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dimanche 31 mai 2015

Dans ma bibliothèque (mai 2015)

Par Ariane

Je vous donne rendez-vous désormais à la fin de chaque mois pour faire un point sur les entrées et les sorties de ma bibliothèque.
Je n'ai vraiment pas été raisonnable ce mois-ci. Que ce soit pour moi ou pour mes filles, beaucoup de livres ont fait leur entrée dans nos bibliothèques :

Et je danse, aussi d'Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat. Il a tellement plu sur la blogosphère que je me suis laissée tenter.
Terminus belz d'Emmanuel Grande, sélectionné grâce au livret conseil de ma librairie.


Une saison à Longbourn de Jo Baker. Repéré en librairie, j'ai été séduite par la couverture et le résumé.








 Plus haut que la mer de Francesca Melandri. Choisi grâce au billet enthousiastes de Clara.
Une disparition inquiétante de Dror Mishani. Des avis partagé sur ce polar israélien et un résumé alléchant.










 Fin de mission de Phil Klay. Choisi en toute confiance sur les conseils de mon libraire.









Les trouvailles au salon étonnants voyageurs de Saint-Malo

 Le monde du bout du monde de Luis Sepulveda. Parce que Luis Sepulveda tout simplement.

 Les grandes villes n'existent pas de Cécile Coulon. Une auteure que j'ai découverte récemment mais pour laquelle j'ai un énorme coup de cœur.
 Les sangs d'Audrée Wilhelmy. Une auteure inconnue pour moi, j'ai pris son livre en main un peu par hasard et devant son sourire et sa gentillesse j'ai eu envie de l'acheter.
Ne laisse pas la mer t'avaler d'Alain Jégou. Mon premier polar breton.











Du côté des enfants :

Petit chien de Guido Van Guenechten. En librairie, ce livre m'a tout de suite séduite par ces jolis dessins.












Qui met les animaux au lit ? de Holly Clifton-Brown et Kelly Mij










Au salon Étonnants voyageurs

Le roi-lapin de Nadine brun-Cosme et Anne Isabelle Le Touzé. Parce qu'il est trop mignon ce petit lapin !









Reçus grâce à l'abonnement avec L'école des loisirs

 Petit ours mal peigné de Chris Wormell
Théo Météo de Kimiko et Cédric Ramadier










En mai j'ai  sorti de ma PAL 



Trois livres sortis de la PAL, c'est déjà pas mal ! 

Le mois prochain j'espère être plus raisonnable sur les entrées et faire sortir plus de livres de ma PAL. A voir au prochain rendez-vous ! 





samedi 30 mai 2015

Salon du livre enfance et jeunesse des deux Ménés (1ère édition)



Par Ariane


Aujourd'hui a eu lieu à Louargat la 1ère édition du salon du livre enfance et jeunesse des deux Ménés. Étaient réunis des auteurs, illustrateurs et ma librairie préférée. Pas d'auteurs très connus, ni de grandes maisons d'éditions mais des auteurs à découvrir. Cela fait du bien de sortir des sentiers balisés. Des albums pour les plus petits, des romans pour les plus grands et les ados, des livres en breton,... il y avait du choix.
Un spectacle très sympathique a été proposé aux enfants par la compagnie La cinquième roue du carrosse. Ô surprise ! parmi les comédiennes/musiciennes je retrouve ma libraire. Un spectacle de chansons illustrées en ombres chinoises. De l'humour et de la poésie, que demander de plus ?



La sélection des filles :



Doux rêves de moutons                     Le zerbeuh                                           La soupe au pili-pili
de Sanoe Tone                                    de Jean-Marie Back                            de Yves Pinguilly
                                                              et sa fille Maurane                               et Florence Koenig

Rendez-vous l'année prochaine j'espère ! 
 

Meursault, contre-enquête - Kamel Daoud

Par Ariane



Prix Goncourt du premier roman 2014

Prix François Mauriac 2014

Prix des cinq continents de la francophonie 2014

Auteur : Kamel Daoud

Titre : Meursault, contre-enquête

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : Actes sud

Nombre de pages : 160p

Date de parution : mai 2014

Présentation de l’éditeur :

Il est le frère de “l’Arabe” tué par un certain Meursault dont le crime est relaté dans un célèbre roman du xxe siècle. Soixante-dix ans après les faits, Haroun, qui depuis l’enfance a vécu dans l’ombre et le souvenir de l’absent, ne se résigne pas à laisser celui-ci dans l’anonymat : il redonne un nom et une histoire à Moussa, mort par hasard sur une plage trop ensoleillée.
Haroun est un vieil homme tourmenté par la frustration. Soir après soir, dans un bar d’Oran, il rumine sa solitude, sa colère contre les hommes qui ont tant besoin d’un dieu, son désarroi face à un pays qui l’a déçu. Étranger parmi les siens, il voudrait mourir enfin…
Hommage en forme de contrepoint rendu à L’Étranger d’Albert Camus, Meursault, contre-enquête joue vertigineusement des doubles et des faux-semblants pour évoquer la question de l’identité. En appliquant cette réflexion à l’Algérie contemporaine, Kamel Daoud, connu pour ses articles polémiques, choisit cette fois la littérature pour traduire la complexité des héritages qui conditionnent le présent.



