samedi 29 octobre 2022

Le voyant d'Etampes - Abel Quentin

Par Ariane


Auteur : Abel Quentin

Titre : Le voyant d’Etampes

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : éditions de l’Observatoire

Nombre de pages : 384p

Date de parution : août 2021

 

Mon avis :

Petit à petit je rattrape mon retard et il était temps que je parle de ce roman, sélectionné pour les 68 premières fois, avant d’en reparler dans mon bilan.

Après une carrière universitaire sans éclat, Jean Roscoff, retraité désabusé et porté sur la bouteille, se lance dans l’écriture d’un livre sur Robert Willow, poète et communiste américain. Roscoff prend un plaisir fou dans l’écriture de ce livre sur ce personnage dont le parcours et l’ouvrent le passionnent depuis des années. Rien ne laissait présager le tsunami qui se déclenche rapidement après la parution du livre. La polémique enfle, on en parle, on en débat, à la radio, à la télévision, dans les journaux. Les politiques s’emparent de la question. Les réseaux sociaux se déchaînent… Car si Roscoff a mis en avant l’engagement politique de Willow et son œuvre poétique, il a oublié un petit détail : Willow est noir. Roscoff est accusé de racisme, d’appropriation culturelle, harcelé sur les réseaux sociaux, insulté de toutes parts, défendu par le Front National. Un comble pour lui ancien militant à SOS racisme, qui a connu la marche des beurs et les valeurs de la génération Mitterrand.

Roscoff est un looser magnifique, on s’attache à ce pauvre vieux, qui veut bien faire mais semble constamment se prendre les pieds dans le tapis. Il ne comprend pas le monde qui l’entoure, n’en maîtrise pas les codes et semble aggraver la situation chaque fois qu’il ouvre la bouche…

Abel Quentin aborde ici, sous le couvert de cette histoire caustique, qui fait sourire autant qu’elle effraie, le choc des générations et l’émergence d’une pensée nouvelle qui remet en cause les certitudes des générations précédentes. Roscoff, sans nier la couleur de peau de Willow, n’en a pas parlé, car pour lui le racisme, c’est avant tout de désigner quelqu’un par sa couleur de peau. Dans sa vision universaliste, il s’intéresse à l’homme Robert Willow, au communiste, au poète. Mais ce faisant, ne relit-il pas son histoire à travers son propre regard d’homme blanc privilégié ?

On se régale à la lecture des malheurs de Jean Roscoff, mais on s’interroge en même temps sur cette culture émergente. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la plume d’Abel Quentin, avocat dans le civil, ne manque pas de verve. Pas une seconde d’ennui pour moi, jusqu’à la révélation finale, clin d’œil cynique qui nous prouve, une fois de plus, que ce pauvre Roscoff passe toujours à côté de ce qui est important…

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