Auteur :
René Barjavel
Titre :
La nuit des temps
Genre :
roman
Langue
d’origine : français
Editeur :
Pocket
Nombre de
pages : 410p
Date de
parution : août 2012 (1968)
Présentation de l’éditeur :
L’Antarctique. À la tête d’une mission scientifique
française, le professeur Simon fore la glace depuis ce qui semble une éternité.
Dans le grand désert blanc, il n’y a rien, juste le froid, le vent, le silence.
Jusqu’à ce son, très faible. À plus de 900 mètres sous la glace, quelque chose appelle. Dans l’euphorie générale, une expédition vers le centre de la Terre se met en place.
Un roman universel devenu un classique de la littérature mêlant aventure, histoire d’amour et chronique scientifique.
Jusqu’à ce son, très faible. À plus de 900 mètres sous la glace, quelque chose appelle. Dans l’euphorie générale, une expédition vers le centre de la Terre se met en place.
Un roman universel devenu un classique de la littérature mêlant aventure, histoire d’amour et chronique scientifique.
Mon avis :
Il y a quelques mois, Daphné présentait ce roman qui avait
marqué son adolescence. Si le titre ne m’était pas inconnu, l’histoire l’était.
Et l’enthousiasme de Daphné a suscité ma curiosité Je sors donc de ma zone de
confort avec un roman de science-fiction, genre pour lequel je n’ai aucun
attrait.
Au cours d’une mission scientifique en Antarctique, des
scientifiques tombent sur un signal d’origine inconnue à près de mille mètres
de profondeur sous la glace. Cette découverte bouleverse toutes les certitudes
scientifiques et les nations, pour une fois, s’unissent pour tâcher d’en savoir
plus. Profondément enfouis sous la neige, ils découvrent les vestiges d’une
civilisation disparue 900 000 ans auparavant. Ils découvrent enfin
l’origine du signal, une coque contenant un homme et une femme, encore en vie
et qu’ils vont tenter de réveiller, ressuscitant avec eux les souvenirs du
passé.
La nuit des temps est un de ces romans qui ne s’oublie pas
si facilement, car il soulève de nombreuses interrogations et pousse à la
réflexion. Dans le roman, les certitudes scientifiques, étayées par des faits,
des études et des observations, sont balayées par la découverte de cette
civilisation perdue. Une civilisation intelligente et évoluée, alors que l’on
pensait que l’homme n’avait pas encore appris à faire du feu ! Alors bien
entendu c’est une fiction, mais pour autant ce que nous prenons pour des
vérités établies ne pourraient-elles pas être un jour réfutées ? La vérité
et la connaissance sont donc des notions mouvantes, susceptibles d’évoluer, de
disparaître ou d’apparaître.
Les souvenirs d’Eléa nous racontent une société idéale, où
chacun trouve sa voie en fonction de ses aptitudes et forme un couple uni dès
le plus jeune âge avec son âme sœur, les richesses sont partagées, la paix et
la sérénité règnent. Mais ce n’est qu’une façade. Car il y a des exclus du
système, ceux qui n’ont plus de clé (pour quelles raisons, cela n’est pas
mentionné) vivent en marge de la société. La hiérarchie sociale est très
stricte et les frontières entre les classes infranchissables, on pourrait
presque parler de castes. Et toute contestation est sévèrement réprimée par les
gardes blancs, ces soldats élevés dès leur plus jeune âge pour devenir des
guerriers impitoyables, obéissant aveuglément aux ordres. Au fond, ce qui caractérise
Gondawa, c’est l’absence totale de liberté individuelle, de choix y compris
dans les aspects les plus intimes de la vie de ces membres.
Le choix est d’ailleurs l’un des éléments fondamentaux de l’histoire
d’Eléa, de Païkan, et même de Coban. Bien qu’il aimerait sauver sa fille, Coban
se soumet à ce qu’il considère comme son devoir, Païkan est irrésolu et Eléa
décidée à ne pas accepter le destin qu’on lui impose. Tout le paradoxe de cette
société est illustré par la répression violente de la révolte des étudiants,
répression totalement absurde étant donné le contexte.
Ne pas oublier non plus la misogynie du roman à travers les
critères de sélection des deux personnes placées dans le caisson. L’homme (Coban)
est choisi pour ses qualités intellectuelles, la femme (Eléa) pour son
physique.
