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samedi 30 décembre 2017

Malevil - Robert Merle

Par Ariane



Auteur : Robert Merle

Titre : Malevil

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : gallimard

Nombre de pages : 540p

Date de parution : avril 1972

Présentation de l’éditeur :

Une guerre atomique dévaste la planète, et dans la France détruite un groupe de survivants s'organise en communauté sédentaire derrière les remparts d'une forteresse. Le groupe arrivera-t-il à surmonter les dangers qui naissent chaque jour de sa situation, de l'indiscipline de ses membres, de leurs différences idéologiques, et surtout des bandes armées qui convoitent leurs réserves et leur «nid crénelé» ?


Mon avis :

Je clos mon tour d’horizon des lectures post-apocalyptiques avec, chose rare, un roman français. Il y a même un côté terroir, bien franchouillard dans ce roman paru en 1972, ce qui contraste étonnamment avec la plupart des romans du genre.

Enfant, Emmanuel jouait dans l’ancien château de Malevil, place forte moyenâgeuse du Périgord, en compagnie de ses copains Meysonnier, Colin et Peyssou. Adulte, il a racheté et réhabilité le château abandonné. Il y élève des chevaux et cultive des vignes. Le matin de Pâques 1977, alors qu’il est dans la cave à remplir des bouteilles au fut avec ses amis d’enfance, la Menou servante du château, Momo le fils attardé de celle-ci et Thomas, jeune géologue parisien avec qui il s’est lié d’amitié, un bruit assourdissant éclate, suivi aussitôt d’une chaleur intense. Lorsque le groupe peut enfin quitter la protection de la cave, ils se rendent compte qu’à l’extérieur tout a brûlé, les champs, le village, les animaux. Ils ne savent pas comment ni pourquoi, mais la cause de cette désolation est évidente : une bombe nucléaire. La survie s’organise alors grâce aux abondantes réserves du château et à quelques animaux miraculeusement protégés. Emmanuel prend rapidement la direction des opérations, utilisant à bon escient les capacités et les connaissances de chacun. Peu à peu, le groupe entre en contact avec d’autres survivants et si certains se montrent amicaux et s’intègrent au groupe du château, d’autres sont au contraire très hostiles. La résistance doit donc s’organiser.

Ce qui frappe tout d’abord dans ce roman, c’est la qualité de la narration, de la langue. Cela se lit admirablement bien. Certains lecteurs y ont trouvé des longueurs, pas moi. Ou en tout cas, rien qui ne soit adapté à l’intrigue. L’intrigue est bien construite tout comme les personnages, auxquels l’auteur donne une véritable personnalité. On s’attache vite à ces survivants bien sympathiques !

Il y a tout de même quelques bémols. Tout d’abord, le château renferme quasiment tout ce dont on peut avoir pour survivre après ce type de catastrophe : des réserves de nourritures, des bêtes qui vont fournir du lait, de la viande et des œufs, du matériel. Bref tout est à disposition et ce qui leur manque, ils arrivent à le trouver sans trop de difficultés après être entrés en contact avec d’autres groupes de survivants. Ces contacts ne sont pas toujours amicaux, mais là encore le groupe se sort assez facilement de toutes les difficultés. Un peu trop facilement peut-être ?

Les critiques que j’ai pu lire sur le roman, soulignent souvent la misogynie de l’histoire. Les femmes âgées sont cantonnées aux travaux de la maison et les jeunes dispensent leurs faveurs sexuelles, nouvelles Eve dont on attend qu’elles donnent naissance à une nouvelle génération. C’est choquant ? Oui. Mais dans un contexte tel que celui-ci, est-ce compréhensible ? Probablement.

Le groupe des survivants a tout à bâtir. Doit-il reconstruire sur les ruines de l’ancien monde ou construire un nouveau monde ? La question se pose, mais la réponse ne leur appartient pas. Fort des connaissances de l’humanité, le groupe se retrouve pourtant dans la situation des premiers hommes. Se nourrir, se défendre, se reproduire.

