Par Daphné
Résumé de l'éditeur:
" Sous la lune et les étoiles, seul avec son fils, Omoro procéda au dernier rite de l'imposition du nom. Il marcha jusqu'aux confins du village, et là, élevant le petit en lui tournant le visage vers le ciel, il murmura tout doucement : " Regarde, cela seul est plus grand que toi ". Alors qu'il ramassait du bois pour en faire un tambour, le fier Kinté, fils d'Omoro, est capturé par des toubabs qui l'envoient récolter le coton de l'autre côté de l'Océan, en Virginie. Le destin de sa race est scellé : ses descendants seront esclaves de père en fils, humiliés, battus, vendus au plus offrant, séparés de ceux qu'ils aiment. En faisant revivre son aïeul et sa lignée sur sept générations, l'auteur retrace l'histoire terrible, déchirante et véridique de ses ancêtres africains. Une immense saga.
Mon avis:
L'auteur nous conte ici l'histoire de son ancêtre, Kunta Kinté, dont il a entendu parler depuis tout petit et dont il est parvenu à remonter la trace. Né en Gambie, en 1767, Kunta est le premier-né de sa famille. Il grandit dans son village selon les traditions de son peuple mais sa vie prendra un tournant différent - et tragique- le jour où il sera enlevé et emmené en Amérique où il deviendra esclave.
Débutant en premier jour de la vie de Kunta jusqu'à la génération de l'auteur, ce livre ne nous épargne rien. On suit d'abord les premiers pas de Kunta, son enfance, la manière dont il grandit au sein de son village et de sa famille, puis l'horreur : l'arrachement aux siens, à sa terre, les détails insoutenables de la traversée en bateau, la mise en esclavage, les tentatives de fuite... Entre Kunta et l'auteur, il y a plusieurs générations, celles qui naîtront et mourront esclaves, celles qui connaîtront la liberté. Et il y a la tradition orale, qui permettra à l'auteur de retrouver les traces de son ancêtre, de connaître son histoire et de l'écrire. Car Kunta a voulu transmettre son histoire, ne pas oublier d'où il venait. Et ce qu'il a transmis à sa fille, Kizzy, cette dernière l'a transmis à son tour. Ne pas oublier. Tel est sans doute l'un des messages les plus forts de ce livre. Ne pas oublier ce qui est arrivé à Kunta, et à tant d'autres. Ne pas oublier la cruauté, l'horreur, le cri qui se perpétue de génération en génération, ce cri poussé par tant de personnes.
Non, ce livre ne nous épargne rien, C'est un livre douloureux et indispensable, un livre où l'on voit cependant poindre l'espoir. Un livre à lire absolument pour ne pas oublier.
Extrait :
"Les fouets claquèrent pour les pousser vers un endroit où se trouvaient déjà une dizaine d'hommes enchaînés sur lesquels on déversait des seaux d'eau de mer remontés par-dessus le bordage. Et puis, malgré leurs cris, les hommes furent frottés par les toubabs avec des brosses à long manche. Kounta se mit lui aussi à hurler sous le flot d'eau salée qui pénétrait comme du feu dans les sanglantes zébrures du fouet et dans la marque au creux de ses épaules. Mais lorsqu'on se mit à le frotter à la brosse, en insistant bien, pour décoller les plaques d'ordure, la douleur devint intolérable, car les durs brins pénétraient dans les sillons sanglants du fouet, arrachaient la peau, fouillaient la chair à vif. A leurs pieds, l'eau moussait rose. Puis on les repoussa jusqu'au milieu du pont, où ils s'effondrèrent, pressés les uns contre les autres."
Figure toi que j'ai lu ce roman, il y a des décennies, je l'ai encore, mais jamais relu.
RépondreSupprimerUn de ces romans que l'on n'oublie pas.
RépondreSupprimerCoucou ! J'avais entendu parler de ce livre il y a fort longtemps, dans le cadre de mon travail d'éditrice. Tu le fais resurgir à merveille, et en plus je vois qu'il est dispo dans ma bibliothèque de quartier. Merci beaucoup, je me le note <3
RépondreSupprimerje note ... mais je retiens aussi que ce n'est pas à lire n'importe où n'importe quand.
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