Auteur :
Amy Liptrot
Titre :
L’écart
Genre :
roman
Langue
d’origine : anglais
Traductrice :
Karine Reignier-Guerre
Editeur :
Editions Globe
Nombre de
pages : 336p
Date de
parution : août 2018
Présentation de l’éditeur :
Grande, fine, intrépide et avide de passion, elle
vacille, tel un petit navire dans la tempête, elle hésite entre deux destins :
se laisser emporter vers le sud, vers ce Londres qui brille, dans la nuit violente
qui fait oublier le jour où l’on est trop seul, où tout est trop cher, où le
travail manque.
Ou se fracasser contre les falaises de l’île natale, dans cet archipel des Orcades battu des vents dont la vie rude lui semble vide et lui fait peur.
Elle l’ignore encore mais il existe une troisième voie : écouter résonner l’appel qui la hante, qui vient toucher cette part d’elle assoiffée de grand large, de grand air, de grande beauté. Non pas rester mais revenir. Choisir.
Troquer la bouteille assassine contre une thermos de café fort, troquer l’observation narquoise et éperdue de la faune des nuits de fêtes tristes pour la contemplation des étoiles et des nuages, et l’inventaire des derniers spécimens de râle des genêts, un oiseau nocturne comme elle, menacé comme elle, farouche comme elle.
Sa voie s’appelle l’écart. C’est l’humble nom d’une bande côtière où les animaux sauvages et domestiques peuvent se côtoyer loin des regards, où folâtrent des elfes ivres d’embruns.
C’est le nom fier de son premier roman.
Ou se fracasser contre les falaises de l’île natale, dans cet archipel des Orcades battu des vents dont la vie rude lui semble vide et lui fait peur.
Elle l’ignore encore mais il existe une troisième voie : écouter résonner l’appel qui la hante, qui vient toucher cette part d’elle assoiffée de grand large, de grand air, de grande beauté. Non pas rester mais revenir. Choisir.
Troquer la bouteille assassine contre une thermos de café fort, troquer l’observation narquoise et éperdue de la faune des nuits de fêtes tristes pour la contemplation des étoiles et des nuages, et l’inventaire des derniers spécimens de râle des genêts, un oiseau nocturne comme elle, menacé comme elle, farouche comme elle.
Sa voie s’appelle l’écart. C’est l’humble nom d’une bande côtière où les animaux sauvages et domestiques peuvent se côtoyer loin des regards, où folâtrent des elfes ivres d’embruns.
C’est le nom fier de son premier roman.
Mon avis :
Ne pas finir un livre, abandonner une lecture qui ne nous
convient pas, c’est un des droits imprescriptibles du lecteur énoncés par
Daniel Pennac. Longtemps je n’ai pas osé abandonner, mais désormais je n’ai
plus envie de me forcer à lire un livre qui ne me plaît pas. Pourtant, la
persévérance peut aussi être récompensée et ce fut le cas cette fois.
Née sur une petite île au large de l’Ecosse, Amy a fui à
Londres dès qu’elle l’a pu. Là, elle enchaîne les petits boulots et les soirées
alcoolisées. Très vite l’alcool festif laisse place à la dépendance et Amy sombre
chaque jour un peu plus, perdant coup sur coup son petit ami, son boulot et son
logement. Après une cure de désintoxication, elle retourne pour quelques
semaines dans l’archipel. Semaines qui deviendront des mois, pendant lesquels
Amy s’intéressera à l’ornithologie ou à la météorologie et passera des mois
seule dans une petite maison sur un archipel isolé. Des mois de contemplation
et d’introspection qui l’aideront à se reconstruire.
Si Eva n’avait pas été si enthousiaste, j’aurai probablement
abandonné ma lecture assez tôt. J’ai eu beaucoup de mal à m’intéresser aux
descriptions de soirées festives et alcoolisées, aux comportements extrêmes d’Amy
et de ses amis. Finalement, j’ai été touchée par cette jeune femme racontant sans
détours la spirale infernale dans laquelle elle s’était laissé entraîner, puis
la cure et le combat permanent contre l’envie de boire.
Mais c’est vraiment pour son récit de son séjour aux
Orcades, à la fois thérapie et rédemption, que j’ai été passionnée. Entre introspection
et observation, Amy reprend contact avec elle-même tout en apprenant à
connaître ces îles qu’elle avait tant voulu fuir. Elle qui a passé des années
dans l’euphorie des soirées londoniennes, saoule d’alcool autant que de bruit, seule
au milieu de la foule de pseudos amis, vit désormais dans le calme et le
silence, au plus près de la nature, et si les gens sont peu nombreux, les
relations sont plus sincères et la solitude moins pesante.
C’est au final un très beau témoignage, intime et
magnifiquement écrit, que nous offre Amy Liptrot.
Extrait :
« Depuis que j’étais arrivée à Londres, les événements
s’étaient enchaînés si rapidement que j’avais perdu le contrôle. La ville m’obligeait
à analyser et à filtrer tant de sensations et d’émotions différentes au cours d’un
même instant – visages, publicités, circulation automobile, pauvreté – que mon
esprit se noyait dans un tourbillon perpétuel. Traversée de mille sensations,
je n’en retenais aucune et demeurais vide, les oreilles emplies de
bourdonnements. Désemparée, je ne parvenais plus à prendre les décisions les
plus simples : où aller ? Qui voir ? Que penser ? Je
comblais le vide de mon esprit en me gorgeant d’alcool et d’anxiété. »
« Il serait faux de penser que les insulaires vivent « coupés
du monde » confinés sur un territoire très restreint, nous sommes amenés à
avoir plus de contacts avec nos voisins que dans une grande ville. Heureusement
que nous nous entendons plutôt bien ! »
« Ici, je n’ai pas le choix : je me mêle à des
gens de tous âges et de toutes les origines, alors que, à Londres, je vivais
dans une bulle. J’avais quitté Mainland pour rencontrer de nouvelles personnes,
m’ouvrir à d’autres idées et agrandir mon cercle social, mais, quelques années
après mon arrivée, je ne côtoyais déjà plus que des gens qui me ressemblaient.
Au sein de notre groupe d’mais, nous façonnions nos vie à notre image, les
réduisant à une palette d’émotions et d’expériences si restreintes que nous ne
risquions pas de bousculer nos certitudes. »
« Un soir, au lieu d’assister à une réunion des AA, je
me suis rendue à la toute première rencontre de l’Orkney Astronomical Society.
J’ai cessé de boire pour faire quelque chose de ma vie, pas pour passer mon temps
à raconter que j’ai cessé de boire. »
« Je vis à mi-chemin entre le Moyen-Age et le XXIème
siècle : je me chauffe au bois et je pétris mon pain tout en dépendant de
plus en plus de mon smartphone. »
«J’ai atteint mes confins. Je hurle de toutes mes forces
vers la ligne de brisants qui se forment au large. Les vagues attrapent mon cri
et le renvoient vers le rivage, jusque dans les grottes secrètes de la falaise,
où il grondait résonne loin, très loin, sous mes pieds. »
« Je comble le vide laissé par l’alcool en
m’ouvrant à la beauté de la nature et en m’intéressant à de nouveaux domaines
de connaissance. »
J'ai terminé cette lecture assez mitigée. J'ai été vite lassée moi aussi de la descente dans l'alcoolisme. Ce qui m'a permis de continuer, c'est la description de la vie aux Orcades, que j'ai trouvée magnifique.
RépondreSupprimerOui, j'ai vraiment aimé cette partie. Elle décrit avec beaucoup de simplicité ces îles, la vie quotidienne de leurs habitants, la faune et la flore. C'est à la fois instructif et très beau.
SupprimerHeureusement il y a eu les iles, car les soirées alcoolisées, pas mon truc.J'aime beaucoup l'éditeur
RépondreSupprimerComme moi.
SupprimerTu as donc bien fait de continuer.
RépondreSupprimerOui ;)
SupprimerJ'ai trouvé que la partie londonienne passait rapidement... et était utile pour comprendre la suite (qui est formidable !)
RépondreSupprimerEffectivement, cette partie trouve son utilité après et permet de comprendre la narratrice, mais quel ennui ces soirées de beuverie !
SupprimerOui je le reconnais, il y a des longueurs...
RépondreSupprimerIl ne me tente pas et comme toi, avant je n'osais pas terminer un livre. Maintenant, je ne m'encombre plus ; j'attends quand même un certain nombre de pages, proportionnellement au livre.
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