Enfin c’est un roman profondément ancré dans son époque par
certains aspects. Bien qu’il s’agisse d’une dystopie et que les années 60 du
roman soient bien loin de la réalité de l’époque sur le plan technologique, le
contexte politique (la guerre froide, le clivage entre pays riches et pays
pauvres) est bien réel. On pourrait ainsi craindre que le roman ait vieilli, or
il n’en est rien, bien au contraire certaines réflexions semblent
particulièrement modernes. Car l’homme actuel n’est guère différent de l’homme
de Gondawa, prêt à détruire l’autre pour s’approprier ses biens, parce qu’il
est autre et en tant que tel fait peur.
J’ai beaucoup aimé ce roman porté par une écriture
excellente, mais j’ai tout de même certains bémols (la mièvrerie de certaines
descriptions avec les prés fleuris de la lune, les chevaux bleus,… ou la
superficialité des sentiments de Simon ou pire encore l’origine des peuples
noirs qui viendraient en réalité de … mars !!!).
Extrait :
« Il n’en pouvait plus de toute cette glace et de ce
vent, et de ce vent, et de ce vent qui ne cessait jamais de s’appuyer sur lui,
sur eux, sur tous les hommes de l’Antarctique, toujours du même côté, avec ses
mains trempées dans le froid de l’enfer, de les pousser tous sans arrêt, eux et
leurs baraques et leurs antennes et leurs camions, pour qu’ils s’en aillent, qu’ils
débarrassent le continent, qu’ils les laissent seuls, lui et la glace mortelle,
consommer éternellement dans la solitude leurs monstrueuses noces glacées… »
« Leur civilisation disparue, ils se sont retrouvés
comme des escargots dont un gamin a cassé et arraché la coquille pour voir
comment c’est fait dedans. (…) Ils sont repartis d’au-dessous du barreau le
plus bas de l’échelle, et ils ont refait toute la grimpette, ils sont retombés
en route, ils ont remonté encore, et retombé, et, obstinés et têtus, le nez en
l’air, ils recommençaient toujours à grimper, et j’irai jusqu’en haut, et plus
haut encore ! Dans les étoiles ! Et voilà ! Ils sont là !
Ils sont nous ! Ils ont repeuplé le monde, et ils sont aussi cons qu’avant,
et prêts à faire de nouveau sauter la baraque. C’est pas beau ça ? C’est l’homme ! »
Je l'ai lu il y a bien longtemps. J'aimais les romans de Barjavel, à l'époque, ils étaient assez incontournables.
RépondreSupprimerEt tu ne les aimes plus ?
SupprimerJe suis passée à autre chose et lui il a été quelque peu oublié .. Il faudrait que je les relise pour voir s'ils ont bien vieilli.
SupprimerJe l'ai lu il y a longtemps, et hélas ne me souviens que du côté mièvre... Dommage, car il y a autre chose. ^_^
RépondreSupprimerOui, il y a beaucoup de choses mais certains aspects sont effectivement assez décourageants.
SupprimerJe te rejoins sur ton ressenti. COmme toi, je l'ai lu tardivement, il n'y a pas si longtemps d'ailleurs. Et si j'ai adoré le sujet, il y a effectivement des aspects un peu vieillots qui ne m'ont pas touchée.
RépondreSupprimerOn a le même ressenti effectivement.
SupprimerJe l'avais lu à l'adolescence, et j'avais adoré.
RépondreSupprimerJ'ai l'impression que ceux qui l'ont lu à sa sortie ou quand ils étaient ados l'ont plus aimé, que les lecteurs plus tardifs.
SupprimerBien sûr que certains éléments sont disons... datés (les prés lunaires, les blacks martiens...) mais quelle histoire ! Un scénario profondément humain pour un des rares chef d'oeuvres de la SF française.
RépondreSupprimerL'ayant lu quand j'étais jeune, je serais assez d'accord avec le postulat qu'on peut être plus "enthousiaste" à ce moment-là... Mais cela peut aussi être une question "d'époque de lecture" et non pas d'âge? Je me rappelle que j'étais en tout cas enthousiasmé par l'épisode du "réseau mondial d'ordinateurs" bricolé pour décoder le langage inconnu... mais je sais qu'à l'époque de ma lecture, internet était inconnu du grand public!
RépondreSupprimerSi vous êtes sensible aux aspects sociaux, et même si ce n'est pas de la SF française, je me permets de vous suggérer la lecture du livre Les dépossédés d'Ursula Le Guin, récemment réédité en Livre de poche... qui m'a épaté - alors que je suis aujourd'hui plus proche de la retraite que du Bac... raisonnablement parlant!
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola