samedi 31 décembre 2022

Je lis donc je suis

Par Ariane



Voilà un rendez-vous que j'apprécie et qui m'amuse particulièrement. Le principe est simple, répondre à quelques questions avec le titre d'un livre lu dans l'année.

 

Décris-toi

Celle qui parle

 

Comment te sens-tu ?

Pas de soucis

 

Décris où tu vis actuellement

La maison biscornue

 

Si tu pouvais aller où tu veux, où irais-tu

Une rivière en hiver

 

Ton moyen de transport préféré ?

Les envolés

 

Ta meilleure amie est…

Sauvagines

 

Tes amis et toi êtes…

Les enfants véritables

 

Comment est le temps ?

Blizzard

 

Quel est ton moment préféré de la journée ?

Les étoiles s’éteignent à l’aube

 

Qu’est la vie pour toi ?

Une douce flamme

 

Ta peur ?

La puissance des ombres

 

Quel est le conseil que tu as à donner ?

Le monde après nous

 

La pensée du jour….

Aux amours

 

Comment aimerais-tu mourir ?

Laissez-moi vous rejoindre…

 

Les conditions actuelles de ton âme ?

Seul le silence

 

Ton rêve ?

Le cœur battant du monde

 

Vous jouez ?

vendredi 30 décembre 2022

La ligne de nage - Julie Otsuka

 Par Daphné








Auteur : Julie Otsuka
Titre :La ligne de nage
Genre : roman
Langue d’origine :anglais (Etats-Unis)
Traducteur: Carine Chichereau
Éditeur: Gallimard
Nombre de pages :176
Date de parution :2022

Résumé :

 Nageurs et nageuses de cette piscine que tous appellent "là en bas" ne se connaissent qu'à travers leurs routines et petites manies, et les longueurs, encore, encore. Ils y viennent à heure fixe pour se libérer des fardeaux de "là-haut". Alice, tout spécialement, trouve un grand réconfort dans sa ligne de nage. Et puis un jour, une fissure apparaît au fond, dans le grand bain, en préfigurant d'autres, celles de son cerveau. Pour elle, l'inéluctable fermeture résonne comme un clap de fin. Remontent alors à la surface des souvenirs de jadis, de l'internement dans un camp pour Nippo-Américains pendant la Seconde Guerre mondiale, d'une enfant perdue très tôt, pourtant si parfaite... Mais Alice oublie chaque jour un peu plus. Là où il faudra bien se résoudre à l'enfermer, sa fille essaie de sauver quelques lambeaux du paysage fracturé qu'est devenue leur relation lacunaire.

Mon avis :

 J'ai lu des critiques plutôt négatives sur ce livre... mais pour ma part, je l'ai beaucoup aimé, peut-être parce qu'il m'a beaucoup rappelé les personnes que j'accompagne au quotidien dans mon travail.

Ce livre commence avec une piscine. Une piscine municipale, qui a ses habitués, ses propres règles, sa propre organisation. Pour les gens qui s'y baignent, ce n'est pas une simple piscine, c'est bien plus que cela, elle fait partie de leur vie. Et puis, un jour apparaît au fond de cette piscine une fissure. Puis une autre. Et encore une autre... Parmi les nageuses, il y a Alice. Alice qui va devoir faire face à ses propres fissures, celles de sa mémoire, cette mémoire qu'elle perd de  jour en jour.

L'autrice a un style particulier. Très particulier que l'on pourrait qualifier de froid et qui pourtant immerge complètement le lecteur dans le texte avec l'emploi de la première personne du pluriel, puis de la deuxième. C'est étrange un livre dont la première partie est écrite avec le "nous" puis passe au "vous" dans la partie suivante. Cela peut paraitre déstabilisant mais cela va tout à fait avec l'histoire. Quoi de plus déstabilisant en effet de voir sa mémoire s'étioler,  d'oublier un peu, beaucoup, puis tout ce qui a constitué son existence ? Et quoi de plus déstabilisant pour les proches qui assistent à cette dégringolade sans pouvoir rien y faire ?

Que ce soit la première partie consacrée à la piscine ou la deuxième consacrée à la vie au sein d'un EHPAD, d'abord du point de vue de l'institution, ensuite du point de vue de la famille, je les ai trouvées toutes deux très réussies. On nage dans la première, on coule dans la deuxième, on pourrait presque se croire dans deux livres différents tant le changement de ton et d'ambiance est brutal et c'est sans doute ce qui apporte à ce livre un véritable "plus". 

