lundi 25 mai 2020

Harry Potter et le prince de sang-mêlé - J.K. Rowling

Par Daphné













Auteur : J.K.Rowling
Titre : Harry Potter et le prince de sang-mêlé
Editeur : Gallimard Jeunesse
Langue d'origine : anglais
Traducteur: Jean-François Ménard
Nombre de pages : 715
Date d'édition : 2005


Résumé de l'éditeur :

Dans un monde de plus en plus inquiétant, Harry se prépare à retrouver Ron et Hermione. Bientôt, ce sera la rentrée à Poudlard, avec les autres étudiants de sixième année. Mais pourquoi le professeur Dumbledore vient-il en personne chercher Harry chez les Dursley ? Dans quels extraordinaires voyages au cœur de la mémoire va-t-il l'entraîner ?

Mon avis :

Avec ce sixième tome, on approche de la fin. Avant-dernier livre de la saga, il nous fournit de plus en plus d'éléments sur l'histoire de Harry. Le ministère reconnaît enfin le retour de Voldemort et Harry se rapproche de Dumbledore qui lui donne maintenant des "cours particuliers" sur le passé du mage noir. Ses retours vers le passé nous en apprennent davantage sur la manière dont a évolué Voldemort au fil des années, sur ses projets et sur la manière dont Harry va devoir le combattre. Les personnages sont plus matures, leurs relations changent et les sentiments amoureux prennent plus de place. Moins révolté que dans le tome précédent, Harry gagne en sagesse. Le monde des sorciers est de plus en plus sombre, de plus en plus menaçant, et pourtant il y a dans ce tome plus de légèreté que dans le précédent... et le suivant. La fin exceptée cependant, laquelle marquera pour Harry et de nombreux autres sorciers un tournant bien triste mais que l'on sent cependant venir au fil des chapitres. Certains personnages, pas forcément des plus sympathiques, prennent de plus en plus d'importance et on se rend compte que rien n'est jamais ni tout blanc ni tout noir : on ne peut s'empêcher d'éprouver une certaine pitié pour un certain personnage que l'on s'est jusque là contenté de détester!

On se rend compte dans ce livre à quels point de nombreux indices étaient disséminés au fil des autres tomes, notamment dans le deuxième. Les pièces du puzzle se mettent en place une par une bien qu'il en manque encore plusieurs. Je suis toujours impressionnée par cette capacité qu'a eu J.K. Rowling à si bien maîtriser chaque détail de l'histoire du début à la fin... et aussi la manière dont elle parvient à faire douter son lecteur et à le berner. Quand on connaît la suite, on se dit que le procédé est tout de même bien habile!

Cet avant-dernier tome est un tome charnière qui nous prépare à la fin de la saga. Je ne l'avais pas apprécié à sa juste valeur lors de ma première lecture. Comme le tome 2, je l'avais un peu moins aimé que les autres. Il est pourtant indispensable et nous donne de nombres nouveaux éléments à prendre en compte. D'ailleurs, je l'aime un peu mieux à chacune de mes relectures!

Extrait :

"C'est l'inconnu qui nous fait peur quand nous contemplons la mort ou l'obscurité, rien d'autre."

mercredi 20 mai 2020

Mercredi c'est le jour des petits : La prophétie - Tui Sutherland

Par Sophia et Ariane

Auteur : Tui Sutherland 
Titre : La prophétie
Genre : roman
Traductrice : Vanessa Rubio-Barreau 
Editeur : Gallimard jeunesse
Nombre de pages : 400p
Date de parution : janvier 2015 

Présentation de l'éditeur :
Une terrible guerre divise les royaumes du monde de Pyrrhia. Selon une mystérieuse prophétie, seuls cinq jeunes dragons nés lors de la Nuit-la-plus-Claire pourront mettre fin aux combats et apporter la paix. Mais les élus, Argil, Tsunami, Gloria, Comète et Sunny, rêvent de voler de leurs propres ailes plutôt que d'accomplir leur destin...

