Titre : Le jeu des ombres
Genre : roman
Langue d’origine : anglais (américain)
Traducteur : Isabelle Reinharez
Editeur : albin Michel
Nombre de pages : 272
Présentation de l'éditeur:
Rythmé à la manière d’un thriller sombre et tragique, le Jeu des ombres est un huis-clos hypnotique, sans doute le livre le plus personnel de Louise Erdrich. Portrait d’un mariage et d’une famille sur le point de voler en éclat, d’un homme et d’une femme en proie à la violence d’un face-à-face, c’est aussi une réflexion sur les cicatrices qu’une histoire collective douloureuse peut laisser sur les individus.
Gil est un peintre reconnu qui doit son succès à Irene, sa femme, un écrivain qui a longtemps été son modèle. Quand elle découvre que son mari lit son journal intime, Irene décide d’en rédiger un autre, qu’elle met cette fois-ci en lieu sûr. Elle y livrera sa vérité, se servant du premier comme d’une arme pour manipuler son unique lecteur. Une guerre psychologique commence, qui va révéler le côté obscur de chacun des personnages. En faisant alterner les journaux d’Irene et un récit à la troisième personne, Louise Erdrich témoigne, une fois de plus, d’une prodigieuse maîtrise narrative.
L'avis de Daphné:
"Glaçant": voilà le premier mot qui me vient à l'esprit pour caractériser ce roman. Glaçante est la relation entre les deux personnages principaux, glaçante est la vision d'un amour qui se transforme en haine, glaçante est même la météo...
Ce roman est une histoire de haine. De haine, et d'amour aussi, puisque l'on a affaire à un couple qui s'est aimé puis déchiré. L'amour est passé, laissant place à cette haine froide et malsaine, mais on sent malgré tout que l'amour a été là. On dit qu'il n'y a qu'un pas entre ces deux sentiments et ce pas, Gil et Irene l'ont franchi. En lisant ces lignes, on ne peut que se poser la question suivante: comment deux être qui se sont aimé peuvent-ils en arriver là? La réponse à cette question, Louise Erdrich nous la dépeint formidablement. Avec la froideur et le coupant d'un scalpel, elle analyse l'histoire de ce couple, les détails tout comme les énormités qui les ont amenés à ce haïr autant.
L'amour peut-il être sauvé? La descente aux enfers d'un couple peut-il épargner les enfants? Peut-on faire de l’autre celui que l'on aimerait? Est-il si facile de se laisser manipuler? Autant de questions qui se posent à travers ce couple.
Cette lecture m'a fait froid dans le dos. L'auteur nous fait particulièrement bien ressentir l'ambiance dans laquelle vit cette famille. L'atmosphère y est irrespirable: crainte, haine, désir de vengeance, souhait de la mort de l’autre, refuge dans l'alcool, manipulation, cruauté, mensonge, négation de l'autre...Les peintures de Gil traduisent très bien cette violence. La relation entre Irene et Gil est quasiment animale, forte et destructrice. Les enfants pris au milieu de tout cela montrent un côté à la fois inquiétant et innocent. L'ambivalence des personnages est très bien décrite, chacun oscillant entre obscurité et fragilité.
Ce roman traite de la perte de soi même, de la perte de l'autre. Le bras de fer que se livrent les personnages est dur, intense, psychologiquement insoutenable. On devine que nul n'en sortira gagnant.
J'ai aimé la construction du récit, alternant les carnets d'Irène et la narration à la troisième personne. Toutefois, je m'attendais à ce que l'histoire tourne davantage autour de ces carnets. J'aurais aimé que ce jeu de va et vient entre les carnets soit plus présent.
Un roman fort qui m'a marquée et beaucoup questionnée...
Extrait choisi par Daphné:
"Gil avait un mur. Irene avait un mur. Entre les deux murs existait une zone neutre, intacte, une étendue sauvage où se trouvait tout ce qu’ils ne savaient pas et ne pouvaient imaginer sur l’autre. Gil avait une vision claire de cet espace qui les séparait. Il y voyait un paradis intact semblable à la zone démilitarisée entre les deux Corées."
"Gil avait un mur. Irene avait un mur. Entre les deux murs existait une zone neutre, intacte, une étendue sauvage où se trouvait tout ce qu’ils ne savaient pas et ne pouvaient imaginer sur l’autre. Gil avait une vision claire de cet espace qui les séparait. Il y voyait un paradis intact semblable à la zone démilitarisée entre les deux Corées."
