Prête à tout - Joyce Maynard

Par Ariane

Auteur : Joyce Maynard

Titre : Prête à tout

Genre : roman

Langue d’origine : Anglais

Traducteur : Jean Esch

Editeur : Philippe Rey

Nombre de pages : 339p

Date de parution : mai 2015

Présentation de l’éditeur :

Jeune, belle, mariée à un homme qui la vénère, installée dans une jolie maison, Suzanne Stone ressemble à ces filles trop parfaites des magazines. Mais elle veut davantage, elle veut la célébrité.

Isolée dans une petite ville de province, Suzanne décide que la télévision sera son royaume et, à force de persuasion, obtient un petit poste dans la station locale.

Quand son époux est retrouvé mort, la veuve éplorée, point de mire des caméras, devient rapidement suspecte. Alternant les témoignages, le roman tisse avec brio les voix de Suzanne et de son entourage. Énigmatique, capricieuse, la jeune femme est-elle pour autant l'arriviste perverse que certains dénoncent ? Où est le vrai dans ce que raconte Jimmy, son admirateur adolescent ? Jusqu"où est-elle disposée à aller pour atteindre cette renommée si convoitée ?

Admirablement construit, Prête à tout est une satire acérée de la culture de la célébrité et de l'omniprésence de la télévision, tout autant qu"un passionnant roman noir.

Mon avis :

Imaginez la scène : vous êtes en famille, lorsque quelqu’un évoque une anecdote. Aussitôt, quelqu’un d’autre ajoute « mais non, ça ne s’est pas passé comme ça ! » et donne sa propre version. Contredite après par untel, enrichie ensuite par un autre. Au final, on se retrouve avec de multiples versions possibles d’un même évènement.

C’est sur ce principe qu’est construit ce roman de Joyce Maynard. S’inspirant d’un fait divers, elle reconstitue une histoire ou plutôt des versions de l’histoire à partir des témoignages de plusieurs personnes. Seule certitude, un fait : Larry Maretto a été assassiné par Jimmy Emmet. Mais c’est ensuite que tout se complique. Pourquoi ce crime ? A travers les témoignages des protagonistes eux-mêmes, et de leurs proches, Joyce Maynard dresse un tableau de l’histoire sans cesse mouvant, des portraits insaisissables des personnages.

Suzanne Maretto est-elle la jeune femme sensible, chaleureuse et prometteuse que décrivent ses parents et ses amis ? Ou au contraire une manipulatrice froide et arriviste telle qu’elle apparaît à travers d’autres témoignages ? 

Chaque intervenant a sa vision propre des autres et des évènements, mais aussi une personnalité propre, que l’on ressent malgré la brièveté des chapitres. De très courts chapitres, pas plus d’une ou deux pages, pour décrire un même évènement à travers divers regards, pour apporter une précision, raconter une anecdote apportant un éclairage sur les autres personnages. Mais des témoignages très partiaux évidemment.

Outre cet aspect de l’histoire, le rapport aux médias et à l’image est également très intéressant. Suzanne Maretto ets obsédée depuis toujours par la télévision et la célébrité. Ses actes, ses rapports aux autres semblent totalement dictés par un besoin obsessionnel d’être le centre de l’attention, de capter tous les regards et de susciter admiration et envie. Dans la postface de l’édition que j’ai lue, Joyce Maynard revient sur le contexte d’écriture de ce roman et sur l’étonnement qu’elle a de voir que ce qu’elle écrivait avec une certaine ironie en 1990 est devenu réalité en 2015. Ou plutôt téléréalité. Et réseaux sociaux.

Une bonne lecture et une auteure que j'ai très envie de continuer à découvrir.

Extrait :

« Voilà pourquoi j’ai toujours rêvé de faire de la télévision. Cela fait ressortir ce qu’il y a de meilleur en vous. Tant que vous êtes à la télé, il y a toujours quelqu’un qui vous regarde. Si les gens pouvaient passer à la télé tout le temps, nul doute que la race humaine dans son ensemble s’en porterait beaucoup mieux. Cela pose un problème : si tout le monde passait à la télé, il n’y aurait plus personne pour la regarder. »

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