Oui, on pourrait qualifier ce livre de froid et pourtant, j'y ai vu la sensibilité, la douleur, la fragilité, l'émotion. Ce n'est pas rien de perdre la mémoire, que ce soit pour la personne directement concernée ou pour ceux qui l'aiment. Non, ce n'est pas rien, et l'autrice a très bien su le retranscrire. Oui, il m' a plu, ce livre, il m'a beaucoup touchée, à la fois pour ses qualités d'écriture et pour son sujet. Un livre qui vaut la peine d'être lu.

Extrait : 

 "Et à chaque souvenir que vous oublierez, vous vous sentirez un peu plus légère. Bientôt vous serez tout à fait vide, habitée d'absence et, pour la première fois de votre vie, vous serez libre."

mercredi 28 décembre 2022

Mercredi, c'est le jour des petits - Les deux grenouilles à grande bouche - Pierre Delye et Cécile Hudrisier

 Par Daphné








Auteur : Pierre Delye
Illustrateur : Cécile Hudrisier
Titre : Les deux grenouilles à grande bouche
Editeur : Didier jeunesse

 Résumé :

Imaginez deux grenouilles à grande bouche dans l’arche de Noé… qui chantent faux et fort et qui font des mauvaises blagues sans arrêt… Mais qui réussira à les faire taire ?
Une histoire drôlissime de Pierre Delye, illustrée par Cécile Hudrisier, le duo joyeusement déjanté et tant aimé des parents et des enfants ! 
Un conte détourné qui se raconte et se chante, comme ces deux grenouilles qui «braillent » des comptines façon Broadway tout au long du voyage !

Mon avis :

 Si vous connaissez et aimez l'histoire de la grenouille à grande bouche, alors vous devriez vous régaler avec cet album! Mais pourquoi, dans l'histoire célèbre de la grenouille, cette dernière est-elle détestée par le crocodile ? Eh bien, pour le savoir, il faut remonter un peu le temps jusqu'aux ancêtres de la grenouille présents dans une certaine arche. Des ancêtres malicieux, qui chantent et qui blaguent... sans doute un peu trop !

 Une fois de plus,  Pierre Delye et Cécile Hudrisier signent là un album plein d'humour. Les illustrations tout comme le texte, sont drôles et pleines de fantaisie. On lit, on chante, on s'amuse... et on en redemande! Depuis que mon fils l'a trouvé sous le sapin, il y a trois jours, on l'a déjà lu plusieurs fois en famille et l'on peut dire, décidément, que le duo Pierre Delye/ Cécile Hudrisier rencontre toujours un succès aussi vif chez nous! 

Un chouette album qui séduira petits et grands!


 



mardi 27 décembre 2022

Le goûter du lion - Ito Ogawa

Par Ariane


Auteur : Ito Ogawa

Titre : Le goûter du lion

Genre : roman

Langue d’origine : japonais

Traductrice : Déborah Pierret-Watanabe

Editeur : éditions Picquier

Nombre de pages : 272p

Date de parution : août 2022

 

Mon avis :

Après ma lecture de la pentalogie de Aki Shimazaki, j’avais envie de retrouver la délicatesse d’un roman japonais. Et mon regard s’est posé sur ce roman présenté sur la table des nouveautés de la bibliothèque. J’ai failli le reposer après avoir lu le résumé, je n’avais pas vraiment envie de lire sur ce sujet ! Mais j’ai bien fait de le garder quand même.

Shizuku vient d’apprendre qu’il ne lui reste que quelques semaines à vivre. Sans famille proche, la jeune femme décide de se rendre sur l’île aux citrons en mer intérieure de Seto. La maison du lion accueille des personnes en fin de vie. Dans un cadre apaisant, entourés d’un personnel bienveillant et attentionné, les invités vivent leurs derniers jours dans la sérénité. Chaque dimanche, tous se retrouvent autour d’un goûter choisi par un invité et tiré au sort.

Un roman sur la fin de vie d’une jeune femme. Dit comme ça, ça ne donne pas envie. Mais loin d’être déprimant, ce roman est lumineux et réconfortant. Pendant les quelques semaines qu’elle va passer à la maison du lion, Shizuku va faire de belles rencontres, être heureuse et aimée, faire la paix avec elle-même, se plonger dans ses souvenirs, profiter de l’instant présent.  J’ai particulièrement aimé sa relation avec la petite chienne Rokka, toute tendresse et partage.

