Auteur :
Timeri N. Murari
Titre :
Le cricket club des talibans
Genre :
roman
Langue
d’origine : anglais (Inde)
Traducteur :
Josette Chicheportiche
Editeur :
Mercure de France
Nombre de
pages : 480p
Date de
parution : avril 2014
Présentation de l’éditeur :
En 2000, à Kaboul. Le gouvernement islamique impose sa
férule à la population, pratiquement tout est interdit, journaux, distractions,
jeux, etc. Mais voilà qu’il annonce vouloir promouvoir le cricket, pour prouver
à ses opposants que l’Afghanistan peut aussi être une nation sportive. La
meilleure équipe ira se perfectionner au Pakistan – ce que certains voient tout
de suite comme une possibilité de s’enfuir.
Mais il faut d’abord connaître les règles du cricket et
s’entraîner. Bien sûr, c’est strictement interdit aux femmes. Or la jolie
Rukhsana a joué autrefois en Inde… Au prix d’incroyables ruses, subterfuges et
déguisements, elle va mettre sur pied une équipe composée de son frère et de
leurs cousins, tous bien décidés à se libérer du joug des talibans. Y
parviendront-ils et que risque-t-il d’arriver à Rukhsana l’intrépide, la
rebelle ?
Mon avis :
Ma libraire m’avait vivement recommandé ce livre l’année dernière,
mais j’ai attendu son arrivée à la bibliothèque pour enfin le découvrir. Et ma
libraire semble bien connaître mes goûts.
Rukhsana est jeune, belle et intelligente. C’est une
journaliste passionnée, qui a grandi au sein d’une famille unie, auprès de
parents cultivés et fiers de la réussite de leur fille. Mais Rukhsana vit en
Afghanistan, et depuis quelques années la maison familiale est devenue une
prison dont elle ne peut sortir que cachée sous une burqa et accompagnée d’un
homme de sa famille. Son pays qu’elle aime tant lui est désormais hostile, pour
le simple crime d’être née femme. J’ai trouvé ce personnage très touchant et
sympathique, on ne peut qu’éprouver de la compassion pour la vie qu’elle mène.
Autour d’elle, de nombreux personnages masculins, son frère
et ses cousins, qui la soutiennent et souhaitent la protéger. Jahan, son frère âgé
de 16 ans est un personnage particulièrement émouvant. Ce jeune garçon est
devenu l’homme de la maison depuis la mort de son père. Quel lourd fardeau pour
un si jeune homme d’être désormais responsable de sa mère et de sa sœur, de
devoir prendre toutes les décisions les concernant. Il essaye tant bien que mal
de concilier sa vie et ses aspirations d’adolescent avec ces pesantes
responsabilités.
Rukhsana, Jahan et leurs cousins forment un groupe uni, parfois
insouciant, ayant foi en l’avenir. Le climat de terreur permanent que font
régner les talibans n’en semble que plus injuste et monstrueux.
Toutes les femmes camouflées sous leur burqa, tous les
hommes obligés de porter la barbe. Une uniformisation de la société, une déshumanisation terrifiante. Tous également privés d’éducation (hors les écoles
coraniques pour les garçons), de liberté de travail, de liberté de parole. Mais
la condition des femmes est particulièrement terrifiante.
J’émettrais tout de même quelques bémols. Tout d’abord, je me
suis assez souvent sentie perdue dans les règles du cricket et descriptions de matchs.
Déjà que je ne suis pas une grande sportive et que je ne connais pas grand-chose
au football, au tennis ou autres sports très pratiqués en France, alors le
cricket… c’est un grand inconnu !
Ensuite, j’ai trouvé quelques longueurs vers la fin
notamment et certains passages un peu trop conventionnels.Le côté bluette n'est pas ce à quoi je suis le plus sensible et la fin est un peu attendue.
Malgré cela, je garderai de cette lecture un très bon souvenir.
Extrait :
« Toutes les
femmes savent jouer dès l’instant de leur naissance. C’est le don que Dieu leur
a accordé pour leur permettre de survivre dans un monde d’hommes. Nous devons
simuler nos orgasmes, notre humilité, notre amour alors que nous n’éprouvons
rien de tout cela, et taire nos ambitions. »
« Quelques mètres
de tissu, lisse, fragile et souple, devinrent notre prison. Aucun mur de granit
n’était plus inexpugnable, aucun barreau plus solide, aucun cachot plus sombre
ou effrayant. Je m’évanouis, comme si un magicien m’avait fait disparaître d’un
coup de baguette magique. Je n’étais plus Rukhsana avec un nez bien à moi, une
bouche, des yeux, un front, un menton, des cheveux, mais un linceul vivant,
identique à toutes les autres femmes voilées et déshonorées qui allaient de par
les rues. »
Lu dans le cadre des challenges Petit bac, Un pavé par mois et Tour du monde (Inde)