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lundi 15 janvier 2018

86, année blanche, Lucile Bordes

Par Daphné















Auteur : Lucile Bordes
Titre : 86 année blanche
Genre : roman
Langue d’origine : français
Éditeur : Liana Levy

Résumé de l'éditeur :

Au printemps 1986, le monde découvre Tchernobyl. Sous le nuage radioactif qui traverse l’Europe, trois femmes se racontent. Lucie, dans le sud de la France, se demande s’il va passer la frontière et bouleverser sa vie d’adolescente. Ludmila, dans la ville ultramoderne qui jouxte la centrale, veut croire que tout est sous contrôle dans l’invincible URSS. Ioulia, à Kiev, rêve d’indépendance et de son jeune amant français. Un moment crucial pour chacune d’entre elles, un moment crucial de notre Histoire. Trente ans après la catastrophe de Tchernobyl, Lucile Bordes se souvient de la peur, de l’attente et du silence. Dans une langue affûtée et poignante, elle dit aussi l’amour, l’engagement et le sens du sacrifice.

Mon avis :

Ce jour de printemps 1986, ce jour aujourd'hui malheureusement connu de tous, de quoi se doutaient les gens lorsqu'on leur a annoncé la catastrophe de Tchernobyl ?  Que leur a t-on dit et qu'ont ils pensé ? Comment un mensonge aussi terrible, "tout est sous contrôle" a t-il pu avoir lieu et entraîner de telles conséquences? La catastrophe nucléaire en elle-même était déjà terrifiante. Le silence et les actes qui l'ont suivie le sont sans doute tout autant. 

En 1986, quelques jours après Tchernobyl, j'ai eu un an. Bien entendu, je ne m'en souviens pas. Mon père m'a dit un jour que le jour où je fêtais mon premier anniversaire, sous le soleil des alpages, lui, regardait le ciel et me regardait courir dans l'herbe en pensant à ce nuage radioactif qui poursuivait un voyage passé sous silence, un voyage censé s'arrêter aux frontières, un voyage censé n’être dangereux pour personne selon les autorités. Tchernobyl est une catastrophe nucléaire épouvantable et a signifié l'exil et la mort pour tant de personne. C'est aussi la peur et les non-dit, l'atrocité du silence et d'un terrible mensonge. C'est tout cela que dénonce ce livre...

L'auteur nous parle ici de trois femmes, en 86, trois femmes pour qui la catastrophe de Tchernobyl signifie beaucoup de choses. Lucie, 15 ans, en France,vit la catastrophe de loin et s'interroge devant les informations sur cette explosion dont on parle si peu. Elle est terrifiée par cette fin du monde passée sous silence et se souvient des jours qui ont suivi comme une période de peur due à Tchernobyl mais aussi comme la période où son père employé sur les chantiers navals et délégué syndical voit s'effondrer une partie de sa vie avec la fermeture des chantiers et cesse de croire à l'engagement qu'il a pourtant toujours poursuivi.

Ludmila et Ioulia, elles,  vivent la catastrophe en direct car elles vivent tout près de la centrale et vont voir leurs vies prendre un tour radicalement différent de ce qu'elles ont toujours vécues en l'espace de quelques jours. Ludmila vit à Pripiat, la ville la plus proche de la centrale. Alors qu'elle admire le ciel en pensant à une aurore boréale le lendemain de l'explosion, elle se voit, quelques jours plus tard, évacuée avec sa fille. Son mari fera parti des liquidateurs et paiera cela de sa vie.
Ioulia, à Kiev, à 130 km de la centrale, prise dans ses problèmes de couple, se croit à l'abri... mais pour combien de temps? 

Avec leurs différentes histoires et leurs différents points de vue sur la situation, ces trois femmes nous racontent le grand silence, les informations que l'on découvre au compte goutte... trop tard. Leurs destins croisés nous parlent de peur, d'incompréhension, de doutes et de sacrifices. Ils nous parlent de la population autour de la centrale mais également à des milliers de kilomètres de là et de la découverte progressive de l'impensable. Une histoire triste et malheureusement si réelle car même si les personnages sont fictifs, ils représentent l'histoire de tant de personnes. Une histoire terrifiante à propos d'un endroit devenu no man's land... alors que tout était censé être sous contrôle...


Extrait :

"Prenez vos nuits pour imaginer : il existe un endroit sur terre où l’homme a rendu sa vie impossible. C’était il y a trente ans et c’est maintenant."


4 commentaires:

  1. Je garde un bon souvenir de ce roman. Si tu aimes les BD, "Un printemps à Tchernobyl" d'Emmanuel Lepage est très bien aussi.

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    1. Je ne lis pas trop de BD mais celle que tu me cite m’intéresse. Je la note, merci!
      Daphné

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  2. Tout était sensé être sous contrôle, ta dernière phrase fait froid dans le dos.

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    1. Cette dernière phrase, c'est ce qui avait été assuré à la population... et cela fait froid dans le dos, oui.
      Daphné

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