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mardi 24 mai 2022

Furies - Julie Ruocco

Par Ariane


Auteur : Julie Ruocco

Titre : Furies

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : Actes Sud

Nombre de pages :288p

Date de parution : août 2021

 

Mon avis :

Cette sélection des 68 premières fois me bouscule. Il y a le livre que j’avais hâte de lire et qui n’aura en fait suscité que peu d’intérêt (j’en parlerai la prochaine fois) et celui que je n’avais pas du tout envie de lire et qu’en fait j’ai beaucoup aimé !

Bérénice est archéologue. Mais après la mort de son père, révoltée par la destruction des Bouddhas de Bamiyan par les talibans, la jeune femme a délaissé les chantiers de fouille pour le trafic d’antiquités. Alors qu’elle reçoit un paquet contenant des bijoux antiques extraits de la cité de Palmyre, une voiture piégée explose. Elle s’en sort sans dommages, mais doit quitter le pays au plus vite avec son butin. D’autant plus, qu’une femme dans un camp de prisonniers lui a confié une petite fille. Bien décidée à sauver la fillette, Bérénice fait la rencontre d’Assim, un pompier syrien qui a aussi été contraint de fuir son pays.

Julie Ruocco nous raconte l’histoire de trois personnages liés par le destin. Bérénice et Assim sont imparfaits, tellement humains. Et cette petite fille qui ne parle pas et dont on ne connait pas le nom. Muette et anonyme comme les milliers d’enfants, de femmes et d’hommes assassinés par le régime syrien.

Mais c’est aussi l’histoire d’un peuple, d’une terre, en grande souffrance. Lors du printemps arabe, les Syriens se révoltent. La répression a été brutale et le pays bascule dans la guerre civile. Les passages consacrés à Assim, les scènes auxquelles il a assisté ou juste ce qu’il nous laisse comprendre, sont absolument terribles. Il m’a parfois fallu faire des pauses tant l’émotion était forte. Colère, peur, tristesse, révolte, … Et honte. Honte, face à l’inaction de la communauté internationale. J’ai lu ce roman peu après le début de la guerre en Ukraine, alors forcément, les émotions étaient exacerbées. La honte et la colère aussi. La solidarité s’est organisée pour aider autant que possible les Ukrainiens, pourquoi tant d’indifférence face aux souffrances identiques que connaissent les Syriens ?

Et il y a les furies… ces femmes qui ont pris les armes, qui se battent pour la liberté, pour leur peuple, pour l’avenir. Je ne suis qu’admiration devant leur force et leur courage.

On est d’accord, avec un tel sujet, ce n’est pas une lecture facile. C’est un livre qui bouscule, qui dérange, qui fait mal, qui prend aux tripes. Et pourtant il est beau et nécessaire. Depuis que je l’ai lu, je l’ai conseillé à une dizaine de personnes et en y repensant, l’émotion est toujours aussi intense. Incroyable quand même ce que certains écrivains arrivent à faire avec des mots…  

 

Extraits :

« Il se souvenait. Partout ça avait été une grande clameur. Une énergie foudroyante et contagieuse à la fois s'était emparée de tout le pays. Comme un feu qui prend dans une forêt que l'on a asséchée trop longtemps. Toutes les consciences s'étaient réveillées n même temps. Femmes et hommes avaient relevé la tête au son de la même musique. Un rythme imperceptible d'abord, comme un froissement d'ailes, un murmure d'enfant perdu dans la foule. Et puis, ça avait enflé comme une vague, claqué dans l'air comme un tambour. Pour la première fois, ils avaient osé se regarder et ils étaient sorties pour laver une vie d'injures et de crachats »

« De plus en plus souvent, la colère prenait le pas sur le désespoir. Comment un pays pouvait-il se transformer en charnier dans l’indifférence des nations ? La révolution n’avait-elle pas eu lieu ? Ne s’étaient-ils pas révélés dans toute leur force, dans tout leur courage ? Ils avaient appelé le monde et le monde n’avait pas répondu. »

« Sans justice et sans mémoire, nous nous condamnons éternellement à être tour à tour victime puis bourreau. »

« Nos camarades seront plus patients que les bourreaux et plus rapides que leur lame. Nous y arriverons, tu m’entends ? Parce que notre courage n’est pas celui des vainqueurs, il est celui des renaissances. »

6 commentaires:

  1. Ma libraire me l'avait déconseillé car un peu trop américain à son goût. Il faudra que je tente, comme tu l'as aimé.

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    1. Americain? Je ne comprend pas trop là... Elle t'a expliqué pourquoi elle le trouvait américain ?

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  2. Je vérifie, mon commentaire n'est pas passé (ça moulinait, je me méfiais)
    Bref, ce roman vient d'avoir le prix (blésois) Roblès. Un prix de lecteurs.

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  3. Je ne connaissais pas du tout mais ton engouement donne envie !

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