samedi 30 septembre 2017

Bilan de septembre (Ariane)

Par Ariane

Septembre se termine et voici venir mon petit bilan mensuel.
J'ai passé un excellent moment avec Les enfants de Venise de Luca di Fulvio. Ce roman m'a tellement plu que j'ai rapidement enchaîné avec Le gang des rêves son précédent roman, dans lequel j'ai retrouvé tout ce qui m'avait plu, peut-être un peu trop justement.
Autre belle découverte : La porte de Magda Szabo, première incursion dans la littérature hongroise.
La route de Cormac McCarthy m'a beaucoup marquée, je saurai difficilement dire si j'ai apprécié ou pas cette lecture.
Je n'ai pas vraiment apprécié le roman de Carole Martinez Du domaine des murmures, le style m'a déconcertée, et si j'ai apprécié certains aspects du roman d'autres m'ont semblé trop survolés.
Coyote de Colin Winnette est un roman difficile qui ne laisse pas indifférent.
J'ai eu du mal avec Le monde des hommes de Pramoedya Ananta Toer, que j'ai trouvé assez ennuyeux.
Et pour mon Agatha Christie mensuel j'ai retrouvé Hercule Poirot dans Le crime du golf






En ce moment je lis



Ça y est les nouveautés de la rentrée littéraire arrivent à la bibliothèque, j'ai également reçu deux livres (Masse Critique et Matchs de la Rentrée Littéraire Priceminister), sans oublier un petit craquage en librairie, ajoutez à cela une lecture commune et on obtient une pile à lire bien trop chargée !








Et vous qu'avez-vous lu ce mois-ci ? Et que lirez-vous ?



vendredi 29 septembre 2017

Le conflit, la femme et la mère - Elisabeth Badinter

Par Daphné















Auteur : Elisabeth Badinter
Titre : Le conflit la femme et la mère
Genre : essai
Langue d’origine : français
Editeur : Flammarion
Nombre de pages : 254
Date de parution : 2010

Résumé de l'éditeur :

Trente ans après L’Amour en plus, il se livre une véritable guerre idéologique souterraine, dont on ne mesure pas encore pleinement les conséquences pour les femmes. Le retour en force du naturalisme — qui remet à l'honneur le concept bien usé d'instinct maternel — constitue le pire danger pour leur émancipation et l'égalité des sexes.

À force d'entendre répéter qu'une mère doit tout à son enfant, son lait, son temps et son énergie, il est inévitable que de plus en plus de femmes reculent devant l'obstacle. Certaines trouvent leur plein épanouissement dans la maternité, mais la majorité d'entre elles feront un jour le calcul des plaisirs et des peines : d'un côté, une expérience irremplaçable, l'amour donné et rendu et l'importance de la transmission ; de l'autre, les frustrations et le stress quotidien, les inévitables conflits et parfois le sentiment de l'échec.

Si plus d'un quart des Allemandes restent sans enfant, cela signifie qu'elles trouvent à se réaliser ailleurs que dans la maternité telle qu’on la leur impose. Pour l'heure, les Françaises ont échappé à ce dilemme du tout ou rien. Tiendront-elles tête aux injonctions des « maternalistes » soutenus par les plus respectables institutions ? Jusqu'à quand sauront-elles imposer leurs désirs et leur volonté contre le discours rampant de la culpabilité ?
E.B.


Mon avis :

J'avais déjà lu ce livre il y a quelques années (je n'avais pas encore d'enfant à l'époque) et je me rappelle que de nombreux passages m'étaient alors restés en travers de la gorge. Suite à mes lectures de Sarah Blaffer Hrdy il y a peu, j'ai voulu relire le livre d'Elisabeth Badinter. En effet, certains articles tendent à opposer leurs points de vue et toutes deux se citent mutuellement dans leurs écrits, à la différence près que si Sarah Blaffer Hrdy parle d'Elisabeth Badinter et de ses essais de manière plutôt respectueuse, cette dernière tend au contraire à "démonter" la thèse de Sarah Blaffer Hrdy. J'ai donc voulu relire Le conflit, la femme et la mère... et j'en ai gardé un goût plutôt amer!