Mon avis :

Dans un bar d’Oran, un vieil homme, Haroun, adresse à son interlocuteur un long monologue. Il est le frère de « l’arabe » tué sur une plage d’Alger en 1942 par Meursault. Kamel Daoud offre une identité et une histoire à celui qui en a été privé. J’ai trouvé particulièrement intéressante cette approche.

Kamel Daoud s’amuse à brouiller les frontières entre fiction et réalité. Car ici ce n’est pas Camus qui a écrit le livre, mais Meursault lui-même qui raconte son histoire et son crime dans un livre intitulé L’Autre. Mes souvenirs de l’œuvre de Camus sont peu nombreux, mais cela m’a suffit à repérer certains parallèles entre le roman de Camus et celui de Daoud. La première phrase par exemple « Aujourd’hui, M’ma est toujours vivante. » résonne comme un écho à la célèbre phrase « Aujourd’hui, Maman est morte. » Des parallèles aussi entre le destin de Meursault et celui d’Haroun. C’est un jeu de miroirs qui peut amuser les connaisseurs de l’œuvre de Camus.

Kamel Daoud pose ici la question du poids du passé sur la vie d’un homme. Le meurtre de Moussa pose une marque indélébile sur la vie d’Haroun. Celui-ci portera le poids de la disparition de son frère, le poids du meurtre et de l’injustice. Mais à travers eux, s’incarnent les blessures causées par la colonisation.

Un unique petit regret : j’aurai aimé en savoir plus sur Moussa lui-même car le récit est centré sur Haroun le frère. Finalement, dans ce roman aussi Moussa n’est qu’un personnage secondaire, qui s’il a retrouvé son nom est toujours privé de parole.

Haroun est un personnage intéressant. Marqué par la mort de son frère, il devient lui aussi un assassin. Peut-être pour rétablir un certain équilibre, il tue un français. Haroun est un vieil homme qui observe aussi avec circonspection les changements survenus dans son pays. Les espoirs nés suite à la Libération se sont effondrés. Haroun semble se tenir à distance de tout ce qui l’entoure. Et aussi de ceux qui l’entourent. Finalement, c’est lui l’étranger.

Mais quelle belle écriture ! L’on ressent pleinement la colère larvée d’Haroun, la frustration, l’aigreur. Mais en même temps, Kamel Daoud parvient à y glisser une certaine légèreté, et même de la poésie.

J’ai lu l’œuvre de Camus au lycée mais je n’avais pas vraiment apprécié, mais Kamel Daoud m’a donné envie de redécouvrir cette œuvre. Un prix Goncourt du premier roman amplement mérité pour cette œuvre audacieuse.



Extrait :

« Il y a toujours un autre, mon vieux. En amour, en amitié, ou même dans un train, un autre, assis en face de vous et qui vous fixe, ou vous tourne le dos et creuse les perspectives de votre solitude. »


J'ai partagé cette lecture avec Jostein

Lu dans le cadre du challenge tour du monde 

vendredi 29 mai 2015

Un homme effacé - Alexandre Postel

Par Ariane


Prix Goncourt du Premier roman 2013
Auteur : Alexandre PostelTitre : Un homme effacé
Genre : roman
Langue d’origine : français
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 256p
Date de parution : janvier 2013

Présentation de l’éditeur : 
Damien North est professeur de philosophie dans une université cossue. Veuf, il mène une vie triste et solitaire. Mais un jour, il est embarqué par la police qui l'accuse d'avoir téléchargé sur son ordinateur des images provenant d'un réseau pédophile... L'affaire fait grand bruit, d'autant que Damien est le petit-fils d'Axel North, figure politique historique. L'inculpé a beau se savoir innocent, chacun se souvient d'un geste, d'une parole qui, interprétés à la lumière de la terrible accusation, deviennent autant de preuves à charge. Même une banale photo de sa nièce, unique enfant de son entourage, ouvre un gouffre d'horribles suppositions. Le terrible engrenage commence tout juste à se mettre en marche. Alexandre Postel décrit avec acuité la farce des conventions sociales, les masques affables sous lesquels se cachent le pouvoir, la jalousie ou le désir de nuire - et les dérives inquiétantes d'une société fascinée par les images.

