lundi 9 décembre 2019

Frantumaglia, L'écriture et ma vie - Elena Ferrante

Par Daphné













Auteur : Elena Ferrante
Titre : Frantumaglia, L'écriture et ma vie
Genre : correspondances
Langue d’origine : italien
Traducteur : Nathalie Bauer
Editeur : Gallimard

Résumé de l'éditeur :

«Ma mère m’a légué un mot de son dialecte qu’elle employait pour décrire son état d’esprit lorsqu’elle éprouvait des impressions contradictoires qui la tiraillaient et la déchiraient. Elle se disait en proie à la frantumaglia.»
C’est autour de ce mot, du sentiment d’instabilité qu’il évoque, que ce recueil de textes d’Elena Ferrante s’articule. Lettres échangées avec son éditeur, entretiens, correspondances sont les pièces hétérogènes d’une mosaïque qui éclaire la démarche de l’écrivain et invite le lecteur à entrer dans son atelier. En revenant sur ses romans – de L’amour harcelant à la saga L’amie prodigieuse –, Elena Ferrante prolonge sa recherche autour des thématiques essentielles de son œuvre : le rôle de l’écriture comme tentative de recomposition d’une intériorité morcelée, l’univers féminin, la complexité de la relation mère-fille, Naples.
À travers la multiplicité des écrits rassemblés, Frantumaglia offre un parcours original dans l’univers littéraire d’Elena Ferrante, ainsi que l’autoportrait inédit d’un écrivain à l’œuvre.


Mon avis :

Si certains livres d'Elena Ferrante m'ont laissé un peu perplexe, il y en a d'autres que j'ai véritablement aimé, en particulier la saga de L'amie Prodigieuse. Aussi ai-je tout de suite été intriguée par ce livre, dés que je l'ai vu sur les rayons de la bibliothèque. 

Ce livre là n'a rien d'un roman mais résulte en réalité d'une correspondance, entre Elena Ferrante et son éditeur mais également avec divers journalistes. Il m'a paru assez curieux que la plupart d'entre eux s’intéresse de si près au "mystère Ferrante", autrement dit à la véritable identité de l'auteure. A savoir que celle-ci a toujours refusé d'être médiatisée et a toujours voulu protéger sa véritable identité... ce qui semble provoquer un énorme tollé... Personnellement, cela ne m'a jamais posé de problème. J'aime l'écriture d'Elena Ferrante, j'aime beaucoup certains de ses livres mais le fait de ne pas connaître l'identité de l'auteure ne m'a jamais ennuyé. Il y a des auteurs que j'aime et que j'apprécie à l'occasion d'entendre dans des émissions, d'autres que j'aime tout autant mais dont j'ignore tout mais pour moi, ce n'est pas ce qui compte. Ce qui compte le plus à mes yeux est ce qu'ils ont écrit. bref, j'ai été assez surprise de cette obstination à vouloir percer les secrets d'une auteure qui a tout de même bien le droit de garder pour elle sa vie privée et de ne pas vouloir dévoiler son image! J'aurais dû compter dans le livre le nombre de fois où elle se voit poser la fameuse question de la cause de ce refus à la médiatisation et où elle se voit obligée de le justifier (car cela occupe une bonne partie de ses échanges dans les entretiens que nous pouvons lire dans Frantumaglia. 

Plus que ces éternelles questions, m'ont davantage intéressée dans ce livre la manière dont Elena Ferrante parle de ses livres, de son rapport à l'écriture, de son amour et sa connaissance pour la littérature, sa manière de nous expliquer que ce qu'elle recherche en écrivant est avant tout la vérité. J'ai aimé la manière dont elle parle de l'écriture, dont elle analyse sa manière d'écrire, non aussi fluide qu'on pourrait le croire en la lisant mais souvent laborieuse et perfectionniste, une écriture qui par moment, paraît presque une souffrance, sans doute parce que l'auteure s'en sert pour guérir ses propres plaies. 

On retrouve dans ces entretiens les thèmes qui reviennent si souvent dans els romans d'Elena Ferrante : le rapport entre mère et fille, la ville de Naples, l'opposition entre le dialecte et l'italien, la violence... On y apprend également pourquoi le prénom "Elena" revient si souvent. J'ai bien aimé l'analyse que l'auteure fait de ses écrits.

Un livre très intéressant qui, bien que différant des autres livres de cette auteure car n'étant pas un roman, ne nous dépayse pas. Dans les réponses qu'elle donne aux questions posées, on retrouve tout à fait la trace de ses romans et de son écriture.

Extrait :

"Entre le livre publié et le livre que les lecteurs achètent, il existe dans tous les cas un troisième livre, un livre où coexistent les phrases écrites et celles que nous avons cru écrire, les phrases que les lecteurs lisent et celles qu’ils ont cru lire. Ce troisième livre, insaisissable, changeant, est toutefois un livre réel. Ce n’est pas vraiment moi qui l’ai écrit, ce ne sont pas vraiment mes lecteurs qui l’ont lu, cependant il existe. C’est le livre qui se forge dans le rapport que la vie, l’écriture et la lecture entretiennent."

"La frantumaglia est un état d’esprit lorsqu’on éprouve des impressions contradictoires qui tiraillent et déchirent, c’est à dire, un mal être inqualifiable autrement."

4 commentaires:

  1. Tout à fait vraie, cette citation sur le "troisième livre" !
    Je comprends tout de même les critiques littéraires italiens qui ont envie de percer son identité, si c'était une auteure française, notre curiosité serait un peu plus grande, non ?

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    1. Humm, je ne sais pas... être curieux, oui, mais de là à ce que ça en devienne presque de l'harcèlement... après tout, elle a bien le droit de vouloir protéger son identité, cette auteure...
      Daphné

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  2. Ce que tu dis de ce livre à part est tentant : les questions de son éditeur, ses sujets de prédilection.

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