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mardi 21 novembre 2017

Les fantômes du vieux pays - Nathan Hill

Par Ariane



Auteur : Nathan Hill

Titre : Les fantômes du vieux pays

Genre : roman

Langue d’origine : anglais (américain)

Traducteur : Mathilde Bach

Editeur : Gallimard

Nombre de pages : 720p

Date de parution : août 2017

Présentation de l’éditeur :

Scandale aux États-Unis : le gouverneur Packer, candidat à la présidentielle, a été agressé en public. Son assaillante est une femme d'âge mûr : Faye Andresen-Anderson. Les médias s’emparent de son histoire et la surnomment Calamity Packer. Seul Samuel Anderson, professeur d’anglais à l’Université de Chicago, passe à côté du fait divers, tout occupé qu’il est à jouer en ligne au Monde d'Elfscape. Pourtant, Calamity Packer n’est autre que sa mère, qui l’a abandonné à l’âge de onze ans. Et voilà que l’éditeur de Samuel, qui lui avait versé une avance rondelette pour un roman qu’il n’a jamais écrit, menace de le poursuivre en justice. En désespoir de cause, le jeune homme lui propose un nouveau projet : un livre révélation sur sa mère qui la réduira en miettes. Samuel ne sait presque rien d’elle ; il se lance donc dans la reconstitution minutieuse de sa vie, qui dévoilera bien des surprises et réveillera son lot de fantômes.
Des émeutes de Chicago en 1968 au New York post-11-Septembre en passant par la Norvège des années quarante et le Midwest des années soixante, Nathan Hill s’empare de l’Amérique d’aujourd’hui et de ses démons et compose avec beaucoup d’humour une fresque aussi ambitieuse que captivante.



Mon avis :

Ce premier roman rencontre un franc succès et cela ne m’étonne pas. Pour un premier roman, c’est réussi.

Samuel est écrivain et professeur de littérature dans une petite université. Ou plutôt c’est un écrivain raté, incapable d’écrire quoique ce soit depuis une nouvelle prometteuse et il tente d’enseigner la littérature à des étudiants qui s’en fichent royalement. Son poste à l’université est d’ailleurs menacé à cause d’une étudiante qu’il a accusée de tricherie et ses relations avec son éditeur sont tout aussi précaires. Le dos au mur il accepte alors d’écrire un livre sur sa mère qui l’a abandonné des années plus tôt et qui fait alors la une de l’actualité après avoir jeté des cailloux sur un gouverneur conservateur. Ce sera l'occasion pour lui d’en savoir plus sur sa mère.

A partir de l’histoire de Samuel et de sa mère, l’auteur dresse une fresque des Etats-Unis sur une quarantaine d’années.  C’est une fresque assez cynique, soulignant les illusions successives de chaque génération, les magouilles de la justice et de la politique, les mensonges des médias,… Une dénonciation d’un système visant de plus en plus à uniformiser la population tout en glorifiant l’individualisme. Une société où le virtuel prend le pas sur le réel. Une société où les artistes disparaissent au profit des starlettes.  

Les personnages secondaires (Pawne et Laura) s’ils ont leur place dans l’histoire de Samuel, voient leur histoire personnelle racontée en parallèle.  Ultra-connectés, ils ont perdu tout sens de la réalité. Leurs relations humaines ont presque totalement disparu, ne laissant que des relations virtuelles et désormais vides de sens. Ce sont des personnages pitoyables et effrayants, réalistes malheureusement.

Les personnages sont nombreux tout comme les sujets abordés : les violences policières, la pédophilie, les réseaux sociaux, les addictions, les multinationales, les médias, les mouvements contestataires des années 60, la drogue, le mariage, l’immigration, le féminisme, la guerre, l’écologie, la malbouffe… Et bien sûr les relations mère-fils, père-fils, l’amitié, l’amour, la mort. On pourrait craindre qu’une telle multitude de sujets donne un résultat brouillé et confus, mais ce n’est pas le cas. Au contraire, tout s’imbrique avec logique. Et le tout porte un regard désabusé sur notre société.

C’est un roman intéressant, bien écrit, ironique et intelligent auquel on pourrait toutefois reprocher quelques longueurs. Pour un premier roman, c’est prometteur (souhaitons à Nathan Hill un destin différent de celui de son héros).  



Extraits :

«Si facile de partir. Qu'est-ce qui retenait les gens dans leur orbite quotidienne? Rien, comprenait-il à présent, pour la première fois. Il n'y avait rien qui empêche qui que ce soit de décider, un jour, de disparaître. » 


« Il arrive qu'on soit tellement enfermé dans sa propre histoire qu'on ne voit pas le second rôle qu'on occupe dans celle des autres. »


« Elle en avait conclu que quatre-vingt pour cent des convictions que nous avons à vingt ans s'avèrent erronées. Le problème est qu'on ne sait pas à quoi correspondent les vingt pour cent restant avant un très long moment. »


« Avant, Samuel annotait leurs copies — au stylo rouge, même. Il leur enseignait des subtilités de langage, la différence et les usages de « ceci » et « cela », « quand » et « lorsque », « car » et « parce que ». Toutes ces choses. Jusqu'au jour où, alors qu'il faisait le plein à la station-service la plus proche du campus, en levant la tête vers l'enseigne lumineuse — qui annonçait : Le pl1 en – de 2, c facil ! — il s'était figé et avait pensé : À quoi bon ? »


« Aujourd’hui commander un hamburger, c’est affirmer un choix politique. »

D'autres avis chez Jérôme, Kathel, Jostein, Eva, Fleur, Papillon




12 commentaires:

  1. J’ai beaucoup aimé ce roman, malgré quelques petites longueurs... il est foisonnant, ceci dit.

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    1. Foisonnant c'est le mot ! tant de choses sont abordées dans ce roman, sans que cela ne donne une impression de fourre-tout, ce qui était un risque.

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  2. Il est à la bibli, comme maintenat j'ai (presque) terrassé ma pAL urgente, je pourrai m'y intéresser

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    1. Bel exploit, ma PAL se remplit plus vite que je n'arrive à la vider !

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  3. Je l'ai noté bien sûr et il est à la bibliothèque. Mais j'ai d'abord au moins 6 livres de la rentrée qui s'entassent, alors il devra attendre.

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  4. Quelques longueurs oui, mais quel premier roman ambitieux, et quelle construction narrative !

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  5. J'espère que je trouverai le temps de le lire un jour.

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  6. Je l'ai tellement aimé que je n'ai pas ressenti les longueurs dont tu parles (tant mieux pour moi...). C'est mon roman préféré de cette rentrée littéraire !

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