Mon avis :
Aujourd'hui je laisse la parole à ma fille aînée. 

Une prophétie annonce que cinq dragonnets mettront fin à la guerre : Argile l' aile de boue, Gloria l' aile de pluie, Tsunami l'aile de mer, Comète l' aile de nuit et Sunny l'aile de sable doivent accomplir leur destin. Mais il sont capturés par la cruelle reine Scarlet qui les oblige à combattre dans ses arènes. Argile rencontre une dragonnète nommée Péril qui l'aide à sauver ses amis. Mais peut-il lui faire confiance ?
C'était un peu triste puisque qu 'il y à plusieurs dragons qui meurent mais j'ai adoré parce que j'aime beaucoup les dragons. J' ai beaucoup aimé Sunny parce qu'elle est un peu bizare puisque elle n' a pas d' aiguillon venimeux et qu'elle est plus petite. 
J'ai aussi aimé parce qu'il y a des aventures et de l'amitié.
Ce n'était pas très long ni difficile à lire. C'est le premier livre de la série, il y a 11 en tout le 12 et le 13 ne sont pas encore parus et il y a trois cycles. J' ai vraiment voulu lire la suite, maintenant j'ai hâte que les prochains livres sont publiés.









lundi 18 mai 2020

Harry Potter et l'ordre du phénix - J.K.Rowling

Par Daphné














Auteur : J.K.Rowling
Titre : Harry Potter et l'ordre du phénix
Editeur : Gallimard Jeunesse
Langue d'origine : anglais
Traducteur: Jean-François Ménard
Nombre de pages : 976
Date d'édition : 2003

Résumé de l'éditeur :

A quinze ans, Harry s'apprête à entrer en cinquième année à Poudlard. Et s'il est heureux de retrouver le monde des sorciers, il n'a jamais été aussi anxieux. L'adolescence, la perspective des examens importants en fin d'année et ces étranges cauchemars... Car Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom est de retour et, plus que jamais, Harry sent peser sur lui une terrible menace. Une menace que le ministère de la Magie ne semble pas prendre au sérieux, contrairement à Dumbledore. Poudlard devient alors le terrain d'une véritable lutte de pouvoir. La résistance s'organise autour de Harry qui va devoir compter sur le courage et la fidélité de ses amis de toujours..."

Mon avis :

De tous les livres que j'ai lu, je crois que le tome 5 de Harry Potter est celui que j'ai attendu avec le plus d'impatience : trois ans d'attente entre le tome 4 et sa fin en queue de poisson et ce livre-là, c'était bien long à attendre! Je me souviens encore de la date exacte où il est sorti et où je l'ai eu entre les mains! L'avantage, quand on relit une saga, c'est qu'on peut directement passer d'un tome à l'autre sans devoir attendre la sortie du suivant!

Ce tome là est placé sous le signe de la colère. Harry a bien grandi et bien changé. il est entré résolument dans l'adolescence et les conséquences des événements du tome 4 se font bien sentir et jouent fortement sur son bien-être. Sans compter l'arrivée d'une nouvelle professeur sortie tout droit d'un ministère qui fait tout pour discréditer notre héros! S'il y a bien un personnage détestable dans ce livre, c'est bien le professeur Ombrage! Oui, Harry est en colère et il a toutes les raisons de l'être : on le prend pour un fou ou un mythomane,  on le discrédite et son plus grand ennemi est revenu au pouvoir ! Heureusement, Harry peut toujours compter sur ses amis mais aussi sur lui-même. Alors que l'Ordre du phénix, une organisation secrète, lutte conter le retour de Voldemort, Harry, lui, fonde sa propre organisation. Avec l'A.D., il découvrira qu'il a plus de talent qu'il ne l'imagine mais aussi qu'il n'est pas seul et peut compter sur plus de monde qu'il ne  le croit. 

