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samedi 22 janvier 2022

L'homme qui savait la langue des serpents - Andrus Kivirähk

Par Ariane

Auteur : Andrus Kivirähk

Titre : L’homme qui savait la langue des serpents

Genre : roman

Langue d’origine : estonien

Traducteur : Jean-Pierre Minaudier

Editeur : Le Tripode

Nombre de pages : 440p

Date de parution : août 2013

 

Mon avis : 

Il y a des signes qui ne trompent pas. Quand pendant la journée on pense régulièrement au livre en cours, qu’on a hâte de le retrouver, qu’on s’y replonge dès que possible et qu’on a du mal à le lâcher… Alors on sait qu’on tient un coup de cœur ! Et pourtant, j’en aurais mis du temps avant de me lancer dans la lecture de ce roman, dont je n’avais entendu que du bien, mais qui attendait dans ma PAL depuis plusieurs années.

Quel incroyable, fascinant et étrange roman ! Dans cette fable, le merveilleux est habituel. Les hommes vivent dans la forêt, ils parlent la langue des serpents, se nourrissent du lait des louves qu’ils montent pour partir au combat. Mais ce monde est en train de disparaître. Leemet est le dernier de sa lignée, le dernier garçon né dans la forêt, le dernier à parler la langue des serpents. Après l’arrivée des moines et des chevaliers allemands, il voit son peuple abandonner la forêt et les traditions de leurs ancêtres, pour devenir paysans, prier dans les églises et oublier la langue des serpents.

L’auteur nous dit que les hommes cherchent désespérément des explications à ce qu’ils ne comprennent pas. Pour le Sage de la forêt, ce sont les esprits, qui punissent ou qui récompensent. Pour les villageois, le diable trompe et Dieu protège.  Peu de différences finalement… L’homme n’est que le jouet d’esprits supérieurs et ne peut que se plier à leurs volontés et tenter de s’attirer leurs bonnes grâces, par les sacrifices ou la prière. Outre cette critique de l’obscurantisme religieux, aussi ignorant que violent, le texte nous met en garde aussi bien contre la fascination devant les promesses de la modernité ou le repli sur un passé idéalisé.

Conte, fable, pamphlet, … ce récit protéiforme est aussi l’histoire profondément émouvante d’un jeune garçon que nous voyons devenir homme et qui voit son monde s’effondrer. Il nous raconte son histoire, avec une voix tantôt innocente, tantôt sarcastique, tantôt révoltée, … Avec lui on rit, on pleure, on tremble de peur ou de rage. Ils sont rares les romans à provoquer une telle réaction ! Je n’oublierai pas de sitôt Leemet, Ints la vipère royale, Nounours l’ours brun libidineux, les anthropopithèques et leur élevage de poux…

Extrait :

« J’étais vraiment une feuille morte, une feuille de l’an dernier qui par malheur avait poussé trop tard pour voir la splendeur de l’été. »

« « Il y en a qui croient aux génies et fréquentent les bois sacrés, et puis d'autres qui croient en Jésus et qui vont à l'église. C'est juste une question de mode. Il n'y a rien d'utile à tirer de tous ces dieux, c'est comme des broches et des perles, c'est pour faire joli. Rien que des breloques pour s'accrocher au cou pour faire joujou. »

« Tout à une fin. Le dernier homme pourvu de crochets à venin, et qui savait voler par-dessus le marché, est mort aujourd'hui. Dans l'avenir, les gens penseront que de telles choses n'existent que dans les contes de fées. »

 

5 commentaires:

  1. Et puis, la littérature estonienne, c'est rare par ici! J'ai aimé ce roman plein de fantaisie.

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  2. Comme je rejoins ton enthousiasme, j'avais adoré cette lecture originale, aussi divertissante qu'instructive !

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  3. Depuis le temps que je n'entends que du bien de ce roman et qu'il traine dans ma bibliothèque ! Ton billet et les commentaires me donnent envie de l'en sortir très prochainement !

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  4. C'est vrai, c'est un livre fascinant !

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  5. J'avais aimé ce roman mais la langue un peu simple m'avait rebuté...

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