Auteur :
Herbjorg Wassmo
Titre :
Cent ans
Genre :
roman
Langue
d’origine : norvégien
Traducteur :
Luce Hinsch
Editeur :
Gaïa
Nombre de
pages : 557p
Date de
parution : février 2011
Cent ans retrace la vie de plusieurs générations de femmes. Celle de Sara Susanne, de sa fille Elida, et de sa petite-fille, Hjørdis. On y découvre les hommes qu'elles ont voulus, ceux qu'elles ont eus et les nombreux enfants auxquels elles ont donné naissance. La petite Herbjørg, elle, appartient à la quatrième génération de la famille. Son histoire est celle d'une fillette qui se cache dans une grange pour échapper à son regard à lui. Elle possède un carnet et un crayon jaune qu'elle taille avec un petit canif. Sa seule issue est d'écrire pour mieux gommer les embûches trop tôt tendues par la vie. Et filer vers l'avenir comme on grimpe aux arbres pour approcher les oiseaux.
Mon avis :
Herbjorg Wassmo nous offre une magnifique fresque familiale au féminin. Il ne s’agit toutefois pas d’une multibiographie mais d’une fiction, l’auteure invente et imagine ce qu’ont pu être les existences, les rêves et les espoirs des femmes de sa famille.
Quatre femmes, quatre générations qui se succèdent : Sara Susanne qui épouse un homme qu’elle
connait à peine et qu’elle finira par aimer, Elida qui à dix-huit ans à peine
épouse celui qu’elle aime passionnément, Hjordis qui comprendra très vite que l’homme
dont elle est tombée amoureuse n’est pas celui qu’elle croyait, Herbjorg petite
fille au lourd secret.
J’ai trouvé les personnages très justes et la plupart du
temps attachants. Ces femmes soumises à leur époque et à leur destin, dévouées
à leurs maris et à leurs enfants, s’oubliant totalement, renonçant à leurs
rêves, travaillant sans relâche, enchaînant grossesse sur grossesse (douze
enfants pour Sara Susanne, et dix pour Elida tout de même !). J’ai été
particulièrement touchée par le personnage d’Elida.
Si les personnages féminins sont très marqués, les
personnages masculins ne sont pas oubliés. Père, frères, fils et maris chaque
personnage à sa manière se fait aimer : Johannes le courageux, Fredrik à la santé
fragile, le pasteur Jensen (qui peindra le retable de la cathédrale de Kabelvag
avec Sara Susanne pour modèle),…
Herbjorg ne livre jamais explicitement son secret. Mais ses
silences en disent assez. Sa peur, sa colère et sa haine de celui qu’elle n’appelle
jamais Papa mais seulement lui, en
disent assez long. Ce père d’ailleurs, présent tout au long des passages
consacrés à l’enfance de Herbjorg, mais toujours comme une ombre qui plane
autour d’elle, l’enfermant dans la honte et la souffrance. Ce personnage nous
le découvrons à la toute fin du récit, dans les passages consacrés à la
rencontre de Hjordis (la mère) et de Hans (lui). Il apparaît alors comme un
jeune homme plutôt sympathique et charmant, amusant et amoureux de la jeune
femme qu’il vient de rencontrer. Il y a un tel décalage entre ce jeune homme et
lui, que c’en est effrayant.
Sous la plume d’Herbjorg Wassmo, la Norvège apparaît si
belle et si vivante malgré la rudesse du climat. A tel point que j’avais
l’impression de sentir le froid ! (ou alors j’ai un problème de chauffage à
la maison). Un pur bonheur pour moi qui rêve de ce pays depuis toujours.
C’était ma première lecture de cette auteure et j’ai été totalement
séduite.
Extrait :
« La veille elle avait décidé de ne pas pleurer au moment où l’on viendrait chercher les enfants. Leur malheur était déjà assez grand comme ça. Quelques prières l’aidèrent peut-être, car elle arriva à se contenir une bonne partie de la nuit. Mais quand elle fut certaine que Fredrik dormait enfin, elle se leva, sortit et descendit jusqu’au bord de la mer. Là, enfin seule, elle put appuyer sa tête sur un maigre tronc de saule qui n’avait pas encore de bourgeons.
Extrait :
« La veille elle avait décidé de ne pas pleurer au moment où l’on viendrait chercher les enfants. Leur malheur était déjà assez grand comme ça. Quelques prières l’aidèrent peut-être, car elle arriva à se contenir une bonne partie de la nuit. Mais quand elle fut certaine que Fredrik dormait enfin, elle se leva, sortit et descendit jusqu’au bord de la mer. Là, enfin seule, elle put appuyer sa tête sur un maigre tronc de saule qui n’avait pas encore de bourgeons.
Puis, par des coups de pieds, elle envoya dans l’eau
quelques pierres. Jusqu’à ce que l’odeur de la marée montante envahisse ses
narines. Cette odeur d’algues pourrissantes et glacées et d’eau stagnante dans
les fissures des roches lui vint curieusement en aide. Elle se souvint alors que
c’était justement cette odeur, cette sale odeur, qui lui avait donné l’envie de
s’en aller. Et tandis qu’elle était là dans la clarté de cette nuit froide,
laissant le vent défaire sa natte et ses cheveux se déployer pour personne,
séchant ses larmes, heureuse que personne ne la voie, elle prit une
décision ? Ils allaient y arriver. Fredrik allait guérir. Et elle allait
enfin voir et entendre autre chose que le téléphone sur le mur à Rosenhaug.
Tout serait pour le mieux. »
Lu dans le cadre du challenge Le tour du monde en 8 ans
L'avis de Mimi, Keisha, Kathel,
Lu dans le cadre du challenge Le tour du monde en 8 ans
L'avis de Mimi, Keisha, Kathel,
Mon préféré de l'auteure : La septième rencontre.
RépondreSupprimerMerci du conseil, je le note.
RépondreSupprimerUn grand coup de coeur !
RépondreSupprimer@clara : je ne le mettrai pas dans mes grands coups de cœur, mais c'est une lecture qui m'a beaucoup plu et m'a laissé un bon souvenir.
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