Ce livre a été salué comme étant un ouvrage très féministe. Selon Elisabeth Badinter, le mouvement féministe des années 70 a été oublié au profit du naturalisme, lequel représente un véritable retour en arrière pour la femme. de nombreuses femmes sacrifieraient leur vie professionnelle et leur épanouissement pour leurs enfants auxquelles elles sont censées "tout devoir". 

La thèse d'Elisabeth Badinter comporte des aspects très intéressants et on la sent véritablement engagée pour la cause féminine mais... pour moi il y a un grand, un énorme "mais" ! J'ai lu ce livre avec mes yeux de femme mais aussi -et sans doute surtout- avec mes yeux de mère... et c'est là que le bât blesse car visiblement je suis le type de mère qu'Elisabeth Badinter qualifierait sans doute "d'esclave de ses enfants" : une mère qui a pris un congé parental et a pratiqué plusieurs aspects de ce qu'elle appelle le "naturalisme" (certains nomment cela le maternage proximal : à savoir entre autres l'allaitement, le portage en écharpe, le cododo, les couches lavables, le fait de préparer soi-même les repas et d'éviter la nourriture industrielle etc). Est-ce que cela fait de moi une anti-féministe? 

L’allaitement, est, selon l'auteur, l'"empêcheur de tourner en rond du féminisme" (ce ne sont pas ses propres mots mais ma manière de résumer les choses) et il existerait une véritable pression poussant les femmes à allaiter, souvent contre leur gré. Elle se penche notamment sur le cas de La Leche League qu'elle considère visiblement comme la grande ennemie du féminisme. Elle en parle avec une ironie et une dureté qui m'ont paru assez injustifiées. A mes yeux, La Leche League est davantage un réseau de soutien et aux femmes souhaitant allaiter qu'un mouvement culpabilisateur face à celles qui ne le souhaitent pas. Dans le même ordre d'idée, je l'ai trouvé extrêmement dure avec les hôpitaux dits "Amis des Bébés".

Elisabeth Badinter dénonce une véritable pression sociale qui imposerait l'allaitement aux mères mais ne se base pour cela que sur le point de vue de ces dernières, ne se demandant absolument pas quel genre de pression est souvent imposée à celles qui allaitent leur enfant. Les discours en France tendent peut-être vers l'allaitement mais c'est loin d'être la vision globale de la société. Il est vrai qu'il existe parfois une certaine culpabilisation envers les mères qui donnent le biberon mais c'est aussi le cas envers les mères qui allaitent, envers celles qui refusent de laisser pleurer leur enfant et celles qui le laissent pleurer, envers celles qui reprennent tôt le travail et envers celles qui choisissent de rester auprès de leur enfant quelques temps, etc. Quel que soit l'objet de la culpabilisation, elle est toujours là à un moment ou un autre. Le jugement d'autrui envers les mères a toujours existé et peut-être est-ce contre cela qu'il faudrait lutter plutôt que contre l'allaitement...

 Allaiter semble être, aux yeux d'Elisabeth Badinter, en parfaite contradiction avec ce pour quoi les femmes en France se sont battues dans les années 70, notamment du fait de disposer de leur corps selon leurs souhaits. Mais une mère qui choisit d'allaiter ne fait elle pas également ce choix -là? Pourquoi se placer uniquement du côté de celles qui ont allaité parce qu'elles s'y sentaient obligées et non également de celui des femmes qui ont fait ce choix de manière libre et éclairée ou de celles qui ont nourri leur enfant au biberon sans pour autant en être culpabilisées ? 

Je pourrais écrire un livre sur le sujet tant j'ai d'exemples en tête mais je vais éviter de m’appesantir là-dessus. Je dirai juste que je trouve extrêmement dommage et trop simple d'opposer ainsi l’allaitement au féminisme. 

