Pages

mardi 21 juillet 2020

De bonnes raisons de mourir - Morgan Audic

Par Ariane


Auteur : Morgan Audic

Titre : De bonnes raisons de mourir

Genre : roman policier

Langue d’origine : français

Editeur : Albin Michel

Nombre de pages : 496p

Date de parution : mai 2019

Mon avis :

Repéré chez Eva, ce polar a rempli toutes ses promesses.

Leonid Sokolov est retrouvé assassiné dans la ville de Prypiat, désertée depuis l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl trente ans plus tôt. Son cadavre mutilé a été accroché à la façade d’un immeuble. Le commissaire Melnyk comprend vite qu’un lien doit exister entre le meurtre de Leonid et celui de sa mère, la nuit même de la catastrophe. En Russie, le père de Léonid, ne faisant pas confiance à la police ukrainienne, décide d’engager le lieutenant Ribalko, originaire de Prypiat, pour retrouver le meurtrier de son fils.

Morgan Audic nous propose un roman noir à l’intrigue efficace et bien construite. Les pages défilent à toute vitesse, le mystère plane même si quelques pistes se dessinent et certaines finiront par se concrétiser. On est ici dans un roman bien noir, les crimes commis sont atroces et le décor post apocalyptique de Prypiat s’y prête particulièrement !

J'ai beaucoup aimé les enquêtes croisées de Rybalko et Melnyk, chacun disposant d’informations manquant à l’autre. Ces deux personnages, de tempéraments très différents, incarnent deux profils de flics que l’on croise régulièrement dans les romans et films policiers. D’un côté le vieux flic, un peu désabusé, de l’autre la tête brûlée, en plein divorce difficile. Pourtant, l’auteur a su donner de l’épaisseur à ces personnages qui auraient pu être de véritables clichés.

Au-delà de l’intrigue policière, j’ai été très intéressée par le contexte historique et social. Morgan Audic nous parle d’une catastrophe qui nous semble lointaine, dans le temps et dans l’espace. Un devoir de mémoire et de vigilance. Il nous raconte aussi comment les choses se passent aujourd’hui dans la zone d’exclusion de Tchernobyl, le retour de certains habitants, les magouilles de trafiquants sans scrupules, la prolifération d’animaux qui ne sont plus dérangés par l’activité humaine, les maladies et malformations touchant les humains comme les animaux, le tourisme et les incursions des stalkers. Il y est également question de la guerre du Donbass, sur laquelle j’ignore tout il faut bien le dire…

Je termine ma lecture ravie comme je ne l’ai pas été depuis longtemps par ce genre de roman.



Extrait :

« Avec amertume, il se dit que le monde se souvenait de dictateurs, de joueurs de foot brésiliens et d'artistes peignant des carrés blancs sur fond blanc, mais que personne ne pouvait donner le nom d'un seul de ces hommes qui avaient sauvé l'Europe d'un cataclysme nucléaire sans précédent. Qui connaissait Alexeï Ananenko, Valeri Bespalov et Boris Baranov? Qui savaient qu'ils s'étaient portés volontaires pour plonger dans le bassin inondé sous le réacteur 4, pour activer ses pompes et le vider de son eau avant que le cœur en fusion ne l'atteigne? Qui savait que si le magna d'uranium et de graphite s'était déversé dans le bassin, il se serait produit une explosion de plusieurs mégatonnes qui auraient rendu inhabitable une bonne partie de l'Europe? Qui le savait? »



« L'aveu, l'aveu... C'était une obsession dans la police soviétique, à tous les niveaux. Tout criminel devait avouer son crime, comme Raskolnikov dans Crimes et Châtiments, comme les accusés dans les grands procès staliniens. C'était le couronnement de toute bonne enquête. Les preuves étaient presque superflues en comparaison. On pouvait les fabriquer par la suite. »



« - Je suis né soviétique. La Russie, c'est mon pays. L’Ukraine aussi. Choisir entre les deux, ce serait comme choisir entre mon père et ma mère.
- Votre père battait votre mère ? Parce que là, l'Ukraine a de beaux cocards, quand même. »

5 commentaires:

  1. Le contexte est inhabituel et est très tentant en effet. Ça ne me paraît pas si loin que ça la catastrophe de Tchernobyl et c'était tellement marquant sur le coup.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'avais 4 ans quand ça c'est produit, je n'en ai aucun souvenir, c'est un événement que j'ai surtout découvert en cours d'histoire.
      Mais par exemple le 11 septembre 2001, j'avais 20 ans, je m'en souviens précisément, c'est un événement qui m'a profondément marquée. Mais pour mes nièces qui avaient 5 et 1 an cela semble probablement bien loin...

      Supprimer
  2. Les avis sont décidément très bons sur ce roman, qui me tente de plus en plus...

    RépondreSupprimer
  3. Le contexte me tente, car on ne sait pas grand chose de cette région du monde.

    RépondreSupprimer