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vendredi 31 août 2018

Les bijoux bleus - Katharina Winkler

Par Daphné
















Auteur : Katharina Winkler
Titre : Les bijoux bleus
Genre : roman
Langue d’origine : allemand
Traducteur : Pierrick Steunou
Editeur : Acte sud
Résumé de l'éditeur :

 Des étoiles plein les yeux, l’innocente Filiz, treize ans, demande à l’arbre sacré de son village reculé de Turquie si le jeune Yunus deviendra son mari. La réponse ne tarde pas. Le mariage est un tourbillon. Il sera consommé dès la fin de la découpe du gâteau blanc meringue avec le rituel du drap taché du sang de la “petite vierge”.
Très vite, tout est noyé de bleu dans le quotidien de la jeune fille. Yunus s’emporte fréquemment contre son épouse, sous le toit de l’“araignée”, la mère du garçon. Alternant silence dédaigneux et méchanceté tranchante, la belle-mère et le mari, fort de son droit d’époux, tissent une toile de terreur qui emprisonne Filiz, recluse dans sa condition de femme mariée. La sexualité conjugale est viol quotidien. Les bijoux bleus ne tardent pas à recouvrir son corps, sur lequel, au gré des fractures, apparaissent bientôt des reliefs, fruits de la tyrannie exercée par Yunus. Et le ventre s’arrondit. Trois fois. Pour trois enfants issus d’un foyer à feu et à sang.
Puis c’est l’exode vers l’Autriche. La rencontre avec la langue allemande, les jeans, l’apprentissage de la conduite, les femmes aux cheveux découverts et détachés. Une lueur d’espoir.
Basé sur des faits réels, baigné de couleurs et de lumière, et d’une extraordinaire poésie, ce roman donne forme et voix à une violence comme ritualisée, trop souvent tue.



Mon avis :

Voici un livre bouleversant où pleuvent les coups et la douleur, teintant de bleu le corps des femmes. Filiz est née en Turquie et elle n'a que treize ans lorsqu'elle épouse Yunus. De ce mariage naîtront trois enfants et une violence à la limite de l’insoutenable. Sous le toit de "l'Araignée", Filiz connaît l'humiliation, les viols et les coups. Les trois enfants n'échappent pas à la violence et le quotidien est fait de douleur. 

Avec des mots simples étrangement doux et poétiques pour narrer une telle violence, l'histoire de Filiz nous est conté dans de brefs chapitres qui ne peuvent que faire froid dans le dos surtout lorsqu'on sait que son histoire est inspirée d'une histoire vraie. On souffre avec elle dans le terrible huis-clos de ce foyer empli de violence et on souffle un bon coup lorsque la fin apporte l'espoir à Filiz et à ses enfants.

Un livre bouleversant sur les violences faites aux femmes à travers le monde. 

Extrait :

 "Il y a des femmes bleu clair comme la mère de Necla et des femmes bleu foncé comme la mère de Fidan ; il y a des femmes bleu-rouge et d’autres bleu-noir. Il y a des femmes qui portent leur bleu autour du cou comme un collier ou bien dans le creux juste en dessous comme un médaillon, certaines le portent en bracelet autour du poignet, d’autres autour de leurs chevilles.
Beaucoup de femmes changent de bijoux bleus d’une semaine sur l’autre, d’autres d’un jour à l’autre. Certaines continuent de sourire malgré leurs bijoux, comme Leyla, d’autres se taisent en bleu, comme Zehra.
Les femmes bleu clair deviennent bleu foncé, les bleu-rouge deviennent bleu-noir. Des bleu foncé deviennent aussi des bleu clair, mais c’est rare et les femmes qui portent le bleu-noir, comme Ayşe, ne se défont jamais plus de la lourde teinte."

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