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samedi 19 octobre 2019

Un père sans enfant - Denis Rossano

Par Ariane


Auteur : Denis Rossano

Titre : Un père sans enfant

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : Allary

Nombre de pages : 368p

Date de parution : août 2019

Présentation de l’éditeur :
Le père est Douglas Sirk, metteur en scène de théâtre dans les années 20 et réalisateur apprécié de Goebbels dans les années 30. Marié à une juive, il doit fuir l’Allemagne pour les États-Unis où, grâce à ses mélodrames, il conquiert Hollywood.
L’enfant est Klaus Detlef Sierck, le fils que Douglas a eu avec sa première femme, une actrice ratée devenue une nazie fanatique.
Quand ils divorcent en 1928, elle lui interdit de voir son fils de quatre ans dont elle fera un enfant star du cinéma sous le Troisième Reich.

Le père ne reverra jamais son fils, sauf à l’écran.
Au soir de sa vie, dans les années 80, Douglas Sirk s’entretient avec Denis Rossano, un jeune étudiant en cinéma. Le réalisateur fait revivre Berlin, la propagande, son second mariage, l’exil, les grands studios après-guerre, mais ne dit rien ou presque sur Klaus. Toute la vie, toute l’œuvre de cet homme furent pourtant la quête désespérée de son fils adoré.
Pour mettre des mots sur cette histoire que Douglas Sirk n’a jamais racontée, Denis Rossano mène l’enquête, jusqu’à découvrir ce que le cinéaste lui-même ignorait.



Mon avis :

Avant tout, je remercie Babelio et les éditions Allary qui m’ont permis de découvrir un livre vers lequel je ne me serai pas spontanément tournée.

En 1981, Denis Rossano est étudiant en cinéma et voue une admiration particulière à l’œuvre du cinéaste Detlef Sierk, plus connu sous le nom de Douglas Sirk. Il a l’opportunité de le rencontrer et de l’interroger sur sa carrière. Mais il cherche aussi à en savoir plus sur Klaus, le fils de Sirk, enfant star du cinéma nazi.

Je le confesse volontiers, je ne connais absolument pas Douglas Sirk ni un bon nombre des acteurs, actrices et réalisateurs dont il est fait mention. Pourtant, cela n’a absolument pas été un problème, la narration de Denis Rossano est fluide, jamais ennuyeuse. Il navigue entre le récit (ses entretiens avec Sirk), la biographie (sa reconstitution de la vie de Sirk) et le roman (la vie qu’il imagine à Klaus en parallèle de celle de son père).

J’ai donc ainsi découvert le cinéaste Detlef Sierk, devenu Douglas Sirk lors de sa fuite aux Etats-Unis. Bien qu’admirateur du travail du cinéaste et ami de l’homme, Denis Rossano nous présente un portrait en demi-teinte de Sirk. S’il met en avant la sensibilité de l’homme et de l’artiste, il ne nie pas ses compromissions avec le régime nazi, car Sierk avant de fuir aux Etats-Unis en 1938 a réalisé certains des plus grands succès du cinéma allemand de l’époque. Au travers de l’histoire personnelle de Sirk, c’est toute une époque que nous raconte Rossano. Il nous parle des succès et des stars de l’époque, de l’emprise de plus en plus prégnante du régime nazi sur l’art en général et le cinéma en particulier.

Mais le cœur du livre, c’est Klaus, le fils caché, perdu. Denis Rossano imagine l’histoire de cet enfant qui grandit sans voir son père, un petit garçon à qui l’on répète qu’il est le « parfait petit allemand », embrigadé dès son plus jeune âge dans l’idéologie nazie, enfant star du cinéma de propagande, mort à 20 ans à peine sur le front russe. Denis Rossano réussit à donner vie à cet enfant, un personnage de roman, un fantôme, mais ô combien attachant.

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire l’histoire de ce père et de son fils, mais aussi à découvrir le milieu du cinéma allemand sous le régime nazi.



Extrait :

« Dans l’obscurité d’une salle, il peut contempler son garçon, le regarder jouer à être quelqu’un d’autre, passer un moment avec lui. Le seul moyen d’être en sa compagnie. Il s’installe dans un fauteuil. Dans les premiers rangs : il veut être tout près, il veut avoir l’illusion de pouvoir toucher Klaus, il veut être envahi par son image. »



« Le monde dans lequel Klaus a grandi est recouvert par les décombres. L’histoire, la guerre, l’ignominie. Mais lui, l’enfant sur la pellicule, il a toujours et pour toujours douze ans. »


6 commentaires:

  1. Le sujet ne m'attire pas du tout malheureusement.

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    1. Il ne m'attirait pas plus ça, mais ça a été une agréable surprise.

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  2. contrairement à Jérôme, ça m'attire assez mais peut-être pas pour tout de suite.

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  3. Une lecture qui me tente de plus en plus.

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