Pages

mardi 18 octobre 2016

Peindre, pêcher & laisser mourir - Peter Heller

Par Ariane




Auteur : Peter Heller

Titre : Peindre, pêcher & laisser mourir

Genre : roman

Langue d’origine : anglais (américain)

Traducteur : Céline Leroy

Editeur : Actes sud

Nombre de pages : 384p

Date de parution : octobre 2015

Présentation de l’éditeur :

Peintre en vogue, pêcheur ardent, philosophe artisanal, Jim Stegner tombe dans un engrenage fatal le jour où, témoin accidentel, il prend la défense d’une petite jument maltraitée. C’est qu’il est un poil sanguin, ce père orphelin, en quête d’une sérénité à jamais perdue avec sa fille violemment arrachée à la vie, son mariage pulvérisé, son rapport au monde passablement conflictuel. Pour ne rien arranger, l’homme est profondément allergique à l’injustice, et dangereusement réactif à la violence.
Pourtant, au large de la petite ville de Paonia, Colorado, concentré sur une discipline et une sobriété appliquées, c’est dans l’exercice de son art que le peintre tente de tout canaliser : la douleur, la colère, la peur même. Et voilà que, du jour au lendemain, son quotidien vire à la course poursuite permanente : Jim devient la proie mouvante – et la terreur numéro un – d’une bande de solides ordures qui ne plaisantent pas avec la vengeance.
Mélange explosif de virilité tendue et de lyrisme écolo, d’humour noir et de métaphysique maison, d’action haletante et de poésie contemplative, Peindre, pêcher et laisser mourir raconte avec maestria les dérapages incontrôlables de la vie, le pied sur l’accélérateur et l’œil sur la beauté des paysages.



Mon avis :

Art et grands espaces, tout était réuni dans ce roman pour me plaire. Et si ce n’est pas un coup de cœur, j’ai néanmoins passé un très bon moment en compagnie de Jim Stegner.

Jim, peintre à succès et pêcheur amateur, s’est récemment installé dans une petite ville du Colorado. Alcoolique repenti, hanté par le souvenir de sa fille assassinée, Jim n’aspire qu’à se consacrer pleinement à ses passions. Le jour où il est témoin d’une scène d’une violence inouïe commise sur une jument, Jim n’hésite pas à intervenir, déclenchant ainsi un engrenage de violences.

Que j’ai aimé le personnage de Jim qui par certains aspects m’a rappelé Walt Longmire : un amoureux des grands espaces, un homme d’empathie, sensible à l’art et à la beauté, toujours prêt à prendre la défense des plus faibles, cachant sa tendresse pour le monde sous une bougonnerie factice. Un cow-boy au cœur tendre. Mais Jim est un personnage torturé. Ancien alcoolique, l’envie d’alcool est toujours présente. Omniprésent aussi le fantôme de sa fille Alce. Jim est assailli des souvenirs tantôt joyeux de l’enfance, tantôt grinçants de l’adolescente et l’horreur de l’assassinat. Chez Jim, violence et colère affleurent sous la surface. Dans le passé cela lui avait déjà valu de nombreux ennuis, mais cette fois il est allé jusqu’au meurtre

Il y a une étrange dichotomie entre les portraits de Jim, le meurtrier et de Siminoe, la victime. Siminoe est une ordure, prêt à battre à mort une jument sans aucuns scrupules, braconnier, colérique et violent. Peut-on éprouver de la compassion pour un tel homme ? Pourtant au fur et à mesure du roman, on découvre le passé de cet homme et c’est par la bouche de son neveu que l’on découvre que même cet homme était capable de bonnes choses. Jim de son côté éprouve-t-il de la culpabilité pour avoir ôté la vie à un homme ? Pas vraiment, ce sont plutôt les conséquences de cet acte et la spirale de violence qui s’ensuit qui occupe ses pensées. La frontière est donc floue entre la victime et le coupable, entre le mal et le bien.

Étrangement, cette période de troubles et de violences, sera une période de rédemption et de résilience pour Jim. Le chemin émotionnel qu’il parcourt est émouvant. Et ce sont notamment les femmes qui vont l’aider dans cette quête de lui-même. Son amie Irmina et son modèle Sofia, présentes à ses côtés, rocs qui l’ancrent dans le présent, mais aussi les absentes, sa fille Alce et son ex-femme Christine, qui l’aident à avancer malgré les souvenirs douloureux.

Ce sont aussi l’art et la nature qui vont aider Jim. Tous ces événements et toutes ces émotions inspirent à l’artiste de nouvelles toiles, il est pris d’une folie créatrice et peint de façon presque obsessionnelle. Tout aussi obsessionnel est son besoin de pêcher. Par l’art il exorcise ses émotions, par la pêche il retrouve la sérénité.

Un joli moment de lecture et un auteur que j’ai envie de continuer à découvrir.



Extrait :

« Un bon tableau devrait faire ça. Inviter le regardeur à entrer en lui d’où qu’il se tienne, l’entraîner dans un voyage différent de celui qu’expérimentera son voisin. J’adorais ça, observer plusieurs personnes regarder un tableau au même moment. Parce que c’était la transformation qu’il provoquait : devant une œuvre de qualité un spectateur cesse de voir pour commencer à regarder, une action plus précise, une prise en chasse, une quête, comme on recherche le bateau d’un être aimé sur la ligne d’horizon, ou un élan entre les arbres. Devant un bon tableau, il cherche les indices de sa propre existence. »

L'avis de Jostein

http://ennalit.canalblog.com/archives/2016/01/01/33098969.html

8 commentaires:

  1. Je l'ai demandé exprès à la bibli, et suite à une erreur il a été emprunté, alors j'attends... j'ai vu l'auteur au dernier festival America

    RépondreSupprimer
  2. C'est très tentant cette histoire et ce que tu en dis.

    RépondreSupprimer
  3. Cela fait un moment que je l'ai noté dans ma LAL et tu me donnes envie de concrétiser rapidement !

    RépondreSupprimer
  4. Ce n'est pas un coup de coeur ou c'est un coup de coeur, le coeur bat bien pourtant ;) Les livres avec de l'art dedans, j'aime quasiment toujours, alors je garde ce titre en tête.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oups ! petite erreur, merci de me le signaler ! Pas un franc coup de cœur mais, comme tu le dis, le cœur bat pour ce roman et c'est l'essentiel. Comme toi, j'aime beaucoup les romans sur ce thème.
      Ariane

      Supprimer