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mercredi 30 novembre 2022

Mercredi, c'est le jour des petits - Rouge-gorge - Pierre Delye et Martine Bourre

 Par Daphné



 

 

 

 

 

 

 

 

Auteur : Pierre Delye
Illustratrice : Martine Bourre
Titre : Rouge-gorge
Editeur : Didier Jeunesse

Présentation de l'éditeur :

 
Au tout début du monde, un petit oiseau prend en pitié les humains qui tentent de survivre tant bien que mal. Il va demander de l’aide au Soleil qui, en cadeau, place un de ses rayons dans le bec de l’oiseau. La gorge brûlée par le rayon ardent, celui-ci se dépêche de le déposer aux pieds des humains et donne ainsi naissance au premier feu du monde ! Un conte éclairant et tendre.

 

Mon avis : 

Mon fils adorant les histoires autant que ses sœurs, nous avons ressorti nos albums préférés dont, bien entendu, ceux de Pierre Delye. De nouveau, je relis en boucle La grosse faim de P’tit Bonhomme et La Petite Poule Rousse... et je les aime toujours autant ces albums! 

Et voilà que l'autre jour, à la bibliothèque, nous sommes tombés sur ce livre-là : un album de Pierre Delye que nous ne connaissions pas, autant vous dire que je me suis jetée dessus! 

Ce livre m'a paru un peu différent des autres, tant par les illustrations (de Martine Bourre et non de Cécile Hudrisier comme dans les autres albums) que par le texte. Si l'humour est toujours là, c'est cependant un peu plus doux, un peu plus poétique. Et c'est tout aussi bien! On retrouve bien le style de l'auteur. Les illustrations, faites de collages de divers matériaux, sont très réussies et l'histoire est très belle... sans compter qu'elle est porteuse d'un message criant de vérité!

 Nul doute que cet album est encore une franche réussite!

 


 




 


mardi 29 novembre 2022

Bilan de novembre (Ariane)

Par Ariane


On ne l'a pas vu passer ce mois de novembre... Il faut dire qu'il s'est caché, nous faisant oublier sa présence avec un soleil radieux et un air si doux qu'on aurait cru au printemps. Mais il a enfin fini par arriver, vent frais et tourbillons de feuilles. Il était temps ! Temps maintenant de jeter un regard en arrière sur mes lectures du mois. 

Je continue d'explorer la rentrée littéraire avec ce mois-ci de très belles lectures. A commencer par Darwyne de Colin Niel et Attaquer la terre et le soleil de Mathieu Belezi. Le premier m'a emmenée en Guyane, le second en Algérie aux débuts de la colonisation. Deux romans coup de cœur. J'ai passé un excellent moment avec L'odyssée de Sven de Nathaniel Ian Miller, transportée cette fois en Arctique. Après cela on se réchauffe lors d'un été caniculaire en Ohio, dans le dernier roman de Tiffany MacDaniel, L'été où tout a fondu. Petit tour en Sardaigne ensuite avec L'illusion du mal de Piergiogio Pulixi. Et enfin, L'aube est bleue sur mars de Florence Hinckel nous réserve un grand voyage sur une autre planète.






J'ai lu beaucoup de romans de la rentrée littéraire depuis septembre, j'avais envie de changement, je me suis donc tournée vers des classiques. La légende de Sleepy Hollow de Washington Irving a été une découverte surprenante, tant j'avais en tête le film de Tim Burton, qui n'a pas grand chose à voir avec l'original ! Dans Les mains du miracle de Joseph Kessel, j'ai découvert le parcours étonnant d'un homme qui a sauvé des milliers de vie.

Il y a aussi eu plusieurs BD. Kent State de Derf Backderf revient sur un épisode tragique des manifestations étudiantes des années 60. Le tome 3 de L'adoption de Zidrou m'a vraiment mise en colère. Heureusement que ce n'est qu'une fiction... J'aime beaucoup Jack London et j'ai vraiment apprécié l'adaptation par Riff Reb's du roman Le vagabond des étoiles. Enfin la trilogie Wake up America revient sur le parcours de John Lewis et sa lutte pour les droits civiques des afro-américains (de 1940 à 1965).