Ce tome est placé sous le signe de la colère mais aussi de la résistance et du courage et des questionnements. Les personnages se cherchent, s'interrogent sur eux-mêmes, sur ce qui les entoure, connaissent leurs premiers émois amoureux. On bascule ici dans un univers plus sombre, plus mature que dans les livres précédents. Si l'univers de Harry Potter est imaginaire, il s'inspire de plus en plus clairement de faits historiques. Si ce tome là est assez sombre et qu'il réussit toujours à la fin à m'arracher une larme, il conserve néanmoins de nombreux passages plus légers : une palme particulières à Fred et George les jumeaux Weasley dont l'humour se mêle au talent!

On découvre de nombreux éléments, de nouveaux décors, une nouvelle ambiance, ambiance de danger omniprésent que seuls certains acceptent. Voldemort est revenu mais tout le monde ne le croit pas et cela compliquera grandement la vie de Harry tout en permettant au mage noir d'agir dans l'ombre. 

Les personnages sont toujours aussi attachants et certains prennent de l'épaisseur. On apprécie notamment le rôle de Neville qui commence à nous dévoiler son vrai tempérament et qui nous surprend. On fait aussi la connaissance de Luna, personnage que j'aime beaucoup. Comme Neville, elle nous prouve qu'il ne faut pas se fier aux apparences. 

Il y aurait beaucoup à dire sur ce livre qui est aussi dense de par son nombre de pages que pour son histoire. Je ne veux pas trop en dire cependant mais il est certain que c'est un tome clé de l'histoire et que l'on y apprend beaucoup de choses. Si ma préférence va au tome trois, celui-ci a également pour moi une place de choix dans la saga!


Extrait :

"Dans le monde il n'y a pas d'un côté le bien et le mal, il y a une part de lumière et d'ombre en chacun de nous. Ce qui compte c'est celle que l'on choisit de montrer dans nos actes, ça c'est ce que l'on est vraiment."



mardi 12 mai 2020

Captive - Margaret Atwood

Par Ariane

Auteur : Margaret Atwood
Titre : Captive
Genre : roman
Langue d’origine : anglais
Traductrice : Michèle Albaret-Maatsch
Editeur : 10 :18
Nombre de pages : 613p
Date de parution : octobre 2017

Présentation de l’éditeur :
1873. Grace Marks, seize ans, est condamnée à la réclusion à perpétuité pour le double meurtre de son jeune employeur et de sa gouvernante. Victime sous emprise ou monstre en jupons ? Face à l'échec des rapports psychiatriques, le Docteur Jordan s'empare du dossier, bien décidé à la sortir de son amnésie. Mais pourquoi lui cache-t-elle les troublants rêves qui hantent ses nuits ? Inspiré d'un sanglant fait divers qui a bouleversé le Canada du XIXe siècle, Margaret Atwood nous offre un roman baroque où le mensonge et la vérité se jouent sans fin du lecteur. Captive est aujourd'hui adapté en série TV.