A travers les survivants de Malevil et les autres qu’ils vont rencontrer, l’auteur aborde de nombreux thèmes : la politique, la religion, la difficile cohabitation de ces dernières. D’autres lecteurs ont trouvé que le roman avait vieilli. C’est vrai par certains aspects, ce qui n’a été en rien dérangeant, mais il peut également être très actuel lorsqu’il parle d’écologie, de société de consommation,…

Ce fut donc une excellente lecture, intéressante et passionnante, que je vous recommande. 

L'avis de Laure avec qui j'ai partagé cette lecture et toute une année de lecture post-apocalyptique. Merci à toi ! ce fut vraiment plaisant de découvrir toutes ces lectures. 



Extrait :

« La nuit commence ce jour de Pâques où l'Histoire cesse, faute d'objet : la civilisation dont elle racontait la marche a pris fin. »


« L'homme, c'est la seule espèce animale qui puisse concevoir l’idée de sa disparition et la seule que cette idée désespère. Quelle race étrange : si acharnée à se détruire et si acharnée à se conserver. »


« Quand même dit Peyssou, ça te rend méchant, à force, d'être toujours le pauvre type. Tu as ce brave Caïn qui fait pousser des carottes et qui les apporte au Seigneur. Ah, ouiche, pas même un regard. Ça te prouve bien, ajouta-t-il avec amertume, que le Pouvoir, à l'époque, il s'intéressait déjà pas à l'agriculture. »


« Qu’est-ce qu’il y a de pire pour elle qu’une société où il n’y a plus rien à consommer ? »

« Dans la société de consommation, la denrée que l'homme consomme le plus, c'est l'optimisme. Depuis le temps que la planète était bourrées de tout ce qu'il fallait pour la détruire (et avec elle, au besoin, les planètes les plus proches), on avait fini par dormir tranquille. »


« A l’École Normale des Instituteurs, nous avions un professeur amoureux de la madeleine de Proust. Sous sa houlette, j'ai étudié, admiratif, ce texte fameux. Mais avec le recul, elle me paraît maintenant bien littéraire, cette petite pâtisserie. Oh, je sais très bien qu'un goût ou une mélodie vous redonnent, très vif, le souvenir d'un moment. Mais c'est l'affaire de quelques secondes. Une brève illumination, le rideau retombe et le présent, tyrannique, est là. Retrouver tout le passé dans un gâteau amolli par une infusion, comme ce serait délicieux, si c'était vrai. »

7 commentaires:

  1. Une de mes premières lectures de SF (avec Ravage de Barjavel, et les livres de Wells...). Je me rappelle aussi avoir réalisé sur Malevil mon premier "exposé", au collège, en Français (peut-être en 1976?)... En revanche, j'ai été déçu par l'adaptation au cinéma, découverte en DVD il y a seulement quelques années, où je n'ai pas reconnu le bouquin dévoré et redévoré dans ma jeunesse...
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

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    1. Malheureusement, les adaptations sont souvent décevantes par rapport aux livres. Et la déception est encore plus intense quand on a adoré un livre, les attentes sont forcément très élevées.

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  2. Je l'ai lu deux fois (sans connaitre l'expression post apo) et bien aimé. OK pour tes bémols. Sauf pour la ferme, car dans les années 70 les fermes étaient encore assez auto suffisantes

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    1. C'est vrai pour les vivres, mais ils avaient presque tout à disposition, y compris le détecteur de radiations !

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  3. comme je le disais chez Laure, je suis très tentée, et tu en rajoutes une couche, tant mieux! Bon réveillon !

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  4. Merci à toi Ariane ! Je me suis régalée avec ce livre, et c'est bien grâce à toi ;-)

    J'en profite : Très bonne année 2018 ! Pleine de belles lectures, et de bonnes choses en général, pour toi, le bout de chou et tous les autres ;-)

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