Un mois de novembre bien rempli ! Et vous qu'avez-vous lu ?


mardi 22 novembre 2022

L'illusion du mal - Piergiorgio Pulixi

Par Ariane


Auteur : Piergiorgio Pulixi

Titre : L’illusion du mal

Genre : roman policier

Langue d’origine : italien

Traducteur : Anatole Pons-Reumaux

Editeur : Gallmeister

Nombre de pages : 608p

Date de parution : septembre 2022

 

Mon avis :

Il y a quelques jours, je présentais mon avis sur Darwyne de Colin Niel, un auteur découvert lors de ma participation au prix des lectrices de Elle, avec Entre fauves. C’est également à cette occasion que j’ai lu le premier roman de Piergiogio Pulixi, L’île des âmes. Je retrouve donc avec plaisir les enquêtrices Mara Rais et Eva Croce.

Au même moment, des dizaines de milliers de personnes reçoivent un lien vers une vidéo. On peut y voir un homme attaché à un fauteuil de dentiste, toutes ses dents ont été arrachées, et à ses côté un autre homme qui prend la parole. Le prisonnier est un pédophile, qui a violé plusieurs petites filles mais sans jamais être condamné. A chaque fois, il s’en est sorti pour des questions de vice de procédure et de prescription. La justice au service du peuple a échoué, alors l’homme masqué offre au peuple de rendre directement la justice et de se prononcer : la vie ou la mort ? Ils ont 3 heures pour voter…

Si le premier opus des aventures des deux inspectrices avait des accents fantastiques, ce n’est absolument pas le cas ici, même si cette fois encore, l’auteur dénonce les failles du système judiciaire et les dérives de ceux qui veulent rendre la justice eux-mêmes. Ainsi il pousse le lecteur dans ses retranchements, faisant appel aux sentiments de révolte et de colère que chacun ressent lorsqu’on entend régulièrement parler de ces affaires de récidives, de criminels condamnés à des peines qui semblent insignifiantes au regard de l’horreur de leurs actes voire même acquittés faute de preuves ou pour toute autre raison. Sans oublier la théâtralisation de ces affaires par les médias et notamment par ces émissions racoleuses spécialisées dans les faits divers.

C’est parfaitement construit, l’intrigue se déploie sans temps morts en nous laissant tout de même le temps de suivre les personnages et de profiter d’un petit séjour en Sardaigne ! Une lecture parfaitement réussie pour moi, pourtant peu adepte de polars.

Je remercie Babelio et les éditions Gallmeister pour cette lecture grâce à la dernière opération Masse critique !

lundi 21 novembre 2022

Chocolat - Joanne Harris

 Par Daphné








Autrice : Joanne Harris

Titre :  Chocolat

Genre : roman 

Langue d’origine : anglais

traductrice : Anouck Neuhoff

Editeur : Quai Voltaire Eds

Nombre de pages :381


Résumé :

 Séduites par Lansquenet, Vianne Rocher et sa fille Anouk décident d'y établir leur chocolaterie. Mais dans ce petit village du sud-ouest de la France, le père Reynaud veille sur ses ouailles comme la cuisinière surveille le lait sur le feu. Aussi voit-il en l'ouverture de La céleste Praline l'oeuvre d'une sorcière. Et s'il avait raison ? Joanne Harris nous offre une ode gourmande à la tolérance et au plaisir.

Mon avis :

Un titre qui met l'eau à la bouche! Si j'avais beaucoup aimé Les cinq quartiers de l'orange, j'ai encore plus apprécié ce livre là!

Dans un petit village où tout le monde se connaît, Vianne en emménageant, va bouleverser la vie de tous. Ouvrant une chocolaterie en face de l'église en plein carême, elle va s'attirer les foudres du curé mais aussi se faire des amis. 

