Prix fémina étranger 2003
Auteur : Magda Szabo
Auteur : Magda Szabo
Titre :
La porte
Genre :
roman
Langue
d’origine : Hongrois
Traducteur :
Chantal Philippe
Editeur :
Viviane Hamy
Nombre de
pages : 286p
Date de
parution : août 2003
Présentation de l’éditeur :
La Porte est une confession. La narratrice retrace sa
relation avec Emerence qui fut sa femme de ménage pendant une vingtaine
d’années. L’une est vieille, l’autre jeune, l’une sait à peine lire, l’autre ne
« respire » que par les mots, l’une arbore l’humilité comme un
blason, l’autre l’orgueil de l’intellectuelle sur-cultivée. Et pourtant la
vieille servante va tout apprendre à l’écrivain adulée, car elle est la
générosité incarnée ; dès qu’il s’agit de sauver une vie, celle d’un Juif,
d’un Allemand, d’un voleur ou d’un chaton abandonné, Emerence ne réfléchit pas
une seconde. La narratrice fait le portrait haut en couleur de ce personnage
lumineux au caractère difficile et singulier, qui agit en véritable despote sur
son entourage, qui consent à tout.
Mon avis :
Ce que j’aime avec les blogs, c’est pouvoir découvrir des
livres vers lesquels je ne me serai pas tournée de moi-même. Et pour ce roman
de Magda Szabo, cela aurait probablement été le cas, n’eut été le billet de Keisha, qui pourtant ne débordait pas d'enthousiasme.
La narratrice
(Magda Szabo elle-même) raconte sa relation pour le moins étrange avec Emerence sa femme de ménage. Une
relation faite d’admiration mutuelle autant que d’incompréhension, d’affection
et de rancœur, entre ces deux femmes que tout oppose.
Emerence est un personnage complexe et insaisissable. Elle
est le cœur du quartier, indispensable et familière à tous, et pourtant
mystérieuse, ne livrant que des bribes épars de sa vie, chacun de ses amis n’en
détient qu’un morceau. Et si tous les habitants du quartier se retrouvent
fréquemment devant la porte d’Emerence, personne n’a accès au logement, repère
secret et protégé de la vieille femme. Cet appartement qu’elle cache à tous est
son sanctuaire et sa forteresse. Emerence est un personnage touchant, une femme
entière dans ses affections comme dans ses colères, entourée d’amis
bienveillants et pourtant terriblement seule, délicate et violente à la fois,
secrète et explosive. Emerence est inoubliable.
La narratrice est troublée devant ce personnage énigmatique.
Cette intellectuelle, issue de la bourgeoisie, romancière reconnue et pleine de
bonnes intentions, se retrouve démunie face à Emerence, qui lui dévoile un
monde qu’elle ne soupçonnait pas. C’est la confrontation de deux univers, de
deux personnalités, qui apprennent à s’apprivoiser, à se respecter et même à s’aimer.
Et impossible aussi d’oublier Viola, le chien de la
narratrice, qui pourtant verra toujours Emerence comme sa maîtresse, n’obéissant
qu’à elle et cherchant toujours la compagnie de la vieille dame. Viola, seul être
autorisé à franchir la porte close du logement d’Emerence, passeur entre le
monde secret de celle-ci et l’extérieur, gardien de ses secrets.
La porte est un
roman intense, difficile probablement, mais magnifique.
Extraits :
« L’expérience m’avait appris à ne jamais lui poser
trop de questions, sous peine qu’effarouchée elle n’en dise encore moins. »
« Emerence était capable de m’inspirer les plus nobles
sentiments comme les pires grossièretés, l’idée que je l’aimais me mettait
parfois dans un état de fureur qui me prenait au dépourvu. »
« Il était impossible d’expliquer la nature,
l’intensité de notre relation ou le fait qu’Emerence était pour chacun de nous
une nouvelle mère, bien qu’elle ne ressemblât à aucune des nôtres. »
« Je restais là à contempler l'alignement militaire des
pieds de maïs et à me demander quelle pouvait être la mémoire de la terre,
quand elle recouvre tant de sang, de morts, d'échecs et de rêves. Comment peut-elle
encore donner, avec de tels souvenirs ? Peut-être justement à cause d'eux ? »
« N’aimez jamais éperdument, cela ne peut que vous
mener à votre perte. Si ce n’est pas tout de suite, c’est plus tard. Le mieux,
c’est de ne jamais aimer personne. »
Ouf, mon avis ne t'a pas écartée d'un beau roman qui enthousiasme plein de lecteurs! Et puis, la littérature hongroise mérite le détour;
RépondreSupprimerC'est tout de même toi qui m'a poussée vers ce livre !
SupprimerJe ne sais pas si je lirai celui-là mais je suis très tentée par son dernier roman qui vient de paraître "Abigaël".
RépondreSupprimerEn tout cas je la relirai probablement.
SupprimerDe ces romans dont on se dit qu'on doit le lire... et qu'on a toujours pas lus comme c'est mon cas ici :-)
RépondreSupprimerMais j'ai bien l'intention de le lire un jour !
Et il y en a beaucoup de ces livres !
SupprimerJe veux le lire depuis des années .. je ne désespère pas d'y arriver.
RépondreSupprimerJe pense qu'il te plairait.
SupprimerMalgré le côté difficile, il me tente.
RépondreSupprimerCe n'est pas l'histoire en elle-même qui est difficile, c'est surtout qu'il est assez exigeant.
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