vendredi 30 mars 2018

Les mots qu'on ne dit pas - Véronique Poulain

Par Daphné















Résumé de l'éditeur :

« “ Salut, bande d’enculés ! ”
C’est comme ça que je salue mes parents quand je rentre à la maison.
Mes copains me croient jamais quand je leur dis qu’ils sont sourds.
Je vais leur prouver que je dis vrai.
“ Salut, bande d’enculés ! ” Et ma mère vient m’embrasser tendrement. »

Sans tabou, avec un humour corrosif, elle raconte.
Son père, sourd-muet.
Sa mère, sourde-muette.
L’oncle Guy, sourd lui aussi, comme un pot.
Le quotidien.
Les sorties.
Les vacances.
Le sexe.
D’un écartèlement entre deux mondes, elle fait une richesse. De ce qui aurait pu être un drame, une comédie.
D’une famille différente, un livre pas comme les autres.


Mon avis :

La Langue des Signes est une langue que j'ai eu l'occasion de connaitre un peu. J'aime cette langue, si belle, si imagée, langue pour laquelle tant de gens se sont battus, langue si longtemps bafouée et non reconnue. Véronique Poulain a grandi dans cette langue et dans le monde de la communauté sourde tout en étant elle-même entendante. Entendante née de parents sourds. Je connais et aime beaucoup le célèbre livre d'Emmanuelle Laborit, Le cri de la mouette où son auteur nous raconte son combat pour la reconnaissance de la LSF  et sa vie d'enfant sourde dans une famille entendante ainsi que les problèmes qui en résultent. Pour Véronique Poulain, c'est l'inverse. Née entendante parmi les sourds, elle grandira avec ses parents entre la gêne et la fierté, entre la révolte et l'amour. Il n'est pas facile de se sentir différente chez soi et de sentir ses parents différents dans la société. 

Sans pudeur, l'auteur nous dévoile les difficultés, quiproquos, incompréhensions de sa famille. L'agacement et la colère se mêlent  sans cesse à l'amour, la honte à la fierté. Avec sincérité et avec humour, elle nous livre ce qu'il y a à la fois de plus beau et de plus terrible de la relation entre sourds et entendants. Il y a une certaine cruauté dans ce livre, l'incompréhension et la colère d'une adolescente face à la différence de ses parents. C'est dur et piquant d'un côté, sincère et drôle de l'autre. La frustration des uns et des autres par rapport à ses difficultés de compréhension se fait ressentir à chaque page mais il y aussi, et surtout, l’amour. 

A découvrir.






Extrait :

"La langue des signes est la langue la plus crue que je connaisse. Les sourds s’expriment de façon simple, directe. Brutale.
Beaucoup de signes sont beaux, poétiques, émouvants - comme les mots 'amour', 'symbole', 'danse' -, mais dans le champ lexical de la sexualité, c'est une autre histoire. Le signe ne laisse place à aucune équivoque. Alors que les mots suggèrent, les gestes imposent. 
Leur crudité heurte les entendants parce que ces gestes anodins pour les sourds sont les mêmes que nous faisons, nous, lorsque nous voulons être grossiers et nous cachons pour les faire. Question de culture."



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