vendredi 31 mars 2017

Les corps inutiles - Delphine Bertholon

Par Daphné




















Auteur : Delphine Bertholon
Titre : Les corps inutiles
Genre : roman
Langue d’origine : français
Editeur : JC Lattès
Nombre de pages : 300
Date de parution : 2015

Présentation de l’éditeur :


Clémence vient d’avoir quinze ans, de terminer le collège. Un nouveau cycle s’ouvre à elle, lorsqu’elle est agressée, en plein jour et en pleine rue, par un inconnu armé d’un couteau. Ce traumatisme inaugural - même si elle n’en a pas encore conscience - va contaminer toute son existence. En effet, l’adolescente réalise qu’elle perd progressivement le sens du toucher...
À trente ans, Clémence, toujours insensible, est une célibataire endurcie, solitaire et sauvage. Après avoir été maquilleuse de cinéma, la jeune femme se retrouve employée de la « Clinique », une usine d’un genre particulier. En effet, la Clinique fabrique des poupées… mais des poupées grandeur nature, hyper-réalistes, destinées au plaisir – ou au salut – d’hommes esseulés.
Le roman déroule en alternance l’histoire de Clémence adolescente, hantée par cette agression dont elle n’a jamais osé parler à sa famille, et le récit de Clémence adulte, assumant tant bien que mal les conséquences, physiques et psychologiques, de son passé.
Mais la vie, comme toujours, est pleine de surprises.

Mon avis:

Delphine Bertholon est une auteur que j'apprécie beaucoup. Elle a, d'après moi, le don d'adapter particulièrement bien son écriture  à chacun de ses personnages et à chacune de ses histoires. 

Les corps inutiles, c'est l'histoire de Clémence, à 15 ans, qui voit sa vie se transformer après avoir été agressée. C'est l'histoire de Clémence, à 30 ans, ayant perdu toute sensibilité tactile et dont la vie semble dictée par ces quelques instants écoulés lors de son dernier jour de collège. C'est l'histoire d'un traumatisme mais également d'une résilience. 

Clémence ne dira rien à personne. La seule fois où elle tentera de parler, juste après son agression, elle se sentira incomprise et l'événement qui aura tant d'impact dans sa vie sera minimisé par son petit ami puisqu’après tout, "il ne s'est rien passé". Ce silence la poursuivra 15 ans durant, 15 ans durant lesquels elle maltraitera elle même son corps, ce corps qu'elle ne sent plus, corps si étranger et si présent pourtant. 

A travers le personnage de Clémence, Delphine Bertholon nous parle très bien du ressenti de la victime d'un viol (car toute tentative est un viol quoique puisse en penser le petit ami de Clémence), de la honte et de la culpabilité, des conséquences du traumatisme. En donnant tour à tour la parole à Clémence adolescente et à Clémence adulte, elle parvient très bien à nous montrer le cheminement de ce traumatisme.

Le rapport entre Clémence et ses parents m'a glacée et, en tant que mère, je n'ai pu m'empêcher de me poser des questions sur la confiance entre parents et enfants. S'il arrivait une telle chose à mes filles, m'en parleraient elles? Saurais je le détecter? On peut passer à côté de tant de choses importantes en tant que parents...


Sensibilité et insensibilité se croisent ici, ne finissent par faire qu'un. Roman sur le rapport au corps, sur sa fragilité mais aussi sur sa force. Roman sur l'agression et ses conséquences, roman sur la femme également. Roman qui nous happe, nous poussant presque à "ressentir l'insensibilité" de Clémence et les sentiments qui l'assaillent. Le personnage est particulièrement bien travaillé, l'écriture de son auteur lui donnant vie avec une grande réussite. Delphine Bertholon, une fois de plus, signe là un grand roman!



Extrait :

"C'est ce qui est bien, avec la vie. On enchaîne les chutes, mais on se relève chaque fois. Parce qu'on ne peut pas faire autrement."





mercredi 29 mars 2017

Mercredi, c'est le jour des petits - Ce que papa m'a dit - Astrid Desbordes et Pauline Martin

Par Daphné














Auteur : Astrid Desbordes
Illustrateur : Pauline Martin
Titre : Ce que papa m'a dit
Editeur : Albin Michel Jeunesse
Résumé :

Archibald et son papa regardent les hirondelles partir de l'autre côté de la terre : « Moi aussi je pourrai aller aussi loin, quand je serai grand ? demande Archibald. Encore plus loin que ça, répond son papa. » 
« Mais si le vent se lève ? demande Archibald. Si le vent se lève, le vent passera, répond son papa. »
Les questions d'Archibald se succèdent, dévoilant une à une les craintes de l'enfant à l'idée de ce grand voyage qui, on le devine, est celui de la vie. En réponse, papa apaise, transmet, encourage, libère et, par-dessus tout assure Archibald de son amour indéfectible …


Mon avis :

Voici un très joli livre dans lequel un papa répond avec simplicité et amour aux questions de son enfant. 

