Auteur :
Valentine Goby
Titre :
Un paquebot dans les arbres
Genre :
roman
Langue
d’origine : français
Editeur :
Actes sud
Nombre de
pages : 272p
Date de
parution : août 2016
Présentation de l’éditeur :
Au milieu des années 1950, Mathilde sort à peine de
l’enfance quand la tuberculose envoie son père et, plus tard, sa mère au
sanatorium d’Aincourt. Cafetiers de La Roche-Guyon, ils ont été le cœur
battant de ce village des boucles de la Seine, à une cinquantaine de kilomètres
de Paris.
Doué pour le bonheur mais totalement imprévoyant, ce couple aimant est ruiné par les soins tandis que le placement des enfants fait voler la famille en éclats, l’entraînant dans la spirale de la dépossession. En ce début des Trente Glorieuses au nom parfois trompeur, la Sécurité sociale protège presque exclusivement les salariés, et la pénicilline ne fait pas de miracle pour ceux qui par insouciance, méconnaissance ou dénuement tardent à solliciter la médecine.
À l’âge où les reflets changeants du fleuve, la conquête des bois et l’insatiable désir d’être aimée par son père auraient pu être ses seules obsessions, Mathilde lutte sans relâche pour réunir cette famille en détresse, et préserver la dignité de ses parents, retirés dans ce sanatorium – modèle architectural des années 1930 –, ce grand paquebot blanc niché au milieu des arbres.
Doué pour le bonheur mais totalement imprévoyant, ce couple aimant est ruiné par les soins tandis que le placement des enfants fait voler la famille en éclats, l’entraînant dans la spirale de la dépossession. En ce début des Trente Glorieuses au nom parfois trompeur, la Sécurité sociale protège presque exclusivement les salariés, et la pénicilline ne fait pas de miracle pour ceux qui par insouciance, méconnaissance ou dénuement tardent à solliciter la médecine.
À l’âge où les reflets changeants du fleuve, la conquête des bois et l’insatiable désir d’être aimée par son père auraient pu être ses seules obsessions, Mathilde lutte sans relâche pour réunir cette famille en détresse, et préserver la dignité de ses parents, retirés dans ce sanatorium – modèle architectural des années 1930 –, ce grand paquebot blanc niché au milieu des arbres.
Mon avis :
Je garde un souvenir fort de Kinderzimmer, ma précédente lecture de Valentine Goby. Aussi
avais-je vraiment envie de découvrir ce nouveau roman dont le sujet me tentait.
Le cœur battant de La Roche-Guyon c’est le Balto. Odile et
Paul Blanc tiennent ce café avec passion. Un couple travailleur, qui ne compte
pas ses heures. La vie est douce et facile alors pour le couple et ses trois
enfants. Annie l’aînée, une jolie fille est la préférée du père, qui la fait
danser les soirs de bal, Mathilde est « le p’tit gars » de son père,
une fillette en adoration devant son père et Jacques, le petit dernier. Tous
les samedis soirs l’harmonica de Paulot fait danser et chanter dans le café. C’est
le temps de l’insouciance et du bonheur. Mais vient le temps du malheur quand Paulot
est diagnostiqué tuberculeux. Avec la maladie c’est la pauvreté qui fait son
apparition, car les Blanc en tant que commerçants ne bénéficient pas de la
Sécurité Sociale et qu’ils n’ont pas un sou d’avance. Paulot et Odile, malade elle aussi, sont
envoyés au sanatorium, Mathilde et Jacques sont en famille d’accueil et
Annie l’aînée, jeune mariée vit loin des siens. Mathilde va dès lors porter sa famille à
bout de bras, se sacrifiant pour le bien de tous, subissant sans se plaindre la
misère, la faim, la peur.
C’est une histoire d’amour que celle de ce roman. L’amour d’une
jeune fille pour ses parents et son jeune frère. Mathilde est très touchante
dans son dévouement à sa famille. C’est encore une enfant mais elle devient
celle sur qui tout le monde compte. Sa sœur aînée s’en remet à elle et poursuit
tranquillement son chemin, avec ses parents les rôles s’inversent, son frère
pense qu’elle pourra tout résoudre. Alors Mathilde accepte le rôle que sa
famille lui confie renonçant à sa vie, à ses rêves. Un très joli personnage.