Il se dégage de ce roman de la gourmandise, de la sensualité, un brin de magie,  un vent de liberté. On y croise des personnages hauts en couleur, une vieille dame diabétique et amoureuse du chocolat qui veut vivre la fin de sa vie telle qu'elle l'entend, une chocolatière un peu sorcière qui sait lire dans les cœurs et dans... le chocolat, une petite fille fantasque accompagnée de son lapin imaginaire, un homme qui accompagne avec douceur et émotion la fin de la vie de son chien, une femme maltraitée par son mari dont la cleptomanie dissimule les angoisses et le mal-être... On y croise aussi de véritables commères, un prêtre réfractaire à toute fantaisie, un mari violent... 

Toute cette galerie de personnages gravite autour d'une chocolaterie dans laquelle on aimerait bien entrer nous aussi et voir ce que Vianne a à nous proposer, elle qui sais si bien deviner quel est la friandise préférée de tout le monde!

 Sous l'apparente légèreté des effluves de chocolat,  ce livre nous parle de tolérance, d'amour, de respect, de choix. C'est un livre qui dénonce les préjugés et la violence. Le soupçon de magie qui s'en dégage lui donne un charme certain.

Un livre sans nul doute aussi savoureux que son titre!

Extrait 

" Les senteurs mêlées du chocolat, de la vanille, du cuivre chauffé et de la cannelle sont enivrantes, puissamment suggestives ; l'âcre odeur terreuse des Amériques, le brûlant parfum résineux de la forêt tropicale. C'est ainsi que je voyage à présent, comme les Aztèques dans leurs rituels sacrés. Le Mexique, le Venezuela, la Colombie. La cour de Montezuma. Cortès et Colomb. Le nectar des dieux, bouillonnant et moussant dans des coupes cérémonielles. L'âpre élixir de la vie."

samedi 19 novembre 2022

Darwyne - Colin Niel

Par Ariane


 


Auteur : Colin Niel

Titre : Darwyne

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : éditions du Rouergue

Nombre de pages : 288p

Date de parution : août 2022

 

Mon avis :

Troisième roman de Colin Niel que je lis, troisième coup de cœur…

Darwyne a 10 ans, il vit avec sa mère dans un bidonville de Cayenne. Plus que tout, le petit garçon aimerait que sa mère l’aime et ne plus la partager avec les beaux-pères de passage. Mais Yolanda ne montre aucune affection à cet enfant différent, aux jambes tordues et au regard sans cesse tourné vers la forêt qui borde leur cabane. La forêt, Yolanda l’a en horreur, elle est terrifiée par cette immensité inconnue et menaçante. Arrive dans leur vie Mathurine, éducatrice pour les services sociaux, qui mène une enquête après avoir reçu un signalement de maltraitance. Très vite Mathurine est fascinée par le lien entre l’enfant et la forêt. Entre cette femme en mal d’enfant et l’enfant mal-aimé, petit à petit une relation se noue.

Au cœur de ce roman, un enfant. Un personnage étonnant et attachant, avec une grande part de mystère. Est-ce que Darwyne est simplement un petit garçon handicapé et solitaire ? Ou est-il un être fantastique, qui appartient plus à la forêt amazonienne qu’au monde des hommes ? Tout le temps du roman, il est à la lisière des deux mondes, incapable de choisir. On ne peut qu’être touché par cet enfant, rejeté par tous à cause de sa différence, y compris et surtout par celle qu’il aime plus que tout. Mais on peut aussi, et surtout pour ma part, être fasciné par le lien mystérieux qui unit l’enfant et la forêt. Darwyne comprend la forêt, mais cette connaissance n’a rien de théorique. Il ressent, vit la forêt, comme personne, connaît chaque plante, chaque arbre, chaque créature.

La relation entre Darwyne et sa mère, amour absolu d’un côté et rejet de l’autre, est douloureuse pour le lecteur. Le garçon représente tout ce que Yolanda rejette. Elle souhaite une autre vie à ses enfants, qu’ils s’extraient de la pauvreté, du bidonville et de cette proximité avec la forêt, pour rejoindre un monde civilisé, vivre dans une vraie maison et avoir un véritable emploi. Comme l’a fait sa fille aînée. Mais Darwyne la renvoie à une animalité qui l’effraie, alors elle lui renvoie sa peur sous forme de colère et est prête à tout pour le (re)dresser.