Archibald aimerait bien partir, comme les hirondelles, de l'autre côté de la terre. Mais un si grand voyage soulève bien des questions dans la tête d'un petit garçon : et s'il se perd? S'il se retrouve tout seul ou, au contraire, trop entouré? Et s'il a peur? Et s'il tombe? Et si la nuit tombe?

A chacune des questions d'Archibald, son papa répond avec beaucoup de justesse,rassurant son fils et lui permettant ainsi de continuer à rêver et à se projeter. Chacune de ses réponses permet à Archibald de prendre confiance en lui et d'avancer sur le chemin de l'autonomie tout en sachant que son papa sera toujours là pour lui. Toutes les craintes de l'enfant trouvent ainsi une solution encourageante. C'est avec attention et bienveillance que le papa guide Archibald sur les chemins de la vie.

A l'image du texte, les illustrations sont emplies de tendresse.

Un bel album où la relation père/enfant est joliment explorée!




lundi 27 mars 2017

cocos de mer - Monique Agenor

Par Daphné














Titre : Cocos-de-mer
Auteur : Monique Agenor
Genre : nouvelles
Editions : Le serpent à plumes
Date de parution : 2000
Nombre de pages : 151


Résumé de l'éditeur :

Les mythes et les rituels sont si vigoureusement ancrés dans l'imaginaire de certains peuples, qu'ils y puisent leur force et leur résistance pour lutter secrètement ou symboliquement contre une certaine forme de civilisation imposée. Maurice, la Réunion, Rodrigues, les Seychelles, Madagascar, Comores chacun des récits de Monique Agénor a pour décor l'une de ces îles de l'océan Indien. Un Mauricien d'origine indienne, Saïd Amâne, est possédé par Kâli, la déesse noire ; Kim la petite Afro-Chinoise communique en rêve avec des âmes errantes, celle d'un moine fou et celle d'une chamanesse ; un Malgache, par la voix de ses ancêtres, attend la transmigration naturelle de l'âme de son fils nouveau-né dans celle d'un serpenteau sacré... Tous les personnages de ce recueil font état de leur double ou triple identité et des déchirements intérieurs que connaissent les Indo-Océaniques. Dans une langue savoureuse, intégrant les idiomes de chaque île, Monique Agénor nous emmène dans un voyage unique entre Équateur et Tropique du Capricorne.

Mon avis :

Voici une série de nouvelles qui nous entraîne d'île en île. Nous visitons ainsi aussi bien les Seychelles que Madagascar ou l'île Maurice et découvrons des personnages hauts en couleur vivant au gré des légendes qui les entourent. Leurs vies, bien que différentes les unes des autres, demeurent marquées par ces mythes. Nous croisons ainsi un père sacrifiant son unique fils, tant attendu, à cause d'une prophétie ou une enfant communiquant avec les âmes. 

En parcourant les îles de l'océan indien, nous suivons des tranches de vies, rythmées par les mythes et par la recherche d'identité des habitants des insulaires. Identités marquées par la colonisation à laquelle se superposent les traditions ancestrales. La difficulté à concilier les deux est ici soulevée avec une grande finesse.

Une série de nouvelles dépaysantes à la plume joliment aiguisée!

Extrait :


"Durant des siècles, nous avons cherché à prendre appui sur notre mémoire, qui est restée fabuleuse mais pas au point de nous rappeler notre naissance. fut elle éclose par la fécondation du ciel et de la terre ou celle de la mer et du feu? Par celle des volcans et des cyclones? "

dimanche 26 mars 2017

Il était une librairie...

Par Daphné

Il était une librairie dans une ville autrefois bien vivante.
Il était une librairie, nid de la plupart de mes livres avant qu'ils viennent atterrir sur mes étagères.
Une librairie, dans laquelle, adolescente, j'ai aimé flâner dans les rayons et y découvrir de nouvelles pépites, une librairie où les employés savaient donner conseil, organiser de belles animations et des rencontres avec des auteurs. Une libraire indépendante...

Il était une librairie dans une ville qui peu à peu se meurt.
Il était une librairie happée par les grandes enseignes. Une librairie désertée peu à peu, au chiffre d'affaire en dégringolade...

