lundi 20 mai 2019

Salina, les trois exils - Laurent Gaudé

Par Daphné















Auteur : Laurent Gaudé
Titre : Salina, les trois exils
Genre : roman
Langue d’origine : français
Editeur : Actes sud
Nombre de pages : 149
Date de parution : 2018


Résumé de l'éditeur :

Qui dira l’histoire de Salina, la mère aux trois fils, la femme aux trois exils, l’enfant abandonnée aux larmes de sel ? Elle fut recueillie par Mamambala et élevée comme sa fille dans un clan qui jamais ne la vit autrement qu’étrangère et qui voulut la soumettre. Au soir de son existence, c’est son dernier fils qui raconte ce qu’elle a été, afin que la mort lui offre le repos que la vie lui a défendu, afin que le récit devienne légende.
Renouant avec la veine mythique et archaïque de La Mort du roi Tsongor, Laurent Gaudé écrit la geste douloureuse d’une héroïne lumineuse, puissante et sauvage, qui prit l’amour pour un dû et la vengeance pour une raison de vivre.


Mon avis :

De cet auteur, j'avais beaucoup aimé Le soleil des Scorta mais je crois que ce livre là m'a plu davantage encore! 

Voici un roman plein de rage et de douleur mais également plein d'amour et de vie. 

A la mort de Salina, son fils, Malak, conte sa vie afin de pouvoir trouver une terre prête à accueillir le corps de sa mère. Avec une grande sensibilité, il raconte la petite fille, puis la femme qu'elle a été, affrontant l'exil, la souffrance, la soif de vengeance et le chagrin mais vivant aussi l'apaisement et l'amour. Les portes du cimetière sur l'île s'ouvriront-elles à l'histoire de Salina? L'accepteront-elles en cette dernière demeure? Pour trouver un lieu où ensevelir sa mère, Malaka raconte, raconte, raconte encore, la vie peu ordinaire de celle qui fut sa mère.

La cruauté des hommes et du désert, l'abandon, la solitude, la haine et l'amour, tout  cela nous est merveilleusement conté sous la plume de Laurent Gaudé. Une plume captivante, si vivante qu'on sent presque le sel des larmes de Salina, la poussière du désert et le goût du sang. On entend presque la voix de Malaka, s'élevant au dessus des vagues. Tout comme Le soleil des Scorta,  ce livre se ressent avec la même intensité qu'il ne se lit. 

L'histoire de Salina est dure, poignante. histoire d'exil et de colère, elle est certes cruelle mais aussi tellement belle. C'est un cri d'amour à une mère, un cri d'amour déchirant, bouleversant. Un livre à ne pas manquer !

Extrait :

"Seuls les cris du nourrisson ne faiblissent pas. Ils rentrent dans toutes les têtes, vrillent les crânes. Il crie de vivre, d'envie de tétées, de satisfaire les torsions d'un ventre vide, il crie de cet air chaud qui lui déchire les poumons, de cette poussière qu'il a dans les yeux."

samedi 18 mai 2019

Le nouveau - Tracy Chevalier

Par Ariane

Auteur : Tracy Chevalier

Titre : Le nouveau

Genre : roman

Langue d’origine : anglais

Traducteur : David Fauquemberg

Editeur : Phébus

Nombre de pages : 224p

Date de parution : février 2019

Présentation de l’éditeur :

Washington D.C., dans les années 1970. En six ans, c’est la quatrième fois qu’Osei, fils d’un diplomate ghanéen, découvre une nouvelle école. Tout heureux de rencontrer Dee, la fille la plus populaire de sa classe, il ne s’inquiète pas des manigances et de la jalousie de ceux qui voient d’un mauvais œil l’amitié entre un garçon noir et une jolie blonde.

Sémillante réécriture d’Othello dans une cour d’école de banlieue aux États-Unis, ce neuvième roman de l’auteure de La jeune fille à la perle dit à hauteur d’enfant la tragédie universelle du racisme et du harcèlement. Vertigineux et actuel.



Mon avis :

Tracy Chevalier a l’habitude de faire voyager ses lecteurs à travers les époques. Dans son dernier roman, elle ne nous entraîne pas si loin en arrière puisque nous voilà dans les années 70, dans une banlieue de Whashington. Osei a une dizaine d’années et ce jour-là il arrive dans une nouvelle école. Un nouveau c’est déjà inattendu, mais en plus celui-ci a la peau noire. De quoi susciter dès le début l’hostilité, le rejet, la peur, la curiosité ou la crainte de ses camarades de classe autant que des professeurs. Seule Dee se montre bienveillante envers le garçon. Les deux enfants éprouvent une attirance l’un vers l’autre qui leur vaut la réprobation des autres élèves ainsi que des enseignants, mais un garçon Ian, semble particulièrement haineux envers Osei et bien décidé à lui monter où est sa place.

