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mardi 30 novembre 2021

Bilan de novembre (Ariane)

Par Ariane


Voici déjà revenu le moment de faire le point sur mes lectures du mois qui m'ont offert de beaux moments ! 

J'ai continué mon exploration de la rentrée littéraire avec de très beaux romans. 

Pleine terre de Corinne Royer nous entraîne dans le quotidien difficile des agriculteurs. Direction les montagnes chères à Paolo Cognetti dans La félicité du loup. Je découvre Lilia Hassaine avec une histoire familiale douloureuse dans Soleil amer. Et enfin Crions, c'est le jour du fracas de Héloïse Guay de Bellissen.

Si on ne me l'avait pas conseillé et prêté, je n'aurais jamais lu Les lettres d'Esther de Cécile Pivot et ça aurait été bien dommage.

Axel Sénéquier, dont j'ai beaucoup aimé les nouvelles, m'a fait le plaisir de me faire découvrir Qui a tué Cloves ?, récit d'une découverte médicale exceptionnelle. 

La lecture de Eltonsbrody de Edgar Mittelholzer m'a déconcertée, mais rien de comparable avec Les métamorphoses de Camille Brunel. 

Enfin, avec mes filles nous avons enfin terminé la lecture de Harry Potter et la coupe de feu nous avons déjà entamé la suite ! 


 


 

 


Je n'hésite pas à abandonner un livre quand je n'accroche pas et c'est donc sans scrupules que j'ai laissé tomber On ne parle plus d'amour de Stéphane Hoffmann. Il m'avait pourtant été recommandé par plusieurs personnes mais ce n'est pas du tout mon univers...


En ce moment je lis 


Avec les fêtes et les vacances, mon programme de lecture va être léger. Mais voici ceux qui m'attendent sur mes étagères :


Et vous qu'avez-vous lu et qu'allez-vous lire ?

 

vendredi 26 novembre 2021

Entre toutes les mères - Ashley Audrain

 Par Daphné









Auteur : Ashley Audrain

Titre : Entre toutes les mères

Genre : roman

Langue d’origine : anglais (Canada)

Traductrice : Julia Kerninion

Nombre de pages : 400

Date de parution : 2021

Editeur : JC Lattès

Résumé de l'éditeur :

Blythe Connor n’a qu’une seule idée en tête : ne pas reproduire ce qu’elle a vécu. Lorsque sa fille, Violet, naît, elle sait qu’elle lui donnera tout l’amour qu’elle mérite. Tout l’amour dont sa propre mère l’a privée. Mais les nouveau-nés ne se révèlent pas forcément être le fantasme qu’on s’est imaginé. Violet est un bébé agité, qui ne sourit jamais. Très vite, Blythe se demande ce qui ne va pas. Ce qu’elle fait mal. Si le problème, c’est sa fille. Ou elle.
Puisque Violet se comporte différemment avec son père, ce dernier met les doutes de sa femme sur le compte de l’épuisement. Sûrement parce qu’il ne peut imaginer ce qu’elle a vécu enfant. Peut-être parce que personne ne peut l’imaginer.
Dans ce premier roman aussi addictif que troublant, Ashley Audrain sonde les affres de la maternité et les hérédités blessées.

Mon avis :

Je ne m'attendais pas, mais alors pas du tout, à ce genre de lecture quand j'ai ouvert ce livre. Et si je m'y étais attendue, je ne l'aurais sans doute jamais lu. Non qu'il ne m'ai pas plu. Au contraire, il est remarquablement bien écrit et je l'ai dévoré d'une traite. Mais... que c'est dur! Je pensais au départ lire l'histoire d'une jeune mère en dépression post partum et sur la part de transgénérationnel qu'il existe dans la maternité, à savoir si l'on reproduit forcément ce qu'ont vécus nos mères quand on le devient à son tour. La question du transgénérationnel se pose effectivement dans cette histoire... mais ce livre va bien plus loin que ça.

