Profession du père - Sorj Chalandon

Par Ariane

Auteur : Sorj Chalandon

Titre : Profession du père

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : Grasset

Nombre de pages : 316p

Date de parution : septembre 2015

Présentation de l’éditeur :

« Mon père a été chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d’une Eglise pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle jusqu’en 1958. Un jour, il m’a dit que le Général l’avait trahi. Son meilleur ami était devenu son pire ennemi. Alors mon père m’a annoncé qu’il allait tuer de Gaulle. Et il m’a demandé de l’aider.
Je n’avais pas le choix.
C’était un ordre.
J’étais fier.
Mais j’avais peur aussi…
À 13 ans, c’est drôlement lourd un pistolet. » 

Mon avis :

Sorj Chalandon est un auteur sur lequel je lis des avis très enthousiastes depuis plusieurs années. Nombreuses sont les « sorjettes » parmi les blogueuses ! Son nouveau roman publié est l’occasion de le découvrir enfin.

C’est un roman très intime dans lequel l’auteur se livre. A travers le personnage d’Emile Choulans, c’est son enfance qu’il évoque. Une enfance aux côtés d’un père violent, manipulateur et menteur et d’une mère soumise et effacée.

Emile est un personnage très touchant. Un enfant subissant les violences de son père et éprouvant pour celui-ci des sentiments ambivalents mêlés de peur, de colère et d’amour, tout en lui vouant une confiance aveugle malgré les invraisemblances des mensonges de ce père mythomane se prétendant tour à tour héros de guerre, membre de l’OAS ou chanteur. Devenu adulte, Emile traîne ce passé familial comme un boulet. Il s’est éloigné de ses parents mais semble un homme assez triste et renfermé. Jusqu’à la rencontre d’une femme, l’arrivée d’un enfant qui lui apportent enfin l’amour et la confiance dont il a toujours été privé.

Emile croit-il réellement son père ou se sent-il obligé de le croire ? Son comportement avec Luca, un nouvel élève arrivé d’Algérie, à qui il ment, qu’il manipule et pour lequel il invente des missions farfelues pour le compte de l’OAS tout comme son père le fait avec lui laisse planer le doute.

Le personnage du père nous interroge aussi finalement sur la place des malades mentaux. Car clairement son comportement n’est pas celui d’une personne saine d’esprit. A la fois pervers narcissique, mythomane et paranoïaque, André Choulans est effrayant. Le délire de celui-ci se manifeste clairement à travers des petites manies irrationnelles qu’il impose à toute sa famille.

Quant à la mère, elle est tellement soumise et effrayée par son mari qu’elle subit sans rien dire, acceptant tous ses délires et n’intervenant jamais même pour venir en aide à son fils. C’est un comportement qu’ont un certain nombre de femmes (ou d’hommes même) vivant avec un conjoint violent. Pourtant cela n’a de cesse de me surprendre.

Enfin, au-delà des particularités de la famille Choulans, Sorj Chalandon nous plonge totalement dans le quotidien d’un jeune garçon des années 60 ainsi que dans l’actualité politique de l’époque.

C’était donc ma première lecture de cet auteur, je n’ai donc pas vraiment de point de comparaison pour savoir si ce roman est représentatif du reste de son œuvre. Car le style, bien que ne ‘m’ayant pas déplu, ne m’a pas vraiment conquise.

Ce fut une première découverte sympathique, et même si ce ne fut pas une révélation j’ai bien l’intention de continuer à découvrir cet auteur.

Extrait :

« Mon père, ma mère et moi. Juste nous trois. Une secte minuscule avec son chef et ses disciples, ses codes, ses règlements, ses lois brutales, ses punitions. Un royaume de trois pièces aux volets clos, poussiéreux, aigre et fermé. Un enfer. »

D'autres avis chez Brize,  Micmelo, Eva, Professeur Platypus,