Les autres membres de la famille Blanc sont parfois agaçants
en regard des sacrifices consentis par Mathilde. Aucun d’eux ne semble voir ce
qu’elle subit. Odile n’a d’yeux que pour son époux, Paulot ne voit que
lui-même, Annie vit dans l’insouciance sa vie de jeune mariée et Jacques n’est qu’un
enfant.
Révoltant le comportement des amis d’hier. La crainte de la
contagion prend le pas sur l’amitié et la solidarité. La maladie et le malheur
personne n’en veut alors tous tournent le dos.
Au-delà du récit, j’ai apprécié le contexte de la France des
30 Glorieuses et découvrir le traitement réservé aux malades, traités comme des
pestiférés. la maladie et le malheur n'ont plus leur place dans cette époque d'espoir et de confiance en l'avenir. L’écriture de Valentine Goby est très agréable, elle porte le
lecteur.
J’ai aimé et été touchée par le récit de l’histoire de la
famille Blanc mais je ne pense pas en conserver un souvenir aussi fort que de Kinderzimmer.
Extraits :
« Parce que, contrairement à la mièvre métaphore
bucolique d’un romancier que Mathilde lira un jour, la tuberculose n’a pas la
grâce, la fragilité, la délicatesse du nénuphar, nulle fleur d’eau ne pousse
dans le poumon de Paulot comme celui de Chloé chez Boris Vian. »
« Quand il penche la tête, les coudes sur la table pour jouer une mélopée triste; que, donnant à entendre sa solitude, il déborde son périmètre étroit, enveloppe dans son souffle sa femme, ses enfants; qu'il déploie note à note un territoire à partager entre eux hors la misère, la maladie, le chagrin, qui ont fait de la maison une île et ne suffisent plus à les tenir cimentés entre eux - ils deviennent des îles les uns pour les autres; quand Paulot souffle dans le Hohner, donc, et que la musique les atteint, chacun, Mathilde sait que leurs cœurs battent encore ensemble. »
« Quand il penche la tête, les coudes sur la table pour jouer une mélopée triste; que, donnant à entendre sa solitude, il déborde son périmètre étroit, enveloppe dans son souffle sa femme, ses enfants; qu'il déploie note à note un territoire à partager entre eux hors la misère, la maladie, le chagrin, qui ont fait de la maison une île et ne suffisent plus à les tenir cimentés entre eux - ils deviennent des îles les uns pour les autres; quand Paulot souffle dans le Hohner, donc, et que la musique les atteint, chacun, Mathilde sait que leurs cœurs battent encore ensemble. »
Je viens de publier un billet sur ce titre, que j'ai beaucoup aimé aussi, pas moins que Kinderzimmer, mais de manière différente. Le personnage de Mathilde est vraiment attachant, et c'est vrai, comme tu le dis, que l'attitude des autres membres de la famille peut sembler ingrate ou égoïste, comparée à son engagement. Mais cet engagement n'est-il pas, inconsciemment, l'occasion pour Mathilde de trouver sa place au sein du clan Blanc, un besoin pour elle primordial (même s'il n'enlève rien à la grandeur de son sacrifice) ?
RépondreSupprimerC'est vrai, Mathilde tente de faire sa place, mais aux dépens de sa propre vie. Elle s'oublie pour sa famille.
SupprimerAriane
J'ai beaucoup aimé aussi cette lecture.
RépondreSupprimerJ'ai oublié le lien vers ton article, je l'ajoute.
SupprimerAriane
C'est vrai que le thème est moins marquant que pour Kinderzimmer, mais j'ai adoré ce beau portrait de femme et ce roman d'apprentissage très touchant
RépondreSupprimerKinderzimmer est tellement marquant, difficile de passer après.
SupprimerAriane
Rien n'égalera Kinderzimmer je pense mais ce roman est quand même d'une grande force.
RépondreSupprimerC'est aussi ce que j'ai pensé.
SupprimerAriane
Comme toi, il ne me laissera pas un avis aussi fort que Kinderzimmer.
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