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samedi 22 août 2015

La chaise numéro 14 - Fabienne Juhel

Par Ariane



Auteur : Fabienne Juhel

Titre : La chaise numéro 14

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : Le Rouergue

Nombre de pages : 288p

Date de parution : mars 2015

Présentation de l’éditeur :


À la fin de la seconde guerre mondiale, à Saint-Brieuc, la jeune Maria Salaun est tondue par son ami d'enfance, Antoine, pour avoir vécu une histoire d'amour avec un officier allemand. Le commando de maquisards, débarquant dans une Jeep de l'armée américaine, impose à la jeune fille l'humiliation publique, en l'asseyant sur une chaise de bistrot, dans la cour de l'auberge de son père, devant la foule friande de spectacle.

Maria n'oppose aucune résistance, sauf celle de se présenter devant eux pieds nus, dans une robe de mousseline blanche, sa flamboyante chevelure rousse déployée. Sans pleurer ni baisser les yeux, elle se laisse tondre.

Mais la honte va bientôt passer dans l'autre camp. Six noms sont sur sa liste...



Mon avis :


Eté 1944, alors que les forces alliées avancent et repoussent les troupes allemandes, la rancune accumulée pendant des années éclate. Le peuple réclame vengeance pour les années d’humiliation et une justice expéditive se répand. Dénonciations ou rumeurs suffisent à condamner un homme à mort, une femme à être tondue. Et parfois, trop souvent, certains en profitent pour régler leurs comptes personnels.


Maria est l’une de ces femmes. Tondue devant l’auberge de son père elle reste digne malgré l’humiliation. Belle comme un ange dans sa robe blanche héritée de sa mère, elle fait face, ne pleure pas, ne résiste pas. Quel est le crime de Maria ? Avoir aimé un Allemand ? Ou n’est-elle pas coupable plutôt d’avoir repoussé les avances d’Antoine ? Antoine l’ami d’enfance, aujourd’hui chargé de haine et de rancœur, dirige le commando qui tond la jeune fille.


Maria part à la reconquête de sa dignité. Pour cela elle va se confronter aux six noms figurant sur sa liste. Vêtue de sa robe blanche et portant la chaise sur laquelle elle fut tondue, un sac en toile de jute contenant sa chevelure accroché à la taille, elle parcourt les rues de la ville pour leur faire face. 


Fabienne Juhel aborde ici un thème rarement abordé que ce soit par la littérature ou le cinéma. Probablement parce que la honte est toujours présente. La honte de celles qui furent tondues, la honte de ceux qui n’ont rien fait, la honte de ceux qui ont rendu cette parodie de justice. J’aime beaucoup que les auteurs évoquent des sujets rarement traités. Et ce sujet m’interpelle particulièrement. 


Toutefois, j’ai éprouvé peu de sympathie pour le personnage de Maria. Elle m’a semblé trop distanciée de ses émotions. Son personnage me semblait beaucoup trop allégorique pour être réellement assimilé aux femmes qui vécurent cette situation.

L’écriture de Fabienne Juhel est très particulière, alternant simplicité et lyrisme. 


Une lecture intéressante mais qui ne m’a pas totalement séduite.



Extrait :


« Elle avait posé les mains à plat sur ses cuisses, doigts écartés, et, prise d’arithmomanie, elle se bornait à les compter et les recompter dans l’attente de son sort. Elle espérait ne pas voir ses mains trembler quand elle sentirait les lames de ciseaux voleter autour d’elle tel un papillon carnassier. Elle accentuait leur pression pour dominer sa nervosité. Se perdait à l’envi dans la table de multiplication de cinq qu’elle se récitait dans l’ordre et à l’envers.

Montrer à tous que la honte n’était pas de son côté. Que la honte n’était pas son souci, mais qu’elle deviendrait le leur, après. »

Lu dans le cadre du challenge Petit bac dans la catégorie objet
D'autres avis chez Clara,

3 commentaires:

  1. Il me tente beaucoup ce roman et ce serait enfin l'occasion de découvrir Fabienne Juhel.

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  2. Si tu n'es as totalement séduite, je préfère m'abstenir.

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