Mon avis :
Ce roman mérite amplement son prix Goncourt du premier roman. Quelle maîtrise !
Comme le titre l’indique, le personnage principal est un homme effacé. Discret et solitaire, mal à l’aise en société, il vit comme un vieux garçon, entre l’université (située dans une ville imaginaire) où il est enseignant et sa maison. Lorsqu’il est accusé de possession d’images pédopornographiques, il n’y a personne pour le défendre, personne pour croire en lui car personne ne le connaît vraiment.
Mais le titre est aussi révélateur de l’effet de cette accusation sur Damien North. C’est un homme à la personnalité effacée certes, mais pas seulement. Effacé par sa vie détruite. Effacé car il n’est plus Damien North, il perd son identité pour devenir aux yeux de tous un pervers puis une victime.
Effacé, broyé, démoli. Damien North est écrasé par les rouages de la justice où chaque parole, chaque geste est interprété au prisme de l’accusation, où la parole la plus innocente peut se retourner contre vous, où un geste anodin peut être interprété tout autrement. Damien North est détruit aussi par le pouvoir de la rumeur, la puissance des médias.
C’est une plongée en enfer passionnante, très bien écrite et qui pose de nombreuses questions sur notre monde actuel.

Extrait : 
«Quoi qu’il arrive, il faut vous faire à l’idée que vous ne ressortirez pas blanchi du tribunal. C’est une illusion de croire ça. On ne ressort pas blanchi d’un procès comme celui-ci. Soit on en ressort sali, soit on n’en ressort pas du tout.» 

L'avis de Keisha, Professeur Platypus, Sandrion,

jeudi 28 mai 2015

Blond cendré - Eric Paradisi

Par Daphné


















Auteur :Eric Paradisi
Titre : Blond cendré
Genre : roman
Langue d’origine : français
Éditeur : JC Lattès
Nombre de pages : 249
Date de parution : 2014

Résumé de l'éditeur:

Alba et Maurizio se rencontrent à Rome pendant la guerre. Elle transmet les messages de la Résistance, il est coiffeur dans le ghetto. Déporté à Auschwitz, Maurizio survit en devenant le barbier de sa baraque, sans jamais renoncer au souvenir d’Alba, à la délicatesse de son visage dessiné sur du papier volé. 
Ce portrait, comme sa souffrance, Maurizio l’a confié à sa petite-fille. 
Des années plus tard, au cours d’une interminable nuit, elle raconte à l’homme qu’elle aime cette histoire qui est son héritage. Mais à mesure que la nuit avance, le drame resurgit…

Mon avis:

Voici un livre au goût de cendre, au parfum de cendre, à l'odeur de cendre...Les cheveux blond cendré d'Alba, les cendres des cheminées d'Auschwitz, les cendres qui resurgissent, des années plus tard, dans l'histoire de Flor, la petite fille de Maurizio.

Flor est la seule narratrice de ce roman et c'est pourtant un roman à deux voix: la voix d'une petite-fille racontant l'histoire de son grand-père et la voix de cette même personne, s'adressant à l'homme qu'elle aime dans une longue litanie, un chant dans lequel elle lui souffle son amour. C'est à cet homme également qu'elle raconte l'histoire de Maurizio. Deux voix, deux histoires, qui se rejoignent, s'entremêlent et n'en font plus qu'une dans un curieux concours de circonstances qu'on pourrait peut être nommer la fatalité. Fatalité, coïncidence ou étrangeté intergénérationnelle...

Deux histoires, donc, composent ce roman. L'histoire de Maurizio, son amour pour Alba, sa déportation, la manière dont il survit à Auschwitz, sa vie après la guerre, après l'horreur...Ces chapitres consacrés à Maurizio sont durs, très durs. Rien ne nous est épargné de la vie - si tant est qu'on puisse utiliser le mot "vie"- à Auschwitz. C'est l'horreur, l'inhumain, qui nous est décrit à travers les yeux de Maurizio. 

L'histoire de Flor, cette longue litanie adressée à l'homme qu'elle aime, j'ai mis quelques chapitres avant de la comprendre. Je me suis demandé un moment où elle voulait en venir même si j'ai compris ce qu'il en était avant qu'elle ne nous le révèle clairement. Ce long chant d'amour donne un ton étrange au roman. Ces mots que Flor adresse à l'homme qu'elle aime sont à la fois poétiques et "détachés". Malgré l'amour que l'on sent dans ces mots, il y a comme une distance, distance que l'on finit par comprendre au fil des pages.

Vie et mort se côtoient ici, se mêlant l'une à l'autre. La vie, tout comme la mort, sont ici représentées par les cendres. Les cendres meurtrières du feu, des cheminées mais également les cendres de l'amour. L'amour est présent tout au long de ce roman. amour fort, puissant, intense. L'amour qui permet de vivre, l'amour, étincelle d'humanité dans l'horreur:  "Si les morts parlent aux vivants, c'est pour leur apprendre comment vivre et ne se souvenir que de l'amour."

"Blond cendré" est un livre intense, à la fois très dur et plein de sensibilité. Un livre qui ne laisse pas indifférent.


Extrait:

 «  À Auschwitz il n'y avait qu'une seule couleur, murmura-t-il, celle de la cendre. » Le peintre le considéra avec émotion, puis lui dit avec douceur : « Chaque homme a le droit à une couleur, celle de sa liberté, il existe une infinie de couleurs pour chacun d'entre nous. Un jour, tu trouveras la tienne... » »