Mon avis :
Comme la plupart des lecteurs probablement, c’est avec La servante écarlate, roman déconcertant et terrifiant, que j’ai découvert Margaret Atwood. Pour découvrir un peu plus l’œuvre de l’autrice canadienne, j’ai choisi ce titre, lui aussi adapté en série TV.
A seulement 16 ans, Grace Marks a été condamnée à perpétuité pour le meurtre de son employeur (la gouvernante et maîtresse a elle aussi été assassinée mais il n’y a pas eu de procès pour ce crime, les assassins ayant déjà été condamnés). Une quinzaine d’années plus tard, le docteur Jordan, jeune aliéniste qui s’intéresse particulièrement aux pertes de mémoire, est engagé par le comité de soutien de Grace. S’ensuivent alors plusieurs rencontres au cours desquelles Grace raconte au docteur Jordan, de son enfance en Irlande jusqu’aux meurtres.
Ainsi, Margaret Atwood met à nouveau une femme au cœur de son intrigue. Une femme prisonnière des règles d’une société, qui ne peut maîtriser son destin parce que femme, parce que pauvre. Mais le procédé est ici inverse. Dans La servante écarlate nous étions embarqués dans un futur proche aux côtés de personnages imaginaires. Cette fois-ci, Margaret Atwood nous plonge dans le passé et s’empare d’un fait divers réel. Grace Marks a donc réellement existé et son histoire est réelle. Partant de là, Margaret Atwood a bâti son intrigue et imaginé la vie de Grace sur la base des informations éparses dont elle disposait. Et le récit qu’elle nous propose est passionnant, on s’attache vite à Grace même si… souvent on doute. Qui est-elle réellement ? Est-elle une innocente victime des circonstances ? Une manipulatrice sans scrupules ? Une folle ? Les avis divergent et Margaret Atwood laisse planer le doute sur son personnage, quoiqu’elle nous propose une explication (un peu facile je dois dire).  
Les interactions avec le docteur Jordan ne sont que le prétexte pour nous raconter cette biographie romancée, aussi ai-je trouvé peu d’intérêt aux échanges entre les deux personnages. D’autant plus que, si le personnage de Grace est relativement intéressant car ambigu, le docteur Jordan est totalement insignifiant ! Pas la peine de chercher à cerner ce personnage, il n’y a rien à cerner ! Et je ne comprends pas pourquoi Margaret Atwood a choisi d’encombrer son récit avec les anecdotes sur les coucheries du docteur ou les lettres de sa mère ?
En nous racontant l’histoire de Grace, Margaret Atwood nous parle d’abord de la condition des femmes et des domestiques au début du 19ème siècle. Cet aspect de l’histoire est intéressant. On y aborde également les débuts tâtonnants de la médecine mentale et les débats de l’époque. Enfin, elle évoque l’influence de la presse sur l’opinion publique, les journalistes s’étant emparés de ce crime sensationnel, produisant des articles biaisés, influencés, voire carrément inventés.
Ainsi donc, l’histoire de Grace telle que nous la raconte Margaret Atwood est intéressante, elle amène son lot d’interrogations, mais les longues et inutiles parties consacrées au docteur Jordan viennent alourdir et ralentir le récit.

Extrait :
« Il n'y a rien de plus décourageant que quand on vous donne un espoir, puis qu'on vous le reprend, c'est presque pire que de ne pas avoir eu d'espoir au départ. »

lundi 11 mai 2020

Harry Potter et la coupe de feu - J.K. Rowling

Par Daphné




Auteur : J.K.Rowling
Titre : Harry Potter et la coupe de feu
Editeur : Gallimard Jeunesse
Langue d'origine : anglais
Traducteur: Jean-François Ménard
Nombre de pages : 651
Date d'édition : 2000


Résumé de l'éditeur :


Après un horrible été chez les Dursley, Harry Potter entre en quatrième année au collège dePoudlard. A quatorze ans, il voudrait simplement être un jeune sorcier comme les autres, retrouver ses amis Ron et Hermione, assister avec eux la Coupe du Monde de Quidditch, apprendre de nouveaux sortilèges et essayer des potions inconnues. Une grande nouvelle l'attend à son arrivée : la tenue à Poudlard d'un tournoi de magie entre les plus célèbres écoles de sorcellerie. Déjà les spectaculaires délégations étrangères font leur entrée... Harry se réjouit. Trop vite. Il va se trouver plongé au coeur des événements les plus dramatiques qu'il ait jamais eu à affronter.

Envoûtant, drôle, bouleversant, ce quatrième tome est le pilier central des aventures de Harry Potter.