Le sous-titre du roman est « Othello revisité » et on retrouve effectivement les protagonistes principaux ainsi que la trame du drame shakespearien. L’idée de transposer l’histoire d’Othello dans l’Amérique des années 70, alors que la lutte pour les droits civiques et la ségrégation raciale sont encore récents, est très intéressante. Mais quelle idée de le faire dans une cour d’école et de faire d’Othello (Osei), Desdémone (Dee) et Iago (Ian) des enfants ? J’ai trouvé que ce contexte ne rendait pas justice à l’histoire, que les personnages enfantins ne pouvaient incarner ceux qu’ils représentaient, leurs comportements n’étant absolument pas crédibles de la part d’élèves de CM2 Le tout manque de profondeur et de charisme, même si le récit se lit agréablement.

Au final, c’est tout de même une déception car j’attendais mieux de ce roman.



Extrait :

« A peine avait-elle disparu que le monde soudain s’aplatit et devint plus sombre. Dee avait rendu la matinée d O supportable. Et plus que cela encore : elle lui avait donné de la couleur. A présent qu elle était partie, les choses étaient de nouveau en noir et blanc. »

vendredi 17 mai 2019

Contes des fées et des dames des eaux - Dominique Camus

Par Daphné















Auteur : Dominique Camus
Titre : Contes de fées et dames des eaux
Genre : contes
Langue d’origine : français
Éditeur :  éditions Oust-France
Nombre de pages : 317
Date de parution : 2015

Résumé de l'éditeur :

Contes Des fées et des dames des eaux À l'orée des bois, au bord d'une rivière ou sur le sable blond d'une plage se profilent parfois de singulières silhouettes. Fées, Morganes, Sirènes, Margriettes, c'est ainsi que les conteurs nomment ces créatures. Dans ces récits naguère narrés au coin du feu, nous sommes témoins des multiples aspects de la vie quotidienne de ces drôles de dames quelque peu magiciennes, au caractère bien trempé. Et celles-ci ne laissent évidemment pas indifférente la gente masculine, ce qui n'est pas sans lui causer parfois de sérieux désagréments.

Mon avis :

Après avoir lu Fées, nymphes et naïades, j'ai tout naturellement enchaîné sur un autre livre de contes. Ici encore, fées et sirènes sont à l'honneur! On retrouve ici quarante contes venus de plusieurs régions de France, collectés entre le milieu du XIXème siècle et les années 1920. Ayant lu coup sur coup ces deux livres, j'y ai évidemment trouvé de nombreuses ressemblances. C'est en découvrant les différentes versions d'un conte que l'on prend conscience de toute la richesse de la tradition orale qui a permis à une histoire, à des personnages, de s'étoffer, de se métamorphoser doucement au gré des conteurs et des endroits. 

Il y a bien souvent des messages plein de sens dans les contes de fées et je prends toujours plaisir à les découvrir tout comme j'aime cet univers peuplé de magie. Qu'on les nomme margots, morganes ou sirènes, les fées ont ce côté fascinant capable  de me perdre pendant des heures dans un monde que l'on croit oublié et qui, pourtant, ne cesse de façonner notre imaginaire.

Un beau livre, de beaux contes et une belle édition à découvrir!

Extrait :

"Il était une fois un temps sans radio ni télévision ; un temps ou seules les voix véhiculaient ces étranges histoires qui faisaient voyager tout un chacun dans des mondes jusqu'alors insoupçonnés; le temps des veillées . "

mercredi 15 mai 2019

Mercredi, c'est le jour des petits - Je t'aime presque toujours - Anna Llenas

Par Daphné


















Auteur : Anna Llenas
Titre :  Je t'aime presque toujours
Éditeur : Quatre fleuves

Résumé :

Loulou et Génie sont très différents l'un de l'autre. C'est pour cela qu'ils se plaisent tant ; et c'est pour cela qu'ils se disputent souvent. Avoir des caractères opposés dans une histoire d'amour n'est pas toujours facile… Un livre tout animé qui invite avec humour à dépasser nos différences pour mieux s'aimer.



Mon avis :

Mes filles et moi avons découvert Anna Llenas il y a déjà quelques temps avec La couleur des émotions, un livre particulièrement beau. Celui-ci l'est également! Présenté en pop-up (c'est toujours très beau!), il met en scène Loulou, cuirassé, costaud et résistant, et Génie, lumineuse et pleine d'imagination. Loulou et Génie sont amoureux... mais ils sont très différents et cela crée des tensions entre eux car ils ont souvent du mal à se comprendre. Cette différence qui les attirait finit par les énerver. Alors, chacun s'efforce de s'adapter à l'autre et de l'accepter tel qu'il est.