Où sont passés les amoureux des livres ? Dans les grandes chaînes de distribution ou les enseignes spécialisées? Penchés sur une tablette ou sur un ordinateur à commander des livres en ligne ou à les lire via un écran? Est-ce à cause du coût ou d'un mode de consommation du livre en pleine mutation que se meurent les librairies indépendantes ?

C'est triste une librairie qui ferme ses portes. Triste pour ses employés qui perdent et voient s'effondrer leur métier. Triste pour ses fondateurs qui longtemps ont tenté de la sauver. Triste pour ses clients les plus fidèles, ceux qui avec soin ont choisi tant de livres, aimé flâner dans les rayons. Triste pour une ville qui perd un lieu de culture. Triste pour tous ces livres, livres délogés de leur étagère pour aller où? Rejoindre la grande distribution?

Souvenirs de ces moments,en attendant que ma maman finisse son travail, où je me baladais dans les rayons de cette librairie. Pages qui crissent entre mes doigts, œil attiré par un titre ou la décoration d'une couverture. Main dansant au dessus des livres avant, déterminée, de saisir l'un d'entre eux. Moments volés au temps, debout dans une allée, livre entre les mains, pensées plongées dans une histoire qui déjà, en quelques lignes, m'emportait. Vague espoir de travailler un jour, moi aussi, dans un endroit empli de livres. Ambition - oubliée quelques années mais revenant au fil du temps - de voir un jour exposé sur ces mêmes étagères un livre portant mon nom...
Regrets de n'avoir pas pu ces dernières années assister aux animations organisées avec soin dans le but de faire vivre cette librairie et de partager un grand amour des livres...

Il était une librairie fermée depuis déjà un mois.  Une librairie qui s'est longtemps battue pour survivre. Une librairie qui lors de ces derniers jours a vu plus de monde envahir ses murs qu'elle n'en avait vu depuis longtemps : clients fidèles venus apporter leur soutien et témoigner de leur émotion mais aussi clients rapaces venus profiter d'une bonne affaire...

Il était une libraire qui laisse un grand vide dans une ville qui voit, un par un,  fermer ses magasins. Il était une librairie que nombre de gens ont aimé. Une librairie fermée...

Une librairie qui s’éteint, c'est un peu comme un livre que l'on referme mais sans doute reste t-il de nombreuses pages à découvrir et de nombreuses librairies à sauver...

Alors, que vivent les librairies indépendantes !

vendredi 24 mars 2017

Le soleil à mes pieds - Delphine Bertholon

Par Daphné















Auteur : Delphine Bertholon
Titre : Le soleil à mes pieds
Genre : roman
Langue d’origine : français
Editeur : JC Lattès

Résumé de l'éditeur :

Il y a la petite, 22 ans, fragile et ravissante, qui se protège du monde dans le cocon de sa chambre de bonne. La grande, 24 ans, s'agite dans la ville. Nymphomane, tyrannique et machiavélique, elle tient sa cadette sous emprise et se nourrit de la dépendance affective qu’elle lui impose. Liées par un terrible passé, les deux sœurs se démènent pour tenter d'exister, chacune à sa façon. Si le sort semblait avoir scellé leur destin, les rencontres parfois peuvent rebattre les cartes... Le Soleil à mes pieds est avant tout l'histoire d'une résurrection.

Mon avis :

Elles sont deux, la grande et la petite, la discrète et la machiavélique. Deux sœurs, aux caractères diamétralement opposé et pourtant liés par un passé qui les hante et une relation étouffante. 

J'aime généralement beaucoup les livres de Delphine Bertholon. J’accroche toujours avec ses histoires, ses personnages et son écriture. J'ai notamment un gros faible pour Twist .

Or, j'ai eu un peu de mal avec ce livre là. L'écriture fluide, tout à fait en accord avec l'état d'esprit de la petite à travers laquelle on découvre l'histoire, m'a suffisamment conquise pour que je lise ce livre d'une seule traite. Or, si j'ai apprécié, comme toujours, la plume de l'auteur, l'histoire en elle même m'a un peu moins convaincue. L'auteur parvient tout à fait à retranscrire la relation ambiguë et étouffante qui unit les deux sœurs et l'atmosphère malsaine dans laquelle elles évoluent. On ressent, à travers le point de vue de la petite, son désir d'exister, d'avoir sa propre identité, identité sans cesse mise à mal par la grande. sans doute est ce cette terrible asphyxie dont l'auteur a voulu nous parler au fil des pages et elle y est plutôt bien parvenue. La lutte constante entre les deux sœurs est bien retranscrite.