Il en est aussi de même, à mon avis, pour ce qu'Elisabeth Badinter nomme le "naturalisme " en général. Se soucier de l'avenir de la planète va t-il vraiment à l'encontre de la libération de la femme? Elle n'a certes pas tort lorsqu'elle dit que ce ne seront pas les papas qui nettoieront les couches lavables car effectivement, dans la plupart des familles, ce sont les femmes qui endossent le plus gros pourcentage des tâches ménagères. Mais n'est-ce pas prendre le problème à l'envers que d'en reporter la faute sur le "naturalisme"? N'est ce pas plutôt une question d'agissement sociétal entre homme et femme plutôt qu'une question d'écologie? Peut-on vraiment parler de retour en arrière concernant les couches lavables ou le fait de préparer soi-même les repas de son enfant ? Ne serait ce pas plutôt une simple prise de conscience? Il est vrai que dans les années 70, les couches jetables et les petits pots tout prêts pour les bébés ont simplifié la vie des mères mais le contexte écologique et ce qu'on en connaissait à ce moment-là n'était pas le même. Le fait de cuisiner bio peut-il être considéré comme un retour en arrière pour la femme alors qu'après tout, faire la guerre aux pesticides et aux plats industriels est aussi une manière de lutter contre une aspect de la société et  de prendre soin de son propre corps et de celui de ses enfants, ce qui peut finalement rejoindre le courant féministe si l'on considère les choses sous un autre angle. Etre "citoyenne de la planète" en tentant de protéger celle-ci empêche t-il vraiment d’être femme?

Dans le même ordre d'idée, pourquoi un tel acharnement contre celles qui refusent la péridurale ou souhaitent accoucher chez elles? Pouvoir décider ou non d'avoir une péridurale ou décider le lieu où l'on souhaite accoucher est un choix, une liberté qui est offerte à la femme alors pourquoi juger cela ? Et pourquoi diviser les femmes entre deux catégories (pour résumer les mères "natures" qui allaitent, cuisinent bio, utilisent des couches lavables et arrêtent de travailler et les mères "non natures" qui donnent le biberon, reprennent le travail tôt et donnent des petits pots tout prêts). j'ai trouvé ce "tri" très caricatural...

Quand à considérer le bébé comme "le meilleur allié de la domination masculine", j'ai trouvé cela assez terrible... surtout si l'on considère que près de la moitié des bébés en questions sont des filles et donc des futures femmes qui infligeraient à leurs mères le poids d'une domination qu'elles mêmes seraient plus tard amenées à rencontrer pour les mêmes raisons. Faudrait il alors casser la dyade mère/enfant si importante les premiers mois car celle-ci nuirait à la femme et, selon les propos d'Elisabeth Badinter, exclurait le père? Quitte à tenir exactement le genre de propos qui semble alarmer l'auteur, je pense que cette dyade mère/enfant si fusionnelle au début de la vie de l'enfant est essentielle. Défendre le droit des femmes reviendrait il alors à refuser à la mère et l'enfant cette soif de proximité qui les réunit dans un premier temps?  Je ne comprend pas en quoi le peau à peau à la naissance, proposé dans le but de favoriser l'attachement entre la mère et l'enfant (et le père aussi d'ailleurs!) serait aliénant pour la femme. Il est bien beau de vouloir défendre les droits de la femme et la place du père mais et l'enfant dans tout cela? N'est-il pas important que ses besoins - et le contact si intense avec sa mère les premiers mois fait parti de ces besoins- soient pris en compte? Considérer le bébé comme un tyran à l'âge où il est, somme toute, le plus innocent me paraît très triste. Ce sont les bébés qui seront les futurs hommes et les futures femmes de demain. Si leurs besoins sont niés dés la naissance au profit d'un confort parental ou d'une idéologie, il est quelque part logique qu'ils en gardent des traces et se manquent mutuellement de respect entre eux à l'âge adulte...