Mon avis :

Ce tome-là marque un tournant dans la saga d'Harry Potter. C'est le livre du milieu, le premier à mal finir, celui qui annonce une suite plus sombre, plus dure que ne l'a été la saga jusque-là. Il ne commence ni ne se termine à la manière des trois premiers tomes. 

Les personnages évoluent, grandissent. Les convictions et le sens de la justice d'Hermione commencent à bien se dessiner, Harry de plus en plus de talent pour la défense des forces du mal (il faut dire aussi qu'il s'y retrouve contraint et forcé!), le manque de confiance en lui de Ron se devine davantage dans la jalousie qu'il ressent envers Harry ou sa frustration face à la pauvreté de sa famille. Nos héros vivent leurs premiers émois amoureux, doutent parfois de leur amitié. ils ont quatorze ans et entrent vraiment dans l’adolescence. 

On en apprend davantage sur le monde de la magie, les écoles autres que Poudlard, l'importance du quiddich... et les mangemorts. Les parallèles au monde réel que dénoncent ici J.K.Rowling deviennent de plus en plus évidents : le monde de Harry a beau être magique, on y retrouve des allusions au racisme, à la montée du nazisme. A travers l'obstination d'Hermione à vouloir lutter contre la journaliste Rita Skeeter, on peut voir une dénonciation des dérives de la presse. elle développe par ailleurs une certaine conscience politique et sociale en créant la S.A.L.E, une association visant à développer les droits des elfes de maison. 

La montée en puissance de Voldemort et de ses partisans se fait de plus en plus présente au fil des pages. On en apprend de plus en plus sur les méthodes qu'il utilisait pour rallier les mangemorts et pour semer la terreur autour de lui. Si le tournois des trois sorciers est au centre de ce livre, il s'y passe cependant beaucoup d'autres choses et, comme on peut le constater au fur et à mesure, toutes ont leur importance. Le tournois est cependant très symbolique : est-il là pour créer des liens entre sorciers de différents pays ou les pousse-t-il à rivaliser entre eux ? Comme il sera remarquer à la fin du livre, c'est la manière dont les sorciers verront ce genre de choses  qui détermineront l'avenir. L'union ou la désunion...

Je me souviens de mon sentiment de frustration la première fois que j'ai refermé ce livre : Harry Potter, à ce moment-là, n'était pas encore aussi connu en France que ce qu'il allait bientôt devenir et le quatrième tome venait juste de sortir... J'avais lu les quatre premiers tomes les uns à la suite des autres, et m'étais retrouvée complètement dépitée devant une telle fin... d'autant qu'il m'a fallu attendre trois ans la sortie du tome suivant! Oui, la fin est ici complètement différente de celles des trois tomes précédents et elle n'annonce pas de bons moments à venir pour Harry et ses amis... 




Extrait :

"Le feu de la Coupe était redevenu rouge. Des étincelles volaient en tous sens et une longue flamme jaillit soudain, projetant un nouveau morceau de parchemin.
D’un geste qui semblait presque machinal, Dumbledore tendit la main et attrapa le parchemin entre ses longs doigts. Il le tint à bout de bras et lut le nom qui y était inscrit. Un long silence s’installa, pendant lequel il continua de fixer le parchemin, tous les regards tournés vers lui. Enfin, Dumbledore s’éclaircit la gorge et lut à haute voix :
– Harry Potter."

samedi 9 mai 2020

Soeur - Abel Quentin

Par Ariane


Auteur : Abel Quentin

Titre : Sœur  

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : L’observatoire

Nombre de pages : 256p

Date de parution : août 2019
 
Mon avis :

« Abel Quentin pourrait être la version masculine d’Anaïs Llobet. » écrivait Nicole dans son billet. Rien n’est plus vrai et je pourrais dire qu’il n’y a rien à ajouter !