Ce album, en plus d'être très beau, est tout simplement adorable : c'est un grand message d'amour et de tolérance. L'histoire e Loulou et de génie explique à l'enfant - et aussi à l'adulte! - que faire des efforts et être attentif à l'autre permettent de cultiver l'amour et que la différence n'est pas toujours quelque chose de facile mais qu'elle est une véritable richesse. 

Quand aux illustrations, elles sont tout simplement magnifiques, faites de collages, rondes et colorées.

Un très beau livre!


mardi 14 mai 2019

La vie secrète des animaux (lecture commune) - Peter Wohlleben

Par Ariane


Auteur : Peter Wohlleben

Titre : La vie secrète des animaux

Genre : essai

Langue d’origine : Allemand

Traductrice : Lise Deschamps

Editeur : Les Arènes

Nombre de pages : 278p

Date de parution : avril 2018

Présentation de l’éditeur :


Les animaux ressentent-ils de l’injustice, de la compassion, du regret ou de la honte ? Peuvent-ils compter ou faire des projets ? Que signifie pour eux être apprivoisés ou domestiqués ? Que sait-on de leur sommeil, de la manière dont ils vieillissent ou de leur façon d’apprendre ?
Pour répondre à ces questions troublantes, le forestier Peter Wohlleben s’appuie sur son incroyable sens de l’observation et sur les dernières découvertes scientifiques.
Avec le même talent de pédagogue que dans La Vie secrète des arbres, il nous ouvre les portes d’un monde caché, celui de la vie intérieure des animaux, de leurs émotions et de leur ressenti : les coqs mentent, les biches connaissent le deuil, un hérisson peut être tourmenté par ses cauchemars, des cochons répondent à leur nom…
Ce récit buissonnier, nourri d’anecdotes étonnantes et de références savantes, est un appel vibrant au respect du monde animé qui nous entoure.



L'avis d'Ariane :


Garde Forestier pendant plus de 20 ans, Peter Wohlleben a eu tout loisir d’étudier les animaux de la forêt et de s’interroger à leur sujet. Cet ouvrage est le fruit de ses interrogations et des recherches qu’elles ont entraînées.

Mêlant observations personnelles et études scientifiques, il nous fait voir les animaux sous un jour nouveau et déroutant. Ainsi, les animaux sont capables de mentir, de ressentir l’injustice ou de se projeter dans l’avenir, ils peuvent éprouver de la honte, de la jalousie et de l’amour, ils peuvent rêver et se montrer courageux ou au contraire peureux. Plus encore, ils ont le sens de la famille et conscience d'eux-mêmes.

Passionnant et vivant, il nous ouvre la porte d’un monde mal connu. De nombreuses réflexions ne peuvent que découler de cette lecture, au premier rang desquelles notre rapport aux animaux et notre façon de les traiter, particulièrement bien sûr ceux que nous mangeons.

L'avis de Daphné :

J'avais beaucoup aimé La vie secrète des arbres qui m'a appris beaucoup de choses (et m'a laissé quelques traces : maintenant, je ne peux plus passer devant un arbre sans me poser un certain nombre de questions!). Aussi me suis-je quasiment précipitée sur cet autre livre dès qu'il a été disponible  la médiathèque !

Ce livre est tout aussi intéressant que l'autre. On y parle de plusieurs animaux : cochons, biches, chiens, écureuils, etc, que l'auteur a pu longuement observer et à propos desquels il est très documenté. S'appuyant sur des études scientifiques et sur ses propres observations, il nous explique ainsi que les animaux ne ressentent guère les choses différemment de nous : ils éprouvent de la honte, ont une sensibilité, une conscience d'eux-mêmes et bien d’autres éléments sur lesquels il est très intéressant de se pencher. 

Cette lecture m'a moins surprise que celle de La vie secrète des arbres, sans doute parce que je connais mieux les animaux que les arbres et que j'étais déjà convaincue de beaucoup de choses lues dans ce livre. Il est par exemple évident pour moi que les animaux ressentent la douleur et peuvent se projeter. J'ai néanmoins appris beaucoup de choses et cette lecture a été pour moi, si ce n'est surprenante, au moins tout aussi passionnante que la première. Je pense que je ne tarderai pas à lire les prochains livres de cet auteur.

Extrait choisi par Daphné :

" Si les animaux ne faisaient qui suivre un programme génétique figé, tous les individus d’une espèce réagiraient de la même façon dans une situation donnée. Une certaine quantité d'hormones serait secrétée, qui provoquerait les comportements instinctifs correspondants. Or, ce n'est pas le cas, comme vos animaux domestiques vous l'ont peut-être montré. Il y a des chiens courageux et des chines peureux, des chats agressifs et des chats très doux, des chevaux craintifs et des chevaux coriaces. Chaque animal développe son caractère en fonction de ses prédispositions génétiques et, surtout, de l’influence de son environnement, donc de son vécu."