...Cela dit, avant même de lire ce chapitre, je me doutais qu'il ne me plairait pas et ceci dés que j'ai vu que la préface avait été écrite par Elisabeth Badinter, auteur dont les propos sur l'allaitement me font bondir!
Au fil des chapitres, nous découvrons que l'auteur trouve beaucoup de choses extrêmement positives dans l'éducation française qu’elle tente alors souvent d'impliquer à ses propres enfants. Si comme je l'ai dit plus haut, je n'adhère pas forcément à ce qui semble tant lui plaire en France, certains points de comparaison entre la France et l'Amérique m'ont laissée sans voix et franchement inquiété pour les petits américains. Pourtant, loin de moi l'envie de juger les parents américains, au départ, en ouvrant ce livre, je voulait juste en apprendre davantage sur les différences culturelles de la maternité. Mais comment ne pas rester perplexe devant l'auteur s'étonnant du fait que les petits français ne mangent pas des bonbons aux fruits mais de vrais fruits ? Si je connais bien sûr les problèmes de l’alimentation aux Etats-Unis, c'est à la lecture de ce livre que j'en ai véritablement pris conscience.
Il semble exister tout un monde entre la manière de voir l'enfant aux Etats-Unis et en France. Si l'auteur semble valoriser l' "éducation à la française", je ne me suis pas toujours retrouvée dans la description de celle-ci, ayant un peu l'impression d’être une extra-terrestre dans la vision française de l'éducation. Ce que l'on valorise en France n'est pas forcément ce en quoi je crois...Et si certaines choses m'ont paru très étranges dans la manière dont nous est décrite " l'éducation à l'américaine", j'y ai également trouvé des points plutôt positifs, notamment à propos de l'épanouissement et l'estime de soi de l'enfant.
Je ne pensais pas que la lecture de ce livre soulèverait chez moi autant de questions et c'est avec une impression plutôt étrange que je l'ai refermé...
Extrait :
"Jamais l'on ne m'avait dit que l'éducation était un des fleurons de la culture française, comme la mode ou le fromage. Personne ne visite Paris pour s'imprégner de la position française sur l'autorité parentale et la gestion de la culpabilité. Bien au contraire : les mères américaines que je connais à Paris sont horrifiées par ces Françaises qui allaitent si peu et qui laissent leurs petits de trois ans se promener avec une tétine à la bouche.
Alors comment se fait-il que personne ne parle de tous ces bébés français qui font leur nuit à deux ou trois mois ? Et pourquoi ne dit-on pas que les enfants français n'ont pas besoin d'être l'objet de l'attention constante des adultes et qu'ils sont apparemment capables d'entendre le mot "non" sans faire une crise de larmes ?
Cela ne fait la une d'aucun journal. Pourtant, il me semble de plus en plus évident que les parents français parviennent en douceur à des résultats qui créent une atmosphère familiale radicalement différente."
Sans doute ce livre est-il plutôt écrit pour les américaines? A priori l'allaitement maternel est le meilleur, non? (si on n'a pas d'empêchement physique?)
RépondreSupprimerAutre question : l'auteur a-t-elle vu les choses aussi hors Paris?
Il est peut-être surtout écrit à destination des américaines mais il a fait un carton en France. Oui, a priori l’allaitement maternel est le meilleur. Je ne juge pas du tout les mères qui n'allaitent pas mais je trouve dommage de sous entendre qu'il ne serait pas si essentiel que cela. L'auteur dit avoir surtout observé des mères parisiennes mais elle dit dans son livre en avoir observé d'autres quand même. si tu as l'occasion ou l'envie de lire ce livre, j'aimerais bien lire ton avis !
SupprimerDaphné
hallucinant! Une maman a pris ce livre pour exemple et a écrit qu'il faut observer son enfant. Eh bien elle a observé son bébé de 1 mois seulement et a conclu qu'il a assez mangé (tété) la journée donc elle lui a interdit de tétér la nuit. Elle ajoutait même "attentions de faire tétér ton enfant la nuit, il n'apprendra jamais à dormir toute la nuit". C'est dangereux. Car l'allaitement n'est pas que de la nourriture et cette vision est basée sur les besoins des parents et non des enfants car plein d'études scientifiques montrent que l'allaitement nocturne apporte beaucoup. je suis fachée que des mamans recommandent cela aux autres mamans sur les réseaux sociaux. Et puis j'ai discuté avec cette maman, et il paraît qu'elle n'arrive plus à faire tétér son bébé au sein, qu'elle est obligée de tirer son lait. Et elle sdemande pourquoi. elle a foiré son allaitement tout simplement en donnant uné tétine qu'elle trouve indispensable et en refusant les tétees nocturnes. BEURK ce livre ne rentrera jamais chez moi (je ne suis pas française mais je vis en france et ce livre est d'ue arrogance. les enfants français jettent aussi la nourriture. Point)
RépondreSupprimerMalheureusement, ce genre de choses (refuser la tétée à son bébé sous prétexte qu'il a déjà pris assez ou que ça lui donne des "mauvaises habitudes" est assez courant. Et évidement, ce n'est pas avec ce genre de lecture que cela s'arrange. Ces passages concernant l'allaitement m'avais vraiment mis mal à l'aise lors de la lecture de ce livre et en tant que maman allaitante, la vision de l'allaitement en France me questionne beaucoup...
SupprimerDaphné