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mardi 16 juillet 2019

La chambre des officiers - Marc Dugain

Par Ariane



Auteur : Marc Dugain

Titre : La chambre des officiers

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : JC Lattès

Nombre de pages : 172p

Date de parution : septembre 2001

Présentation de l’éditeur :

Dans les premiers jours de 1914, Adrien, jeune lieutenant du génie est fauché par un éclat d'obus. Défiguré, il est transporté au Val de Grâce où il passera le reste de la guerre dans la chambre des officiers. Au fil des amitiés qui s'y noueront, lui et ses camarades, malgré la privation brutale d'une part de leur identité, révèleront toute leur humanité.



Mon avis :

Il y a quelques années déjà, je lisais Avenue des géants, roman inspiré du parcours du tueur en série Ed Kemper. Marc Dugain y réussissait alors la prouesse de dresser un portrait à la fois émouvant et dérangeant de cet homme et décrivait parfaitement les paradoxes de la société américaine des années 70. Je m’étais alors promis de relire rapidement l’auteur, mais j’aurai finalement attendu quatre ans !

Les romans sur la première guerre nous racontent souvent la dureté de la vie dans les tranchées, l’âpreté des combats et l’amitié qui lie les frères d’armes. Pour Adrien, jeune ingénieur et officier, elle n’aura duré que quelques jours. A peine arrivé, il est blessé au cours d’une mission de reconnaissance, un éclat d’obus lui emportant le nez et une partie du visage. Malgré la gravité de ses blessures, Adrien survit et est transféré à l’hôpital du Val de Grâce dans une chambre réservée aux officiers blessés au visage. Premier arrivé dans cette grande chambre dépourvue de miroirs, il découvre petit à petit la gravité de ses blessures en observant celles des autres blessés qui le rejoignent. Sa guerre il la vivra à l’abri de ces murs, ses frères d’armes seront ses semblables et ses combats les multiples opérations pour tenter de reconstruire son visage.

Si le sujet, les personnages et le contexte de ce roman n’ont rien à voir avec Avenue des géants, les deux romans ont en commun la finesse psychologique des personnages, la justesse de l’écriture et le portrait réaliste d’une société en plein bouleversement. Adrien est un personnage attachant, surtout en ce qu’il incarne tous ces jeunes hommes dont le destin a été brisé par la guerre. Tous ces hommes partis confiants en une victoire rapide et facile comme on le leur avait promis, tous ces hommes fauchés, brisés, revenus handicapés de la guerre, rappels vivants aux yeux de tous des blessures de la guerre, acclamés autant que rejetés par la société.

Apparemment le grand-père de Marc Dugain était lui-même une gueule cassée. Cela explique peut-être la profonde empathie de l’homme pour ces hommes, la sincérité qui se dégage du texte. C’est un roman magnifique, qui ne vire jamais à la sensiblerie, bien au contraire. Et dire qu’il s’agissait d’un premier roman !

Après un tel roman, j’espère ne pas attendre quatre ans avant de relire l’auteur !



Extrait :

« Il n'y a finalement que les morts qui puissent nous envier. Et encore, j'en doute. »



«Les gens défigurés ont ceci de particulier qu'on les remarque, qu'on ne voit qu'eux, et que, dans le même temps, on ne les voit pas. »



« Car moi, le mutilé de la face, je ne vieillirai pas. La guerre m’a fait vieillir à vingt-quatre ans. »



« Ce qu'on avait imposé aux Allemands en cette belle journée de juin 1919 nous mettait à l'abri de la guerre pour toujours. »



« En ce genre d'occasion, notre petite communauté dégageait une joie de vivre qui surprenait ceux qui avaient toute leur bouche pour rire. Nous buvions, mangeons et fumions plus que de raison. Mais surtout, nous éprouvions ce sentiment d'extrême liberté qui est l'apanage de ceux qui sont débarrassés de leur image et qui ont retiré, du voisinage de la mort et de la cohabitation quotidienne avec la souffrance, cette distance avec ce qui rend l'homme si petit et si étriqué. »



« La guerre de 14, je ne l'ai pas connue. Je veux dire, la tranchée boueuse, l'humidité qui traverse les os, les gros rats noirs au pelage d'hiver qui se faufilent entre les détritus informes, les odeurs mélangées de tabac gris et d'excréments mal enterrés, avec, pour couvrir le tout, un ciel métallique uniforme qui se déverse à intervalles réguliers comme si Dieu n'en finissait plus de s'acharner sur le simple soldat. C'est cette guerre-là que je n'ai pas connue. »

Ligne générale, catégorie métier

4 commentaires:

  1. Un jour je le l irai, quand je serai prête. J'aime bien dugain.

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  2. Jamais lu Dugain mais commencer par le premier ce serait une bonne idée ;)

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