L'avis d'Ariane:
Pour notre quatrième lecture commune, Daphné a proposé ce roman de Louise Erdrich. Je suis ravie de son choix puisque je souhaitais depuis longtemps découvrir cet auteur et que ce titre m’attirait particulièrement.
Pour notre quatrième lecture commune, Daphné a proposé ce roman de Louise Erdrich. Je suis ravie de son choix puisque je souhaitais depuis longtemps découvrir cet auteur et que ce titre m’attirait particulièrement.
Dans ce roman, Louise Erdrich nous conte une histoire de
haine. Gil le peintre et Irene sa muse, forment depuis des années un couple
fusionnel, passionnel. Mais la haine a succédé à l’amour et le désir est devenu
obsession. Lorsqu’elle découvre que Gil lit son journal intime, Irene décide de
le manipuler. Dans ce journal, elle n’écrit plus désormais que pour le faire
douter, souffrir. Tous deux se livrent alors une guerre psychologique, sans
merci. L’ambiance est oppressante et une issue fatale semble inéluctable.
Au milieu de cette haine, trois enfants perdus. Les parents
sont trop préoccupés l’un de l’autre pour leur porter une réelle attention. Ils
ne les voient pas, ne remarquent pas que le fils aîné de 13 ans boit et
commence à prendre de la drogue, que leur fille est obsédée par les théories
survivalistes.
J’ai beaucoup apprécié l’écriture de l’auteur qui restitue
parfaitement ce sentiment de haine avec tout de même une pointe d’amour, les
sentiments des différents protagonistes et ce climat glaçant. Je regrette
toutefois que le journal ne tienne pas
une part plus importante dans le récit. En fait, à la lecture du résumé je
pensais que le roman était construit sur l’alternance des deux carnets d’Irène.
Une lecture intéressante.
Extrait choisi par Ariane:
« On m’a appris à penser que la vie avance de façon inéluctable depuis son point de départ formateur, et que son cours est difficile à changer. S’il en va de même pour l’amour, alors il y a eu de mauvais présages dès le début : la nuit qui a précédé notre mariage, j’ai rêvé que j’étais férocement attaquée et mise en pièces par des chiens sauvages. (…) Mais voici le plus révélateur : tu voudrais me posséder. Et mon erreur : je t’aimais et t’ai laissé croire que c’était possible. »
Lu dans le cadre des challenges Petit bac catégorie musique et 50 états, 50 billets pour le Minnesota
L'avis d'Aifelle, Jostein, Kathel,
« On m’a appris à penser que la vie avance de façon inéluctable depuis son point de départ formateur, et que son cours est difficile à changer. S’il en va de même pour l’amour, alors il y a eu de mauvais présages dès le début : la nuit qui a précédé notre mariage, j’ai rêvé que j’étais férocement attaquée et mise en pièces par des chiens sauvages. (…) Mais voici le plus révélateur : tu voudrais me posséder. Et mon erreur : je t’aimais et t’ai laissé croire que c’était possible. »
Lu dans le cadre des challenges Petit bac catégorie musique et 50 états, 50 billets pour le Minnesota
L'avis d'Aifelle, Jostein, Kathel,
J'ai beaucoup aimé cette lecture, comme plusieurs autres de l'auteure (rencontrée au festival America).
RépondreSupprimerUne découverte pour moi, et je pense poursuivre.
SupprimerAriane
Ce roman n'est pas mon préféré de Louise Erdrich, mais il m'a fait découvrir une facette différente de cette auteure.
RépondreSupprimerJ'ai très envie de découvrir d'autres titres de l'auteur, notamment La chorale des garçons bouchers.
SupprimerAriane
Je suis entrain de le lire, je dois être arrivée à la moitié du roman. Mon avis est loin d'être aussi enthousiaste que le votre. Je n'arrive vraiment pas à entrer dans cet univers.
RépondreSupprimerJe partage néanmoins votre avis sur le fait que la quatrième de couverture est un peu trompeuse au sujet des carnets.
C'est en effet très particulier comme univers.
SupprimerAriane
Un univers très particulier, oui, mais qui m'a donné envie de lire d'autres romans de cette auteur.
RépondreSupprimerDaphné
Je pense en découvrir d'autres aussi. Peut-être une idée pour une prochaine lecture commune ?
SupprimerAriane
Je me souviens que je n'avais pas accroché et je l'ai retiré d'ailleurs ce we de ma bibli pour faire de la place pour d'autres...
RépondreSupprimerC'est assez spécial et je comprends aisément que l'on n'accroche pas.
SupprimerAriane
Hop, billet ajouté !
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