vendredi 16 janvier 2015

Un été sans les hommes - Siri Hustvedt

Par Ariane

Auteur : Siri Hustvedt

Titre : Un été sans les hommes

Genre : roman

Langue d’origine : américain

Traducteur : Christine Le Boeuf

Editeur : Actes sud

Nombre de pages : 216p

Date de parution : mai 2011

Présentation de l’éditeur : 
Incapable de supporter plus longtemps la liaison que son mari entretient avec une femme plus jeune qu'elle, Mia quitte brusquement New York pour se rendre dans le Minnesota et se réfugier quelque temps auprès de sa mère octogénaire. Parcours d'une femme blessée en forme de "lecture de soi" et d'inattendue épiphanie personnelle, ce roman solaire – féministe au meilleur sens du terme – irradie d'une énergie aussi rebelle que stimulante.

Mon avis : 
J’ai l’impression que plus j’apprécie un livre plus j’ai de difficultés à rédiger mon avis.
Tellement de sentiments et d’idées se bousculent qu’il est compliqué de les analyser et de les organiser. C’est le cas avec ce roman de Siri Hustvedt. Sans cesse des passages me reviennent en mémoire, des réflexions nouvelles apparaissent, comme une petite musique qui me trotte dans la tête je ne peux pour l’instant laisser ce livre derrière moi.
J’avoue avoir été un peu effrayée par la mention « roman féministe », je craignais un déballage de clichés sexistes (envers les hommes) et de diatribes enflammées. Que nenni ! C’est un hymne aux femmes, à la Femme. Si des hommes il est question ils sont absents physiquement du récit, ils n’interviennent qu’indirectement. Seules des femmes sont présentes, personnages principaux ou secondaires.
Une galerie de personnages féminins incarne les différents âges de la vie. La petite Flora, encore enfant et innocente, les jeunes du cours de poésie à cet âge charnière où les petites filles se transforment en adolescentes, Daisy, la femme-enfant fille de la narratrice, libre et un peu immature, Lola la jeune maman et jeune mariée, Mia la cinquantenaire trompée, sa sœur Béa, sa mère et ses amies de la maison de retraite surnommées les cygnes. Finalement, nous sommes, avons été ou serons un peu toutes ces femmes. Je me suis identifiée à plusieurs de ces personnages, j’ai reconnu en elles certaines des femmes de mon entourage et la petite Flora, enfant pétillante, farfelue et enthousiaste m’a rappelé ma plus jeune fille.
C’est également tout le prisme des relations entre femmes qui est abordé : l’amitié, la maternité, la sororité. La maternité occupe une place particulièrement importante et trois couples de mères et filles la symbolisent à différents stades de la vie : Flora/Lola, Daisy/Mia et Mia/Laura. Je me suis reconnue à travers Lola, jeune mère un peu débordée qui reprend peu à peu confiance en elle. J’ai été très touchée par la relation de Mia avec sa mère. Elle évoque les souvenirs d’enfance, la présence affectueuse et rassurante de sa mère et devenue adulte c’est auprès d’elle qu’elle se réfugie. Mais elle devient elle aussi un refuge pour sa mère vieillissante, elle prend soin d’elle et prend conscience que le temps s’échappe. La relation de Mia avec sa sœur Béa est aussi très touchante. Lorsqu’elle est internée après que son mari l’ait quittée c’est le visage de sa sœur qui la ramène à la réalité.
J’ai beaucoup aimé le personnage de Mia. Une cinquantenaire en pleine crise existentielle on aurait pu craindre une femme ennuyeuse s’apitoyant sur elle-même. Mia est en pleine introspection, sans faux-semblants, elle s’analyse, s’observe et se penche sur sa vie et ses sentiments. Bien qu’en souffrance Mia est une femme fantasque, à l’écoute de toutes ces femmes/filles qu’elle rencontre. Elle sera finalement un catalyseur, permettant à chacune d’elles de se révéler, d’évoluer. Ce n’est pas le roman d’une (re)construction mais d’une multitude de découverte de soi. Alors bien sûr certains pourront reprocher « qu’il ne se passe rien ». Alors il n’y a certes pas de grands évènements mais en réalité il se passe beaucoup de choses.
C’est également un roman d’amour, car l’amour n’est pas que le sentiment amoureux. L’amour prend de multiples formes. L’amour d’une mère, l’amour d’une fille, d’une sœur, d’une amie.
Un petit détail m’a particulièrement interpelée et amusée : la référence aux convulsionnaires du cimetière de Saint-Médard. Je ne crois pas avoir déjà vu ce sujet traité en-dehors des livres spécialisés sur l’histoire du jansénisme.
J’ai aimé la plume de Siri Hustvedt, tour à tour délicate et humoristique, exprimant tant la colère et la frustration que la joie et la simplicité.
C’est un roman foisonnant et riche, qui amène à s’interroger et dont je crois qu’il me restera longtemps en mémoire. Il s’agissait de ma première rencontre avec cette auteure et j’ai été totalement conquise, je pense que je ne vais pas m'arrêter là. C’est beau tout simplement.

Extrait : 
"Dommage que je ne sois pas un personnage de livre ou de pièce de théâtre, non que les choses se passent tellement bien pour la plupart d’entre eux, mais alors je pourrais être récrite ailleurs. Je vais, moi, me récrire ailleurs, pensai-je, réinventer l’histoire sous un éclairage nouveau : je suis mieux sans lui." 

L'avis de Jostein, Clara, Kathel, Hélène,

11 commentaires:

  1. Ses essais sont tout aussi intéressants! Je viens juste d'emprunter son dernier roman, d'ailleurs.

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    1. Je ne savais même pas qu'elle écrivait des essais. En tout cas je compte bien poursuivre ma découverte de cette auteure qui m'a beaucoup plu.
      Ariane

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  2. Il est sur ma LAL depuis sa sortie, il faut seulement que je trouve un créneau ..

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    1. N'hésite pas à l'en sortir, j'espère qu'il te plaira autant qu'à moi.
      Ariane

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  3. Seul livre de cette auteure que j'ai lu et coup de coeur !

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    1. C'est justement ton avis (et celui de Jostein) qui m'a poussée vers ce livre. Merci !
      Ariane

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  4. J'ai bien aimé mais sans que ce soit un coup de coeur...

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    1. Contente qu'il t'ait plu. As-tu lu d'autres romans de cette auteure ?
      Ariane

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    2. Non, c'est le seul, mais je lirais bien La femme qui tremble, qui est un essai.

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  5. Gros coup de cœur !

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    1. Je crois qu'il a été un coup de cœur pour de nombreuses lectrices.
      Ariane

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