J'ai donc trouvé la vision d'Elisabeth Badinter à propos des "mères natures" à la fois caricatural, sarcastique et mal renseignée. D'ailleurs, où sont les sources de ce qu'elle prétend? Les entretiens, les faits scientifiques (car mine de rien, on a beau être dans de la sociologie, certaines questions abordées relèvent également de la science), les statistiques? Il m'a semblé qu'il y avait un certain manque d'information dans ce livre. J'ai eu à certains moments davantage eu l'impression de lire un traité de vengeance et de moqueries plutôt qu'un essai sociologique.  Et c'est vraiment dommage car par ailleurs, Elisabeth Badinter soulève des questions particulièrement intéressantes telles que la parité homme/femme au sein d'un couple mais également dans le milieu professionnel. Elle nous parle également du fait de ne pas vouloir d'enfant ce qui, aux yeux de la société est souvent incompris, de la différence entre le fantasme et la réalité de la maternité, les différentes politiques familiales, l’ambiguïté de la féminité ...

Bien que consciente de la chance que j'ai d'être femme ici et non à certains autres endroits de la planète, j'ai également conscience qu'il existe encore en France de gros problèmes au niveau de parité entre les hommes et les femmes et je trouve extrêmement important et honorable de militer pour les droits des femmes. La place du père auprès des enfants est également un sujet sur lequel il mérite de se pencher mais contrairement à Elisabeth Badinter, je ne pense pas que la non implication de certains pères soient dus à l'allaitement ou au peau-à-peau. Il y a un réel travail à effectuer sur cette implication ainsi que sur la parité des hommes et des femmes dans le milieu professionnel. Les questions soulevées par l'auteur sont réellement dignes d’intérêt et méritent qu'on se batte pour accéder à cette parité mais je pense néanmoins qu'Elisabeth Badinter ne s'en prend pas aux bons "coupables "...

Extrait :

"Le retour en force du naturalisme, remettant à l'honneur le concept bien usé d'instinct maternel et faisant l'éloge du masochisme et du sacrifice féminins, constitue le pire danger pour l'émancipation des femmes et l'égalité des sexes."


mardi 26 septembre 2017

La route - Cormac McCarthy

Par Ariane




Auteur : Cormac MacCarthy

Titre : La route

Genre : roman

Langue d’origine : anglais (américain)

Traducteur : François Hirsch

Editeur : éditions de l’Olivier

Nombre de pages : 256p

Date de parution : janvier 2008

Présentation de l’éditeur :

L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres. Un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d’objets hétéroclites et de vieilles couvertures. Ils sont sur leurs gardes car le danger peut surgir à tout moment. Ils affrontent la pluie, la neige, le froid. Et ce qui reste d’une humanité retournée à la barbarie. Cormac McCarthy raconte leur odyssée dans ce récit dépouillé à l’extrême.



Mon avis :

Quand on pense post-apocalyptique, le roman phare de MacCarthy est l’un des premiers titres qui vienne à l’esprit.

L’homme erre dans un monde dévasté en compagnie de son fils, se cachant des autres survivants et cherchant sans relâche de quoi survivre un jour de plus. Mais quel besoin y a-t-il d’un nom dans ce monde qui n’en est plus un ? Ils sont l’homme et le petit, réduits au lien qui les unit, leur existence intrinsèquement liée à ce lien.

On ne sait rien de ce qui a provoqué ce cataclysme, mais le monde qui s’offre désormais aux protagonistes est terrifiant. Il n’existe plus rien : ni plantes, ni animaux, rien qu’un monde gris et recouvert de cendres. De rares survivants errent comme eux, beaucoup prêts à tout pour survivre, y compris à tuer et manger d’autres humains.

Pourquoi ? Cette question m’a souvent accompagnée au cours de ma lecture. Pourquoi continuer quand il n’y a plus rien ? Finalement, l’amour qui lie le père et le fils est la seule lumière de l’histoire, la seule note d’espoir, comme un dernier vestige d’humanité.

