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samedi 10 décembre 2022

L'été où tout a fondu - Tiffany MacDaniel

Par Ariane


Auteur : Tiffany MacDaniel

Titre : L’été où tout a fondu

Genre : roman

Langue d’origine : anglais (Etats-Unis)

Traducteur : François Happe

Editeur : Gallmeister

Nombre de pages : 480p

Date de parution : août 2022

 

Mon avis :

Betty… Lecture phare de ma participation au prix des Lectrices de Elle et personnage inoubliable… A la fin de ce roman (attention spoiler !), Betty quittait sa famille et la ville de Breathed. Elle était prise en stop par un dénommé Autopsy Bliss accompagné de ses deux petits garçons. Ce sont ces personnages que nous retrouvons dans le nouveau roman de Tiffany MacDaniel, au cours de l’été 1984.

Fielding, le plus jeune des garçons, est un homme âgé lorsqu’il raconte cet été, le plus chaud qu’il ait jamais connu. Cet été-là, son père, procureur ébranlé dans ses convictions sur le bien et le mal après une erreur judiciaire, publie une annonce invitant le diable à venir le rencontrer. C’est un jeune garçon noir aux étonnants yeux verts qui se présente. Recueilli par la famille Bliss et baptisé Sal, l’enfant fait preuve d’une sagesse étonnante. Mais sa présence n’est pas du goût de tous, rapidement les rumeurs et accusations se multiplient, les drames et révélations s’enchaînent, bouleversant totalement la ville et ses habitants.

Pour son second roman, Tiffany MacDaniel nous offre à nouveau une histoire passionnante, des personnages forts et marquants, attachants ou détestables. Vraiment, quelle remarquable maîtrise ! De l’arrivée de cet enfant énigmatique jusqu’à un final grandiose et terrifiant, l’autrice déploie un récit dense et aborde de nombreux sujets de société : racisme, homophobie, SIDA, … Bien que profondément ancrés dans le contexte de l’époque (les années 80), ces sujets sont toujours d’actualité.

L’arrivée de Sal dans cette petite ville pétrie de préjugés, déclenche une vague de haine attisée par un homme. Elohim, voisin et ami de la famille Bliss jusque-là, va exacerber les sentiments des habitants de la ville. La vitesse à laquelle ces gens vont perdre tout bon sens est tout bonnement ahurissante. Pourtant cela ne semble pas si impossible que cela.

Mais l’histoire aborde aussi de beaux sujets : l’amitié, la rédemption, l’amour, la famille. Tiffany MacDaniel nous offre de magnifiques personnages, comme un cadeau pour compenser la laideur de ce qui se passe à Breathed. J’ai tellement aimé Sal, ce jeune garçon qui livre son histoire sous forme de contes ou paraboles. Qui est-il réellement ce garçon qui semble savoir tant de choses, si sage pour son âge, comme s’il avait vécu mille ans… Peut-être le diable n’est-il en réalité qu’un innocent dont la présence révèle le visage de ceux qu’il rencontre… J’ai aussi beaucoup aimé Grant, le fils aîné de la famille Bliss. Le fils idéal, bien élevé, bon élève, sportif et beau garçon. Il est tout ce que les autres attendent de lui, mais personne ne le voit vraiment.

Même si l’on peut reprocher l’accumulation de malheurs qui accablent les personnages et la ville de Breathed au cours de l’été 1984, L’été où tout a fondu est un beau roman que je vous conseille absolument !

 

Extrait :

« Ce que ces malheureux recherchaient désespérément, c'était une lumière. Mais le problème avec la lumière, c'est qu'elle a toujours la même apparence quand on est dans le noir, et on est incapable de dire si l'énergie qui la fait briller est bonne ou mauvaise, parce que cette lumière vous aveugle et vous empêche de voir sa source. »

« Tomber amoureux est la plus belle aventure de notre espèce, et lorsque l'amour, commençant à bourgeonner, s'enroule délicieusement autour de notre âme, nous cédons au crocs du cœur et prions devant l'infini pour que tout amour puisse avoir sa chance, sa propre part de miracle. »

« Tu étais ce à quoi je tenais le plus, et dans mon esprit, ta mort n'existe pas. A partir de maintenant, tout sera comme si. Ça sera comme si tu n'avais pas disparu. Tu seras la fille près de moi. Jamais plus éloignée de moi que de l'espace d'un battement de cœur. La femme qui sera la colline de mon lit. Je la gravirai jusqu'au sommet et vu de là-haut tout sera petit. De petits nous qui seront en partie toi et en partie moi, et qui, ensemble, formeront un tout. Comme si tu n'avais pas disparu, tu seras avec moi pour voir apparaitre les rides, les cheveux blancs, pour voir le dos s'arrondir comme un rocking-chair. Comme si tu n'avais pas disparu et que l'amour te poussait dans mes bras, bien au chaud, contre moi. Oui, tu es ce à quoi je tiens le plus. Tu le resteras à tout jamais. »

« C’était un garçon qu’il y avait chez nous. Simplement, il n’était pas encore prêt à le dire. Et peut-être qu’il avait peur. Je veux dire, c’était le diable qui avait été invité, au début. Alors, peut-être qu’il craignait qu’être le diable ne soit la seule façon pour lui de rester.
Être le diable faisait de lui une cible, mais cela lui donnait aussi un pouvoir qu’il n’avait pas en tant que simple garçon. Les gens le regardaient, ils écoutaient ce qu’il disait. Être le diable faisait de lui quelqu’un d’important. Le rendait visible. Et n’y a-t-il pas là quelque chose de particulièrement tragique ? Qu’un garçon doive être le diable pour prendre de l’importance ? »

« — Tu sais d’où vient le mot enfer ? (Il a croisé les mains sur ses genoux.) Après ma chute, j’ai pas arrêté de me répéter, Dieu va me pardonner, Il ne me laissera pas enfermé là. Dieu va me pardonner, Il ne me laissera pas enfermé là. Après des siècles passés à répéter ça, j’ai commencé à raccourcir ce refrain. Il ne me laissera pas enfermé. Et peu à peu, ça a fini par donner, pas enfermé. Pas enfermé.
“Quelque part en route, j’ai perdu le pas et la dernière syllabe, et c’est devenu enfer. Mais, cachée dans ce seul mot, il y a encore toute la phrase, Dieu va me pardonner, Il ne me laissera pas enfermé là. Dieu va me pardonner, Il ne me laissera pas enfermé là. C’est ça, qui est derrière ma porte, vous comprenez ? Un monde sans pardon, et donc sans espoir. »

2 commentaires:

  1. Le hasard fait que je viens de finir de rédiger mon billet sur Betty, lu il y a plusieurs semaines ! J'ai beaucoup aimé l'écriture et les personnages, mais l'accumulation de malheurs, en nuisant à la crédibilité de l'ensemble, m'a laissée sur un sentiment mitigé. Du coup, je ne me jetterai pas sur ce 2e titre...

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  2. J'avais adoré Betty, alors pourquoi pas.

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