Si par son travail Mathurine côtoie la pauvreté extrême, elle ne la vit pas. Passionnée par la forêt, elle s’y réfugie pour oublier le quotidien, les piles de dossiers d’enfants maltraités et surtout son désir d’enfant. C’est donc un tout autre regard qu’elle porte sur Darwyne. Elle voit toute la beauté de cet enfant extraordinaire et cherche doucement à l’apprivoiser.

Yolanda et Mathurine incarnent deux figures maternelles, mais aussi l’opposition entre deux mondes. Yolanda est le seul lien qui retient Darwyne dans le monde des hommes, Mathurine le relie encore un peu plus à la forêt. Encore aujourd’hui, la forêt amazonienne cache de nombreux secrets (pour info, entre 2014 et 2015, 381 nouvelles espèces animales et végétales ont été découvertes dans la région amazonienne !). Il y a d’ailleurs une très belle scène dans laquelle Darwyyne feuillette les livres naturalistes de Mathurine qu’il trouve bien pauvres. Car lui a vu bien plus dans la forêt. Des plantes, des animaux, des créatures plus étonnantes encore peut-être qui n’ont jamais été répertoriés. Cette scène illustre parfaitement à la fois ce qui nous reste à découvrir de la forêt amazonienne (trésor inestimable malheureusement en grand danger…) et le mystère lié à ce monde primaire, inconnu, à la fois fascinant et inquiétant. Une forêt qui semble d’ailleurs douée d’une volonté propre et avancer à la rencontre de Darwyne. Jonhson, le beau-père n°8, a l’impression que la forêt pousse plus vite sur leur terrain que sur ceux des voisins. Et il s’interroge. Est-ce à cause de l’emplacement, de la lumière, de la terre sur leur parcelle ? Ou y a-t-il une raison plus étrange liée à Darwyne ? Comme ces animaux qui rôdent près du carbet et s’approchent de l’enfant…

Comme dans les précédents romans que j’ai aimé de l’auteur, ce nouveau roman mêle à la fois des thématiques sociales très actuelles (ici maltraitances familiales, pauvreté, condition des immigrés …) et le rapport de l’homme à la nature. C’est un très beau roman, fort et vibrant,à l'atmosphère envoûtante frôlant parfois le fantastique. Je me suis complétement laissée porter par l’histoire de cet enfant extraordinaire inspiré d'une légende amazonienne et par cette immersion dans la splendeur de la forêt. 

 

Extrait :

« Il entend les oiseaux de la nuit, feuler le grand ibijau, crisser adénomètres, il entend brailler les singes hurleurs, tout là-bas. Et ne sachant aucun de ces noms-là, ces noms couchés dans les livres des naturalistes, il les nomme à sa manière, dans sa tête. Et pourtant conscient que la mère n’aimerait pas le voir ainsi, il reste longtemps à écouter ce sous-bois plus étendu que la ville elle-même, déployé à l’infini sous le tapis des cimes. L’Amazonie entière à quelques mètres de sa couchette. »

« La forêt se dresse en bout de clairière, surplombant le groupe en un mut gigantesque. Un panneau donne quelques indications sur le sentier pédagogique, son racé, ce qu’on peut y voir, dessins naturalistes à l’appui. Mélanie commente un peu, Et cet oiseau, quelqu’un peut me dire son nom ? Les grosses grimacent, secouent la tête. Expression de leur ignorance, la biodiversité amazonienne comme un continent jamais exploré. Rien d’étonnant, Mathurine a l’habitude : les pauvres, ils ne connaissent que les bicoques de tôle et de bois. Et pourtant elle soupire intérieurement. Se dit qu’en vérité, il y a quelque chose de terrible dans cette coupure entre ces jeunes et l’immensité du monde vivant qui les entoure. Que c’est l’un des grands drames de l’humanité moderne que plus personne ne soit capable de mettre un nom sur le moindre volatile. Que c’est cette ignorance qui pousse les humains à détruire cette part du monde qu’à présent ils appellent nature, qui a fil des siècles leur est devenue étrangère. »