Un passage m’a horrifiée comme rarement en littérature. J’ai dû arrêter ma lecture, je n’étais pas sûre de pouvoir la reprendre. J’ai donc fait une pause, espérant oublier cette scène terrible et si j’ai réussi à reprendre le livre, cette image s’est imprégnée en moi et je n’ai pas pu m’en défaire. J’ai fini ma lecture depuis plusieurs jours au moment où j’écris, mais c’est la première chose qui me vient en tête lorsque je pense au roman et ce sentiment d’horreur, de malaise et de dégoût est toujours aussi intense.

J’ai du mal à avoir un avis clair sur ce roman tant cette scène a pris le dessus sur tout le reste. Sans cela, j’aurai probablement beaucoup apprécié ma lecture.



Extrait :

« Peut-être comprenait-il pour la première fois qu’aux yeux du petit il était lui-même un extraterrestre. Un être d’une planète qui n’existait plus. »


« Ils continuaient. Marchant sur le monde mort comme des rats sur une roue. Les nuits d’une quiétude de mort et plus mortellement noires. Si froides. Ils parlaient à peine. Il toussait sans cesse et le petit le regardait cracher du sang. Marcher le dos courbé. Sale, en haillons, sans espoir. Il s’arrêtait et s’appuyait contre ce caddie et le petit continuait puis s’arrêtait et se retournait et l’homme levait les yeux en pleurant et il le voyait là debout sur la route qui le regardait du fond dont ne sait quel inconcevable avenir, étincelant dans ce désert comme un tabernacle. »

J'ai partagé cette lecture avec Laure

 L'avis de Mimi

lundi 25 septembre 2017

Les âmes grises - Philippe Claudel

Par Daphné :

















Auteur : Philippe Claudel
Titre : Les âmes grises
Ge123
7enre : roman
Langue d’origine : français
Editeur : Stock
Nombre de pages : 288
Date de parution : 2003

Présentation de l’éditeur :

Une jeune enfant est retrouvée morte, assassinée sur les berges engourdies par le gel d’un petit cours d’eau. Nous sommes en hiver 1917. C’est la Grande Guerre. La boucherie méthodique. On ne la voit jamais mais elle est là, comme un monstre caché. Que l’on tue des fillettes, ou que des hommes meurent par milliers, il n’est rien de plus tragiquement humain.
Qui a tué Belle de Jour ? Le procureur, solitaire et glacé, le petit Breton déserteur, ou un maraudeur de passage ?
Des années plus tard, le policier qui a mené l’enquête, raconte toutes ces vies interrompues : Belle de jour, Lysia l’institutrice, le médecin des pauvres morts de faim, le calvaire du petit Breton... Il écrit avec maladresse, peur et respect. Lui aussi a son secret.
Les âmes grises sont les personnages de ce roman, tout à la fois grands et méprisables. Des personnages d’une intensité douloureuse dans une société qui bascule, avec ses connivences de classe, ses lâchetés et ses hontes. La frontière entre le Bien et le Mal est au cœur de ce livre d’une tension dramatique qui saisit le lecteur dès les premières pages et ne faiblit jamais. Jusqu’à la dernière ligne.

Mon avis :

Cela faisait longtemps que je voulais lire ce livre, en ayant beaucoup entendu parler. Ayant découvert il y a peu La petite fille de Monsieur Linh, j'avais aussi très envie de lire un autre livre de cet auteur. 

En 1917, alors que la guerre fait rage, une petite fille est assassinée. Mais par qui? Le narrateur, policier, écrivant une lettre à sa femme, Clémence, décédée peu de jours après le meurtre de la petite fille, longtemps, se posera la question...

Plus qu'une histoire, ce livre est avant tout une ambiance. Ambiance sombre et glacée de la mort, de la guerre et de l'hiver. Ambiance mystérieuse, teintée du désespoir de ceux qui ont perdu un être aimé.  

