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jeudi 7 septembre 2017

Du domaine des murmures - Carole Martinez (lecture commune)

Par Ariane et Daphné


Auteur : Carole Martinez

Titre : Du domaine des murmures
Genre : roman
Langue d’origine : français
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 208p
Date de parution : août 2011

Résumé de l'éditeur : En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire "oui" : elle veut faire respecter son vœu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe... Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l'entraînera jusqu'en Terre sainte. Carole Martinez donne ici libre cours à la puissance poétique de son imagination et nous fait vivre une expérience à la fois mystique et charnelle, à la lisière du songe. Elle nous emporte dans son univers si singulier, rêveur et cruel, plein d'une sensualité prenante.

L'avis de Daphné :
Gardant un très beau souvenir du Cœur cousu, le premier roman de Carole Martinez, c'est avec plaisir que je me suis plongée dans un autre de ces livres!

En 1187, Esclarmonde, 15 ans, choisi de dire non à un mariage arrangé et de s'offrir à Dieu en se faisant emmurer dans une cellule auprès d'une chapelle. 

C'est avec un grand talent littéraire que Carole Martinez nous conte l'histoire d'Esclarmonde. Avec une écriture à la fois vive et poétique, elle nous entraîne dans un récit aux allures de conte où l'on assiste aux prémices d'une légende. Superstitions et religion se mêlent ici, nous décrivant la violence des sacrifices, des croisades et des conditions de vie des femmes au Moyen-Age. La partie historique est bien documentée et le réalisme contrebalancé par un côté merveilleux avec un très bon équilibre.

Enfermement et liberté, amour maternel et féminité sont au cœur de ce récit qui entrelace habilement le rêve et la réalité. Le récit d'Esclarmonde traverse les siècles, nous permettant de découvrir une époque où la religion régit chaque élément de la vie mais où demeurent avec force les croyances païennes. 

Les personnages féminins s'opposent et se complètent à la fois nourrissant les légendes et faisant de leurs histoires un véritable hymne à la femme et à la vie. 

Qu'il est bon, à travers la magnifique plume de l'auteur d'écouter le murmure des temps anciens!


Extrait choisi par Daphné :
"Le monde en mon temps était poreux, pénétrable au merveilleux. Vous avez coupé les voies, réduit les fables à rien, niant ce qui vous échappait, oubliant la force des vieux récits. Vous avez étouffé la magie, le spirituel et la contemplation dans le vacarme de vos villes, et rares sont ceux qui, prenant le temps de tendre l'oreille, peuvent encore entendre le murmure des temps anciens ou le bruit du vent dans les branches."

L'avis d'Ariane :

Sur Carole Martinez, et en particulier sur ce roman lauréat du Goncourt des lycéens en 2011, j’ai entendu beaucoup d’éloges. J’attendais donc beaucoup de cette lecture, malheureusement mes espérances ont été en partie déçues.

Pour échapper à un mariage qui lui déplaît, Esclarmonde fait le vœu de vivre en recluse, s’opposant ainsi à la volonté de son père. Plus qu’un acte de foi, c’est un acte de rébellion contre un destin imposé. J’ai été impressionnée dans les premiers chapitres par la détermination d’Esclarmonde à faire entendre sa voix dans un monde d’hommes. Quelques années plus tard, Esclarmonde devenue adulte, se sent prisonnière de cette décision prise par une jeune fille encore ignorante et idéaliste. Là encore, cette jeune femme m’a beaucoup touchée, dans sa remise en question de ses idéaux d’adolescente confrontés à ses désirs de femme et de mère.
Carole Martinez a également très bien abordé le sentiment maternel, cet amour démesuré et indescriptible, ce tiraillement entre un désir de toujours garder son petit près de soi et l’émerveillement de le voir grandir et s’épanouir, ce renoncement, ce deuil du nourrisson devant l’enfant qui grandit.
C’est une lecture assez déconcertante, par son style tout d’abord. Et si je suis souvent sensible à une plume lyrique, parfois même onirique, comme celle de Laurent Gaudé, celle de Carole Martinez ne m’a pas vraiment séduite. Ainsi, c’est à travers les cicatrices sur les mains de son fils, qu’Esclarmonde voit son père et ses frères partis en croisade aux côtés de Frédéric Barberousse. Et vraiment, ces épisodes m’ont vraiment déplu, je n’en ai pas perçu l’intérêt dans le cheminement personnel d’Esclarmonde.
Je m’attendais également à une réflexion plus profonde sur la vocation, la foi et le mysticisme.
Je termine donc ce roman sur un sentiment mitigé.  

Extrait choisi par Ariane :
"Et voilà qu'on m'avait arraché ce qui n'existait pas au moment de mon choix, ce qui, né avec ma réclusion, avait pris toute la place laissée vacante et remplacé la forêt, le vent, le ciel immense, les fraises des bois, les pieds nus dans l'herbe, la course, ce qui avait même grignoté sa place à Dieu et balayé mon projet en me révélant à moi-même."


Les billets de Clara, La Critiquante, Mimi, Aifelle, Natiora, Hélène, Kathel, Jostein





12 commentaires:

  1. J'ai beaucoup aimé cette histoire, j'en garde un excellent souvenir.

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    1. Je pense aussi que c'est un roman dont je me souviendrai même si ce n'est pas mon préféré de cette auteur.
      Daphné

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    1. On dirait vraiment que les avis sont partagés sur ce roman! Pour ma part, je l'ai bien aimé!
      Daphné

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  3. Ah dommage Ariane que tu n'aies pas trop aimé. J'avais aimé (même si je me souviens que les parties sur les croisades m'avaient moins plu. Mais j'ai rencontré l'auteur et elle est passionnante ;-)

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    1. Oh, quelle chance! C'est une auteur que j'aimerais beaucoup rencontrer aussi!
      Daphné

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  4. A ma grande surprise, j'avais adoré ce roman, cette ambiance et ce souffle de liberté.

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  5. Moi aussi j'avais beaucoup aimé le cœur cousu. Je sais avec quel titre je vais poursuivre ma découverte de Carole Martinez, merci !

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    1. J'ai aussi beaucoup aimé le cœur cousu mais ma préférence va à la terre qui penche! Je te le conseille aussi!
      Daphné

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  6. Bonjour Ariane, j'avais préféré Le coeur cousu et l'histoire m'a très moyennement intéressée. Bonne après-midi.

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    1. Contrairement à toi, j'ai aimé ce livre mais moi aussi j'avais préféré le cœur cousu. Et j'ai un gros faible pour la terre qui penche.
      Daphné

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