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mardi 17 octobre 2017

Ces rêves qu'on piétine - Sébastien Spitzer

Par Ariane


Auteur : Sébastien Spitzer

Titre : Ces rêves qu’on piétine

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : éditions de l’Observatoire

Nombre de pages : 304p

Date de parution : août 2017

Présentation de l’éditeur :

Sous les bombardements, dans Berlin assiégé, la femme la plus puissante du IIIe Reich se terre avec ses six enfants dans le dernier refuge des dignitaires de l’Allemagne nazie. L’ambitieuse s’est hissée jusqu’aux plus hautes marches du pouvoir sans jamais se retourner sur ceux qu’elle a sacrifiés. Aux dernières heures du funeste régime, Magda s’enfonce dans l’abîme, avec ses secrets.
Au même moment, des centaines de femmes et d’hommes avancent sur un chemin poussiéreux, s’accrochant à ce qu’il leur reste de vie. Parmi ces survivants de l’enfer des camps, marche une enfant frêle et silencieuse. Ava est la dépositaire d’une tragique mémoire : dans un rouleau de cuir, elle tient cachées les lettres d’un père. Richard Friedländer, raflé parmi les premiers juifs, fut condamné par la folie d’un homme et le silence d’une femme : sa fille.
Elle aurait pu le sauver.
Elle s’appelle Magda Goebbels.



Mon avis :

L’histoire nous a fourni une interminable liste de noms qui hantent la mémoire collective, Magda Goebbels est de ceux-là. La première dame du régime nazi, épouse de Goebbels, icone de la femme et de la mère allemande, qui avant de se suicider avec son époux a assassiné ses six enfants. C’est à ce personnage terrifiant autant qu’énigmatique que Sébastien Spitzer s’est intéressé dans ce roman. Pendant ses derniers jours, alors qu’elle est enfermée dans le Führerbunker avec sa famille, Hitler, Eva Braun et d’autres dignitaires du régime, les souvenirs de Magda Goebbels remontent à sa mémoire. Une enfance assez pauvre jusqu’au mariage de sa mère avec Richard Friendländer, un commerçant aisé qui adopte la petite comme sa fille. Sa rencontre avec son premier amour. Son premier mariage, sans amour, avec un homme riche, le divorce rapide qui assure sa sécurité financière. Sa rencontre avec Josef Goebbels. Sa relation avec Hitler. Sa position au sein du régime nazi. Des souvenirs et des secrets : le père adoptif de Magda est juif, tout comme Viktor l’amour de jeunesse. 

En parallèle des derniers jours de Magda nous découvrons Aimé, Judah, Fela, Ava, pendant une marche de la mort  et Lee, une photographe qui accompagne les troupes américaines. Ils sont les témoins, ils portent la parole de Friendländer, qui dans un camp de concentration a écrit à sa fille, des mots d’amour, un appel à l’aide. A ses lettres se sont ajoutées celles de tous ceux qui ont caché les lettres, des noms, des paroles, une infime trace, un dernier souvenir.

C’est un très beau roman, sombre et difficile, terrifiant par moments, et pourtant il en émane une certaine lumière, une humanité, un avenir. Par cette chaîne qui s’est formée naturellement, la vie est toujours là, l’espoir  d'un après, d'un moment où les lettres seront lues, où les prisonniers déshumanisés par la vie dans les camps feront entendre une dernière fois leurs voix.  

J'ai reçu ce livre dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire Priceminister.



Extraits :

« Les soldats meurent au combat. C’est dans l’ordre des choses. Et quand l’ordre s’inverse, quand l’encre de l’armistice est sèche, ce sont les chefs qui meurent. Les soldats, eux, rentrent chez eux. Pourvu que l’encre sèche vite. »


« La dernière chose que nous possédons, c’est notre histoire. Il y a deux mille ans, nous avons dû quitter notre terre, notre Jérusalem, nos temples, nos rois et nos armées. Nous avons été riches, pauvres, puissants, chassés, recherchés, pourchassés. Nous avons construit des temples en bois, en pierre. Ils ont été brûlés. Nous en avons construit d’autres. Vous les avez fait fermer. Mais notre histoire, personne ne nous la volera. Elle est inaliénable. On essaiera de nous tuer, jusqu’au dernier. On essaiera de trahir, de falsifier, d’effacer… Mais il y aura toujours un scribe pour recopier, un homme pour lire, un écrit quelque part. »

Les avis de Jérôme, Jostein, Nicole

8 commentaires:

  1. Le thème me retient, j'ai beaucoup de mal avec les femmes qui assassinent leurs enfants ! Sans compter le reste.

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    1. Je te comprends, la plupart des thèmes abordés sont particulièrement difficiles. Et malgré tous les romans, films et témoignages sur les crimes commis par les nazis, je suis toujours horrifiée et j'ai parfois encore l'impression de découvrir certaines choses que je préférerai ignorer.

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  2. Sujet très difficile oui et pourtant, tu as raison, l'espoir domine à la fin et illumine l'ensemble. Ce premier roman est l'un des plus remarqués de cette rentrée, à juste titre. Malheureusement je crois qu'on n'en a pas terminé avec cette sombre époque et ses horreurs (et en même temps, il est si nécessaire de faire savoir que la forme romanesque peut-être un moyen d'amplifier la connaissance et de peut-être empêcher des horreurs futures...)

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    1. Comme pour d'autres sujets tout aussi difficiles (l'esclavage, la guerre d'Algérie,...) la blessure est toujours vive même pour ceux qui n'ont jamais connu ces périodes.

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  3. Un très beau premier roman, je suis tout à fait d'accord avec toi !

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    1. Certains romans sont d'une telle qualité qu'on a du mal à imaginer qu'il s'agisse du premier de l'auteur !

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  4. Un sujet difficile mais un roman passionnant, en effet.

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    1. Un sujet difficile et surtout très souvent vu. La difficulté est double et l'auteur s'en sort à merveille.

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