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samedi 3 juillet 2021

Les nuits d'été - Thomas Flahaut

Par Ariane

 



Auteur : Thomas Flahaut

Titre : Les nuits d’été

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : éditions de l’olivier

Nombre de pages : 224p

Date de parution : août 2020

 

Mon avis :

Les nuits d’été… Un titre qui évoque l’insouciance, la liberté, le chant des grillons… Rien de tel ici. Les nuits d’été sont celles du travail à l’usine et l’on n'entend que le bruit des machines …

Le temps d’un été, Thomas, Louise et Mehdi retournent dans leur Jura natal. Mehdi vit de petits boulots, l’hiver dans une station de ski, l’été à l’usine. Cette même usine où son père travaillait pendant des années. Thomas l’y rejoint, cachant à ses parents qu’il a raté ses examens et qu’il ne pourra pas retourner à l’université en septembre, tandis que sa sœur jumelle, Louise prépare une thèse sur le milieu ouvrier jurassien. 

Au cours de cet été passé en compagnie de ces trois personnages, nous assistons à la disparition d’un monde. L’usine qui a fait vivre des générations d’ouvriers va fermer ses portes. Les patrons suisses en ont décidé ainsi, scellant sans états d’âmes le sort de dizaines d’ouvriers. Pour les jeunes issus des familles ouvrières, les opportunités sont rares : passer de l’autre côté de la frontière chaque jour pour aller travailler à l’usine ou fuir loin de la région. Ce roman ultra contemporain est avant tout un roman social, version 2020 d’un Germinal. Après tout, certaines choses n’ont pas changé…

 

Extrait :

« Ceux qui se disent ouvriers, c'est ceux qui sont fixes, qui peuvent se payer une maison à la frontière s'ils arrivent à travailler assez longtemps sans se casser le dos, se faire licencier ou se tuer sur la route. Moi, mon père, il était ouvrier. Quand t'es intérimaire, t'as beau faire le travail d'un ouvrier, t'es pas un ouvrier. C'est un vieux mot de toute façon. Il est presque plus utilisé. Ton frère, il l'utilise. Parce qu'il doit rêver du communisme ou un truc comme ça. Mais je suis sûr que maintenant qu'il a été opérateur, il l'utilise plus. C'est un mot que les gens qui n'ont jamais mis les pieds dans l'usine utilisent pour rêver. D'ailleurs, une fois, j'ai pensé à ce que ça pouvait signifier, ce mot, opérateur. Un ouvrier, ça fait une œuvre. Ça sait ce que ça fait, même si son boulot est chiant, que c'est que des petits gestes paramétrés à l'avance. Et puis, ça signifiait autre chose encore, à une autre époque. Ça signifiait un monde et une fierté. Quand t'es opérateur, tu fais des opérations. C'est tout. Tu vaux moins que la machine, t'es pas fier. Ya pas de monde non plus. Tu te fais pas d'amis parmi les collègues intérimaires parce que tout le monde change tout le temps de boîte. Et les fixes, ils te regardent de haut. Tout ce qui fait tenir, quand tu bosses en Suisse, c'est l'argent. Les ouvriers ont de la loyauté envers leur usine. Moi, je suis opérateur intérimaire et je suis loyal envers l'argent. »

 


 

5 commentaires:

  1. J'ai beaucoup aimé Ostwald, le premier roman de cet auteur, qui flirte avec l'anticipation, mais se déroule aussi dans le monde ouvrier.

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  2. Tout pareil qu'Ingannmic, du coup je suis très tenté, surtout par le côté social.

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  3. Malheureusement, certaines choses ne changent pas.

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