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vendredi 12 décembre 2014

Entre ciel et terre - Jon Kalman Stefansson

Par Ariane

Auteur : Jon Kalman Stefansson
Titre : Entre ciel et terre
Genre : roman
Langue d’origine : islandais
Traducteur : Eric Boury
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 238p
Date de parution : avril 2008

Présentation de l’éditeur : 
" Certains mots sont probablement aptes à changer le monde, ils ont le pouvoir de nous consoler et de sécher nos larmes. Certains mots sont des balles de fusil, d'autres des notes de violon. Certains sont capables de faire fondre la glace qui nous enserre le cœur et il est même possible de les dépêcher comme des cohortes de sauveteurs quand les jours sont contraires et que nous ne sommes peut-être ni vivants ni morts ".
Parfois les mots font que l'on meurt de froid. Cela arrive à Bàrôur, pêcheur à la morue parti en mer sans sa vareuse. Trop occupé à retenir les vers du Paradis perdu du grand poète anglais Milton, il n'a pensé ni aux préparatifs de son équipage ni à se protéger du mauvais temps. Quand, de retour sur la terre ferme, ses camarades sortent du bateau son cadavre gelé, son meilleur ami, qui n'est pas parvenu à le sauver, entame un périlleux voyage à travers l'île pour rendre à son propriétaire, un vieux capitaine devenu aveugle, ce livre dans lequel Bàrôur s'était fatalement plongé, et pour savoir s'il a encore la force et l'envie de continuer à vivre.
Par la grâce d'une narration où chaque mot est à sa place, nous accompagnons dans son voyage initiatique un jeune pêcheur islandais qui pleure son meilleur ami : sa douleur devient la nôtre, puis son espoir aussi. Entre ciel et terre, d'une force hypnotique, nous offre une de ces lectures trop rares dont on ne sort pas indemne. Une révélation...

Mon avis : 
Étrangement je trouve parfois plus difficile de parler de mes plus belles lectures que des autres. Certaines lectures sont si magnifiques et nous donnent tant qu’il est difficile de trouver les mots pour en parler.
Même si j’avais lu de nombreuses critiques élogieuses de ce roman je craignais un peu une lecture âpre et plate. Bien au contraire, la plume de Jon Kalman est riche et séduisante. Le rythme en est très particulier avec ces phrases très (très) longues. Mais cette longueur donne justement un rythme très particulier et envoûtant. Le style est très original et cette originalité, bien qu’un peu déconcertante au départ, est finalement très poétique.
Les personnages sont magnifiques : Bardur (ou Barour l'écriture diffère selon les sources, dans le livre ce prénom est écrit à l'islandaise mais je ne possède pas de clavier adapté) ce pêcheur à l’esprit si plein de poésie qu’il en oublie sa vareuse, seul rempart contre le froid mordant ; Pétur le capitaine du bateau(la scène magnifique de cet homme chantant dans le silence de la mer, un chant puissant à la « force immémoriale »), Andrea figure maternelle pour « ses »hommes mais qui n’en reste pas moins femme, Geirprudur en bute aux préjugés de ses voisins mais qui n’en a que faire,… Et j’en oublie. Des hommes et des femmes aussi rudes que la terre d’Islande. Mais qui, comme elle, cachent des beautés insoupçonnées.
L’Islande d’ailleurs est magnifique sous la plume de Jon Kalman Stefanson. La nature y est sauvage et magnifique, froide et superbe. Les personnages sont ici à la merci de la nature. La mer, la montagne et la neige tiennent les rênes du destin des hommes.
J’aime beaucoup le titre « entre ciel et terre » qui sans la nommer rend hommage à la mer, qui n’est plus la terre mais qui n’est pas non plus le ciel. Sur la mer, les hommes sont dans un autre monde, entre ciel et terre.
La vie, la mort, la quête de soi,… ce sont des thèmes que l’on retrouve très fréquemment en littérature mais que Jon Kalman Stefansson aborde avec beaucoup de justesse.
C’est beau.
Un énorme coup de cœur, une lecture qui me hantera longtemps et que je pense conseiller à de nombreuses personnes. Je vais m’empresser d’emprunter à ma bibliothèque préférée un autre roman de cet auteur.

Extrait :
« Il est peu de choses aussi belles que la mer par une magnifique journée ou par une nuit limpide, quand elle rêve et que le clair de lune est la somme de ses rêves. Pourtant, la mer n’a nulle beauté et nous la haïssons plus que tout quand elle élève ses vagues à des dizaines de mètres au-dessus de la barque, au moment où la déferlante la submerge et nous noie comme de misérables chiots, peu importe à quel point nous agitons nos bras, implorons Dieu et Jésus-Christ, elle nous noie comme de misérables chiots. Et là, tous sont égaux. Les crapules et les justes, les colosses et les mauviettes, les bienheureux et les affligés. On entend quelques cris, quelques mains s’agitent désespérément, puis c’est comme si nous n’avions jamais existé, le corps sans vie coule, le sang se refroidit à l’intérieur, les souvenirs s’effacent, des poissons viennent se coller à ces lèvres qui, embrassées hier, prononçaient les paroles essentielles ; ils effleurent ces épaules qui portaient le benjamin et les yeux ne contemplent plus rien, posés au fond de l’eau. La mer est d’un bleu froid et jamais calme, un monstre gigantesque qui inspire, nous porte la plupart du temps, mais parfois se dérobe et alors, nous sombrons : l’histoire de l’homme n’est pas si complexe que cela. »

Lu dans le cadre du challenge Le tour du monde en 8 ans
L'avis de Jostein, Papillon,

2 commentaires:

  1. Cette histoire islandaise me fait penser à La légende de Loosewood Island, je ne sais pas si c'est pareil, mais je note ce coup de coeur !

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    Réponses
    1. J'avais repéré La légende de Loosewood Island sur ton blog mais je n'ai pas encore eu l'occasion de le lire.
      En tout cas j'espère que celui-ci te plaira.
      Ariane

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