Pages

mardi 14 février 2017

Celle qui fuit et celle qui reste - Elena Ferrante

Par Ariane


Auteur : Elena Ferrante

Titre : Celle qui fuit et celle qui reste

Genre : roman

Langue d’origine : italien

Editeur : Gallimard

Nombre de pages : 480p

Date de parution : janvier 2016

Présentation de l’éditeur :

Après L’amie prodigieuse et Le nouveau nom, Celle qui fuit et celle qui reste est la suite de la formidable saga dans laquelle Elena Ferrante raconte cinquante ans d’histoire italienne et d’amitié entre ses deux héroïnes, Elena et Lila.
Pour Elena, comme pour l’Italie, une période de grands bouleversements s’ouvre. Nous sommes à la fin des années soixante, les événements de 1968 s’annoncent, les mouvements féministes et protestataires s’organisent, et Elena, diplômée de l’École normale de Pise et entourée d’universitaires, est au premier rang. Même si les choix de Lila sont radicalement différents, les deux jeunes femmes sont toujours aussi proches, une relation faite d’amour et de haine, telles deux sœurs qui se ressembleraient trop. Et, une nouvelle fois, les circonstances vont les rapprocher, puis les éloigner, au cours de cette tumultueuse traversée des années soixante-dix.
Celle qui fuit et celle qui reste n’a rien à envier à ses deux prédécesseurs. À la dimension historique et intime s’ajoute même un volet politique, puisque les dix années que couvre le roman sont cruciales pour l’Italie, un pays en transformation, en marche vers la modernité.



Mon avis :

Comme beaucoup de lectrices et de lecteurs, j’attendais avec impatience la sortie du troisième tome de L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante. Après il m’a encore fallu patienter jusqu’à son arrivée à la bibliothèque. Aussi lorsqu’il est enfin arrivé,  ma patience était déjà bien entamée et, bien qu’à ce moment-là en pleine excursion en Angleterre aux côtés d’un Bill Bryson toujours hilarant, je n’ai pas pu attendre plus longtemps. J’ai donc quitté la Grande-Bretagne pour une excursion napolitaine. Et quel plaisir de retrouver Elena et Lila !

Lila et Elena sont désormais de jeunes femmes que ce roman suit jusqu’à l’orée de la trentaine. Elena, la narratrice, est au cœur de l’histoire mais malgré leur éloignement géographique, le lien avec Lila se maintient. Peut-être pas pour le meilleur. Car l’amitié qui lie ces deux personnages est bien ambigüe. Mélange d’amour, d’envie et de haine. Elena n’a jamais caché son admiration pour Lila, tandis que l’attitude de celle-ci est nettement moins bienveillante. Probablement parce que Elena mène la vie dont Lila après que ses parents l’aient contrainte à arrêter sa scolarité. Quant à Elena, son soutien inconditionnel envers Lila et sa détermination à lui tendre la main, expriment bien la culpabilité qu’elle ressent.

Encore une fois la condition féminine est largement explorée par l’auteur. Les premiers tomes parlaient de l’enfance, de la banalité des violences envers les femmes commises aussi bien par les maris que par les frères, de la découverte de la sexualité, de l’accès à l’éducation. Cette fois, on parle principalement de la vie conjugale et de la maternité.

Après son mariage, Elena a quitté son quartier de Naples pour Florence où enseigne son mari. Elle mène désormais une vie confortable, mais malgré cela elle n’arrive pas à trouver le bonheur. La solitude lui pèse. Tout comme lui pèse la condition à laquelle elle avait cru échapper par ses études : femme et mère au foyer. Malgré l’amour qu’elle porte à ses enfants Elena est une femme profondément malheureuse. J’ai été très touchée par la détresse de ce personnage auquel je me suis attachée depuis le début.

Parallèlement à ce thème, les tensions politiques des années de plomb servent de toile de fond. Fascistes et communistes s’affrontent et les blessures sont profondes, y compris dans le quartier. Ne connaissant que vaguement, très vaguement même, l’histoire politique de l’Italie contemporaine, j’ai trouvé ces passages intéressants.

Un regret tout de même : Elena vit loin de Naples désormais et par conséquent loin du quartier qui jouait pour beaucoup dans le charme de la saga. Loin du quartier chaleureux, bruyant et vivant de l’enfance, Florence semble à Elena bien terne en comparaison.

Encore un coup de cœur pour ce troisième tome, il faut patienter encore jusqu’à la parution du dernier tome. Une question me taraude toutefois : combien de temps ce dernier est-il sensé couvrir ? Car jusqu’ici, en trois volumes, on a suivi les filles pendant une trentaine d’années. Va-t-on alors en un seul volume couvrir trois autres décennies ?



Extrait :

« Devenir. Ce verbe m’avait toujours obsédée, mais c’est en cette circonstance que je m’en rendis compte pour la première fois. Je voulais devenir, même sans savoir quoi. Et j’étais devenue, ça c’était certain, mais sans objet déterminé, sans vraie passion, sans ambition précise. J’avais voulu devenir quelque chose –voilà le fond de l’affaire-seulement parce que je craignais que Lila devienne Dieu sait quoi en me laissant sur le carreau. Pour moi devenir, c’était devenir dans son sillage. Or, je devais recommencer à devenir, mais pour moi, en dehors d’elle, en tant qu’adulte. »

L'avis d' Eva

https://deslivresdeslivres.wordpress.com/2014/06/05/challenge-1-pave-par-mois/comment-page-17/#comment-33156

6 commentaires:

  1. que je suis contente que ce soit un coup de coeur pour toi également! :)

    RépondreSupprimer
  2. Un grand coup de cœur pour moi également!
    Daphné

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce n'est pas la première fois que nous partageons un coup de cœur.

      Supprimer
  3. Je ne m'étais pas posé les questions que tu poses à la fin de ton billet mais ce sont d'excellentes questions ! Peut-être le dernier tome sera-t-il très volumineux...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai hâte de le lire même si je regretterai de quitter Elena et Lila.

      Supprimer