Comme beaucoup d’adolescentes, Jenny Marchand est mal dans sa peau. Pas d’amis, physique ingrat, caractère revêche, elle observe de loin ces adolescents populaires qui ne la remarquent même pas. Un jour d’audace folle, elle tente sa chance auprès d’un beau garçon dont elle est amoureuse. Le rejet et la honte, puis le harcèlement sur les réseaux sociaux, exacerbent en elle la colère et la détresse. Perdue dans sa détresse et sa solitude, Jenny ne voit aucune issue. Mais un message change sa vie. Une inconnue lui tend la main, lui offre son amitié. Pour la première fois, Jenny a une amie, qui l’accepte, la comprend et la soutient. Alors, à corps perdu, Jenny se jette dans cette amitié empoisonnée. Quelques mois à peine suffiront à transformer l’adolescente complexée en apprentie terroriste.

Ainsi donc, comme Anaïs Llobet dans l’excellent Des hommescouleur de ciel, Abel Quentin s’empare du sujet brûlant de la radicalisation et du passage à l’acte terroriste d’adolescents en perdition. Radicalisation n’est d’ailleurs pas le bon terme, comme l’a expliqué l’auteur. Jenny ne connaît rien à l’Islam, Jenny ne comprend pas, Jenny ne réfléchit pas. Elle est abreuvée sans cesse de mots et d’images de haine, échos de sa colère et de sa souffrance. Ce n’est pas une conversion, c’est un lavage de cerveau. Cela paraît impossible et pourtant… combien de parents ont vu ainsi dériver l’enfant aimé… C’est troublant, terrifiant.

Abel Quentin nous entraîne dans l’esprit de Jenny, certaines lectrices (et lecteurs) pourront se reconnaître un peu dans cette jeune fille perdue, proie idéale pour des fous en tous genres. Car elle n’est que ça finalement, une gamine paumée, qui se croit enfin acceptée, qui fait partie d’un groupe pour la première fois de sa vie, qui a l’impression d’avoir un but alors que son avenir lui semblait vide. Une gamine paumée chez qui les versets sanglants et les images de décapitation, cohabitent avec le monde de Harry Potter

Outre le récit de la descente aux enfers de Jenny, Abel Marchand nous raconte celle de ses parents. Un couple ordinaire, classe moyenne, pavillon en banlieue. Ils assistent, impuissants, à la transformation de leur fille. Ils cherchent de l’aide mais n’en trouvent aucune. La gendarmerie ne peut rien faire, les associations non plus, pas plus que le proviseur du lycée. Ils n’ont aucune prise sur leur fille, qui à 15 ans, comme on le croit souvent à cet âge, est persuadée qu’elle sait tout et que ses parents ne savent rien.

J’ai moins adhéré en revanche aux passages plus politiques consacrés au président Saint-Maxens et à son premier ministre, candidat aux présidentielles. Je n’ai jamais éprouvé grand intérêt pour la politique, les jeux de pouvoirs m’ennuient (sauf quand il est question de rois maudits ou d’un trône de fer…), les mesquineries, manipulations, petits et grands mensonges… Saint-Maxens, vieux roublard de la politique sur le déclin, et Benevento, arriviste aux dents longues, sont des personnages très réalistes, trop peut-être.

Malgré ce léger bémol, j’ai beaucoup aimé ce roman, bien écrit et percutant. Un premier roman réussi qui a figuré dans la première sélection du Goncourt.



Extrait :

« Claquemurée dans le pavillon familial, l’enfance de Jenny s’est consumée dans le silence. Pas que ses parents soient des taiseux, simplement leur caquetage est pour elle comme le silence: vide et oppressant. »



« Elle veut forcer l’indifférence générale, fasciner le monde ou le révulser. Barbouiller le ciel de sa douleur obscène, éclabousser l’horizon de ses jeunes viscères, exhiber son âme si dégueulassement écorchée et mélancoliquement inadéquate, achalander ses salopes souffrances  sur un étal de boucherie à faire pâlir un équarrisseur, un étal ignoble et somptueux. »

L'avis de Nicole