Blythe pensait être une bonne mère, bien meilleure que ne l'a été sa mère et sa grand-mère avant elle. Pourtant, à la naissance de sa fille Violet, elle se rend compte qu'elle est bien loin de ce qu'elle imaginait. Alors que son mari, Fox, vit avec Violet une relation fusionnelle, Blythe, elle, a du mal à créer un lien avec sa fille. Elle ne sent pas mère et a l'impression que Violet la rejette, impression qui s'amplifiera au fil du temps. Ce n'est pas seulement de la relation mère/fille que nous parle l'autrice mais d'un véritable combat. Un combat entre une mère et sa fille, et ce dés les premiers instants. 

Je ne veux pas trop en dire sur le contenu de l'histoire mais il est tout simplement glaçant. Dérangeant. Cauchemardesque. Ce n'est pas seulement une question de lien mais de haine, de désarroi, de culpabilité, de souffrance. On bascule peu à peu dans la noirceur, la cruauté, la manipulation. L'enfance n'a plus rien d'innocent, l'amour maternel plus rien d'inconditionnel. On se demande qui de l'enfant ou de la mère est le plus monstrueux, on frémit devant cette histoire si complexe, si rude, si angoissante aussi.  Si le livre se lit facilement au niveau de l'écriture, il est très dur au niveau psychologique : âme sensible, s'abstenir...

Extrait :

"Tu allais être un père merveilleux. Et moi, je serais la merveilleuse mère de ton enfant.
Rétrospectivement, je suis fascinée par ma confiance d’alors. Je n’avais plus l’impression d’être la fille de ma mère. Seulement celle d’être ta femme. Il y avait des années que je faisais semblant d’être parfaite, parfaite pour toi. Je voulais te rendre heureux. Je voulais être n’importe qui d’autre que la mère qui m’avait portée. Et donc je voulais un bébé, aussi."

Pleine terre - Corinne Royer

Par Ariane

Auteur : Corinne Royer

Titre : Pleine terre

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : Actes sud

Nombre de pages : 336p

Date de parution : août 2021

 

Mon avis :

S’inspirant d’un fait divers, Corinne Royer nous raconte l’histoire d’un paysan étranglé par un système qui n’en finit plus de se mordre de la queue…

Jacques Bonhomme est paysan, comme son père avant lui, et son grand-père avant lui et tous ses ancêtres. La ferme des Combettes et son troupeau de vaches laitières se transmet de générations en générations. Jacques Bonhomme est fier de ce qu’il fait, il aime ses bêtes, le travail de la terre et milite pour une agriculture à échelle humaine. Mais il n’en peut plus des bureaucrates qui exigent toujours plus de procédures et de paperasses. Il sombre, dans la colère et l’abattement, jusqu’à l’humiliation ultime de se voir traité comme un criminel lors d’un énième contrôle administratif. Alors Jacques Bonhomme s’enfuit, débute alors une cavale qui durera neuf jours.

Pendant les neuf jours de sa cavale, nous sommes aux côtés de Jacques réfugié en pleine nature, les souvenirs remontent, ceux de la jeunesse enthousiaste et ceux des dernières années de tourmente. Jacques Bonhomme, le colosse, a été brisé par une administration qui ne connaît pas le travail de la terre et ne pense qu’en terme de chiffres, une administration qui pousse les agriculteurs à la surproduction, à l’élevage intensif qui fait souffrir les hommes, les bêtes et la terre, pour répondre aux besoins toujours croissants des consommateurs, une administration qui impose des démarches administratives de plus en plus lourdes et complexes et totalement incompatibles avec la réalité du quotidien des agriculteurs. Une administration déshumanisée qui broie les hommes autant que les bêtes, les uns réduits au statut d’esclaves, les autres à celui de produit de consommation. Alors la souffrance… Celle des hommes comme celle des bêtes.

C’est un roman coup de poing autant que coup de gueule, un cri de colère pour un monde à l’agonie. Et quel monde après cela ?