L'enquête au sujet de la mort de la petite fille est au centre du récit mais laisse une grande place à l'histoire des gens gravitant de près ou de loin autour de ce meurtre. On découvre ainsi différents personnages ayant tous leurs propres secrets. L'âme humaine, finement sondée par Philippe Claudel nous est dévoilée dans toute sa complexité et le titre du livre prend alors tout son sens. 

Un livre tout en ressentis qui nous livre une certaine réflexion sur l’être humain...

Extrait :

"On dit toujours que l’on craint ce que l’on ne connaît pas. Je crois plutôt que la peur naît quand on apprend un jour ce que la veille on ignorait encore."




samedi 23 septembre 2017

Cris - Laurent Gaudé

Par Ariane



Auteur : Laurent Gaudé

Titre : Cris

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : Actes sud Babel

Nombre de pages : 128p

Date de parution : janvier 2008

Présentation de l’éditeur :

Ils se nomment Marius, Boris, Ripoll, Rénier, Barboni ou M’Bossolo. Dans les tranchées où ils se terrent, dans les boyaux d’où ils s’élancent selon le flux et le reflux des assauts, ils partagent l’insoutenable fraternité de la guerre de 1914. Loin devant eux, un gazé agonise. Plus loin encore retentit l’horrible cri de ce soldat fou qu’ils imaginent perdu entre les deux lignes du front : "l’homme-cochon". A l’arrière, Jules, le permissionnaire, s’éloigne vers la vie normale, mais les voix des compagnons d’armes le poursuivent avec acharnement. Elles s’élèvent comme un chant, comme un mémorial de douleur et de tragique solidarité, prenant en charge collectivement une narration incantatoire, qui nous plonge, nous aussi, dans l’immédiate instantanéité des combats, avec une densité sonore et une véracité saisissantes.



Mon avis :

Laurent Gaudé est l’un de mes chouchous. Un auteur dont chaque lecture m’a touchée, séduite, conquise. Ce fut une nouvelle fois le cas avec ce roman.

Dans l’enfer des tranchées, les voix des hommes s’entremêlent. On passe de l’un à l’autre dans de courts monologues intérieurs. Ce roman porte bien son titre. C’est un cri de terreur, d’horreur, de souffrance, de rage. C’est le chaos, l’enfer dans un paysage terrifiant, ravagé, la cacophonie des obus et de la mort venant seule troubler un silence assourdissant. Tout espoir a disparu, ne restent que la souffrance, la peur, la folie et la mort.

Qu’ils sont touchants ces hommes. De celui qui court tel un héros face au danger à celui qui a perdu l’esprit, celui qui même éloigné du champ de bataille ne peut revenir à la vie à celui qui blessé entre les lignes attend l’avancée de son camp. Parmi eux se trouve Ripoll, qui deviendra plus tard « le colonel Barbaque » de la nouvelle éponyme du recueil Dans la nuit Mozambique.

J’ai eu plaisir à retrouver l’écriture si caractéristique de Gaudé. Ces phrases rythmées, musicales, poétiques.

C’est un beau roman, que dire de plus ?



Extrait :

« Ils se rapprochent. Ils ne tarderont pas à être sur nous. Je regarde tous ces hommes qui se ruent sur nous. Ils courent, la baïonnette au fusil, ils crient pour se donner du courage. Je ne pensais pas qu'autant d'hommes pouvaient vouloir ma mort. »


« Il était immobile et silencieux. Le regard vide. Il ne dira plus un mot. Plus jamais. Je le sens. Une vie de silence. A rester des heures entières assis sur son lit. Secoué de tics. Pleurant parfois. Il ne saura plus dormir. Ses lèvres trembleront jusqu'à sa mort. Comme s'il prolongeait, en son esprit, le dialogue animal avec l'homme des tranchées »


« Corps à corps pour la vie. J'étais une bête et je ne me souviens plus. J'étais une bête et je n'oublierai jamais. »

L'avis de Mimi