C’est un très joli roman, sensible et poétique. Gourmand aussi. Je n’avais jamais lu l’autrice, mais c’est apparemment un thème récurrent chez elle. Le séjour à la maison du lion est marqué par l’expérience gustative qui est offerte aux invités. Les sœurs Mai et Shima sont aux fourneaux et cuisinent des mets subtils. Les descriptions des plats traditionnels japonais, de leurs odeurs et textures, mettent l’eau à la bouche du lecteur ! Et il y a bien sûr le goûter. Une madeleine de Proust finalement. Une gourmandise qui nous rappelle les jours passés. On en a tous une j’imagine…

Je crois que je choisirais un flan. Comme celui que ma grand-mère m’achetait chaque fois que j’étais en vacances chez elle. Le boulanger passait avec son camion et klaxonnait devant la maison. Je me précipitais avec elle et j’avais le droit de donner la monnaie. Je l’aidais à préparer le repas (pourquoi est-ce que dans mon souvenir on écosse toujours des haricots sur la terrasse ? On devait manger autre chose quand même !). Et pour le dessert, cette magnifique part de flan. Quel bonheur ce gâteau parfumé !

 

Extrait :

« Mais les repas à la Maison du Lion étaient d'un genre différent. Leur goût résonnait dans l'âme. »

« Vivre, c’est être la lumière de quelqu’un d’autre. User sa propre vie en offrant sa lumière à l’autre. Et de cette façon, s ‘éclairer l’un l’autre. »

« L'air était délicieux, bien trop bon pour ne pas me resservir une deuxième, une troisième fois. Ces respirations ont suffi à me rassasier. Depuis quand n'avais-je pas aspiré l'air comme on aspire le jus d'un fruit bien mûr ? »

mardi 20 décembre 2022

L'odyssée de Sven - Nathaniel Ian Miller

Par Ariane


Auteur : Nathaniel Ian Miller

Titre : L’odyssée de Sven

Genre : roman

Langue d’origine : anglais

Traductrice :  Mona de Pracontal

Editeur : Buchet Chastel

Nombre de pages : 480p

Date de parution : août 2022

 

Mon avis :

Dans la vie, je n’ai rien d’une aventurière, mais en littérature, j’adore ça !

En 1916, le jeune Sven ne supporte plus la vie à Stockolm, l’agitation de la ville et le travail débilitant à la filature. Nourri depuis son plus jeune âge aux récits des explorateurs, il rêve de partir vers le Grand Nord. Il se décide enfin à partir pour se faire engager comme mineur dans le Spitzberg. Mais le travail de mineur se révèle tout aussi décevant, heureusement qu’il fait la connaissance du géologue MacIntyre, qui partage avec lui l’amour des livres. Lorsqu’un éboulement le laisse défiguré, Sven n’a aucune envie de retourner à Stockolm, pour y subir en plus de ce qu’il détestait avant, les regards gênés ou dégoûtés. Alors il part plus au nord encore, pour rejoindre un campement et devenir trappeur. C’est là le véritable point de départ de son odyssée.

J’ai trouvé dans ce roman tout ce que j’espérais y trouver. Un dépaysement total dans des paysages immenses, d’une beauté à couper le souffle. L’homme confronté à une nature hostile, qui doit s’adapter et faire preuve d’humilité face à ces forces qui le dépassent. Un combat permanent pour survivre au froid, au manque de nourriture, à la solitude.

Solitude pas si totale que ça finalement… Il y a les amis, Tapio et MacIntyre qui rendent parfois visite à Sven dans son glacier, il y a les passages des marins norvégiens pour le ravitaillement, qui apportent également les courriers de sa sœur et de sa nièce. Avec ses amis et ses proches, Sven entretient malgré la distance qui les sépare et l’isolement dans lequel il vit, de très belles relations, de confiance, d’acceptation de l’autre et d’amour. Mais la relation qui m’a le plus touchée est celle qui le lie à son chien, Eberhard.

Les relations de Sven avec les autres personnages qu’il rencontre, tiennent donc une place essentielle dans ce roman, qui n’est pas seulement un roman d’aventure. C’est aussi un roman d’initiation, Sven, assez peu sympathique au début du roman, passe beaucoup de temps à s’apitoyer sur son sort et ne montre apparemment pas de grandes aptitude pour la vie dans le Grand Nord… Mais le jeune homme grandit, apprend et gagne en sagesse.  

Admiratrice de Jack London, j’ai été conquise par ce beau roman !  

 

Extrait :

« Ecoute la voix qui parle quand toutes les autres se taisent. Sois seul - sois entièrement seul. Je ne dis pas que tu vas faire une découverte de valeur ici - certainement pas une vérité cosmique - mais peut-être finiras-tu par te sentir aussi dépouillé, efficace et propre qu'un bâton fraîchement taillé. »