 

mardi 23 novembre 2021

Les lettres d'Esther - Cécile Pivot

Par Ariane

Auteur : Cécile Pivot

Titre : Les lettres d’Esther

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : Calmann-Lévy

Nombre de pages : 320p

Date de parution : septembre 2020

 

Mon avis :

Les rencontres de lecteurs organisées par la librairie Mots et Cie ont été suspendues pendant un bon moment à cause de l’épidémie de coronavirus et c’est avec plaisir que j’ai retrouvé les autres lecteurs il y a quelques semaines. Parler littérature avec d’autres passionnés en dégustant une bonne tasse de thé, quel plaisir ! L’occasion aussi d’échanger sur nos lectures et de découvrir de nouveaux livres, comme ce roman de Cécile Pivot qui m’a été recommandé et prêté par Catherine. Merci !

Esther est libraire dans le nord de la France. Alors qu’elle vient de perdre son père, avec qui elle entretenait une correspondance régulière, elle a l’étrange idée de lancer un atelier d’écriture épistolaire. Une vingtaine de personnes répondent à son annonce, mais seules cinq d’entre elles décident effectivement de se lancer dans l’aventure : Jeanne, jeune retraitée qui vit seule à la campagne et qui souffre de la solitude, Samuel, tout juste sorti de l’adolescence et qui ne parvient pas à trouver sa place après la mort de son grand frère, Juliette qui a sombré dans une grave dépression du post-partum après la naissance de sa fille, son mari Nicolas bouleversé de voir la femme qu’il aime souffrir et effrayé pour l’avenir de sa famille et Jean un homme d’affaires toujours entre deux avions qui mène une brillante carrière mais n’a pas su garder sa famille auprès de lui. Tous traversent une période de bouleversement émotionnel et sont à la recherche de réponses, qu’ils trouveront peut-être dans les lettres d’inconnus.

S’il n’est pas évident d’écrire à un inconnu, les personnages de ce roman parviennent peu à peu à se livrer sans fards. Leurs lettres sont un lieu de rencontre, entre deux personnes a priori sans point commun. Que pourraient avoir à se dire une prof de piano retraitée et un jeune homme en rupture ? Une libraire de province et un riche homme d’affaires ? Pourtant ensemble, ils vont évoquer leurs souffrances, leurs espoirs, leurs peurs, leurs joies et leurs doutes.

A travers les voix de ces personnages, Cécile Pivot nous parle des problèmes et des interrogations que chacun d’entre nous rencontre au quotidien : la famille, la parentalité, le deuil, la carrière, l’écologie, l’argent, … Et il est véritablement question de voix, car lire leurs mots, c’est entendre leurs voix et s’attacher à eux. C’est parfois se reconnaitre et se livrer à une introspection en même temps que les personnages du roman.

C’est un livre qui fait du bien, car non seulement il traite de thèmes qui nous sont proches, mais surtout car il y a beaucoup d’humanité, de douceur, de bienveillance dans cette histoire. Et on a beau dire, ça fait du bien ! Pourtant je n’accroche pas du tout avec tous ces romans feel good, qui me semblent la plupart du temps bien mièvres et superficiels. Point de mièvrerie ou de superficialité ici, même s’il y a beaucoup de bons sentiments. Et après tout, ce n’est pas une mauvaise chose que d’avoir de bons sentiments ? Que de se sentir bien après une lecture ?

J’aime beaucoup lire des lettres, des cartes, tous ces petits mots que l’on échange avec ceux qui nous sont chers. Ou plutôt que l’on échangeait… la plupart de nos échanges écrits avec nos proches ne se font plus que sous forme de SMS. Ecrit-on encore des lettres ? Peu il me semble. Alors, en terminant ma lecture, j’ai commencé une lettre pour mon amie d’enfance. Nous nous sommes tant écrit lorsque nous étions au collège et au lycée ! Les petits mots glissés dans la trousse, les longues lettres pendant les vacances, … Et si trente après nous sommes toujours aussi proches, nous parlons régulièrement au téléphone pendant des heures, nous envoyons souvent des messages, mais nous ne nous écrivons plus. Quel dommage ! Alors voilà, des années après, j’ai écrit une nouvelle lettre. Une part de moi pour elle qui me connaît si bien… Me répondra-t-elle ?