Cependant, les personnages en eux mêmes ne m'ont pas convaincue. Ils m'ont paru trop opposés, trop stéréotypés pour être crédibles. La grande est, à mon goût, bien trop diabolisée et son personnage aurait mérité d'être davantage approfondi.  Pourtant, tous les ingrédients étaient réunis pour que ce roman me paraisse excellent mais la description des personnages m'a tant paru tirée par les cheveux que cela a quelque peu gâché mon impression. Un peu déçue par cette lecture donc, même j'apprécie toujours autant l’écriture de Delphine Bertholon et sa manière de nous entraîner dans ses histoires.

Extrait :

"La petite lovée sur les genoux, la grande se balançait, installée dans le rocking-chair au milieu de la cuisine. Leur mère, pieds nus en robe azur, rangeait les cubes de bois dans la boite des cubes de bois. Le soleil de mai, par la vitre trop juste, détaillait ses rayons au compte-gouttes."


mercredi 22 mars 2017

Mercredi, c'est le jour des petits : Recherche super princesse - Orianne Lallemand

Par Ariane
Auteur : Orianne Lallemand
Illustrateur : Stéphane Nicolet
Titre : Recherche super princesse
Editeur : Nathan

Présentation de l'éditeur :
Consternation ! Le prince, unique héritier du royaume, a été transformé en crapaud par une horrible sorcière. Le grand chancelier du Roi a une mission : trouver la princesse qui le retransformera !
Seras-tu l’heureuse élue ?


Mon avis :
Nous lisons régulièrement les livres d'Orianne Lallemand, mais toujours jusqu'à présent avec son personnage le plus connu, Loup. La semaine dernière, ma librairie préférée (Mots et images à Guingamp) organisait une lecture avec elle. C'était un moment très sympa, mes filles ont adoré, alors on dit merci à Céline, Laetitia et Dewi !
 Ma grande toute intimidée et ma petite qui fait le clown !

Ça a aussi été l'occasion de découvrir ses autres livres. Ma fille aîné a choisi celui-ci, forcément une couverture rose bonbon avec le mot princesse, elle succombe !
Le royaume est donc à la recherche d'une nouvelle princesse : chant, bonnes manières, goûts culinaires,... es candidates doivent se montrer à la hauteur. L'heureuse élue aura la chance d'embrasser un crapaud qui n'est autre que le prince charmant (ou pas) victime d'un sortilège.
C'est un album interactif, qui s'adresse directement à la jeune lectrice, il y a de nombreux onglets à soulever et comble du bonheur pour mes filles : une armoire contenant une princesse à habiller avec différentes robes. 


Il y a un côté très girly, mais c'est très drôle et les codes du conte de fée sont exploités et détournés. 
Une excellente découverte qui démontre le talent d'Orianne Lallemand à imaginer des histoires amusantes et attachantes.






mardi 21 mars 2017

Et toi, tu as eu une famille ? - Bill Clegg

Par Ariane



Auteur : Bill Clegg

Titre : Et toi, tu as eu une famille ?

Genre : roman

Langue d’origine : anglais (américain)

Traducteur : Sylvie Schneiter

Editeur : Gallimard

Nombre de pages : 288p

Date de parution : août 2016

Présentation de l’éditeur :

Il en faut peu pour détruire une vie. Un mensonge, une maladie, un accident…
En une nuit, un incendie a tout enlevé à June : sa fille Lolly, qui allait se marier le lendemain ; Will, son futur gendre ; Luke, son petit ami, et Adam, son ex-mari. Unique survivante et réduite à l'errance, elle traverse le pays en voiture, abandonnant la petite ville du Connecticut où a eu lieu la catastrophe, à la recherche de ce qui la lie encore à Lolly, avec qui ses relations étaient difficiles.
La voix des habitants, touchés eux aussi par le drame, émerge peu à peu. Il y a Lydia, la mère de Luke, mise au ban de la société en raison d’un scandale passé, il y a Silas, un adolescent qui aime tirer sur son bang de temps en temps, et ce d’autant plus qu’il est le détenteur d’un secret qu’il aimerait oublier. Il y a aussi les commères de la ville, qui voient en Luke un coupable idéal, car ce jeune Noir, de vingt ans le cadet de June, a déjà été incriminé pour une affaire de drogue. Autant de voix, de délicates interférences, qui témoignent de cette tragédie et en explicitent peu à peu les causes.



Mon avis :

Quatre personnes ont été tuées dans un incendie. June est la seule rescapée, incapable de faire face au deuil et à la culpabilité elle quitte la ville. Lydia a perdu son fils Luke, le petit-ami de June, dans la tragédie et doit faire face aux commérages rendant celui-ci responsable. Silas, un adolescent employé par Luke, ne parvient pas à oublier cette nuit. Autour de ces trois personnages il y a les voix multiples de personnes touchées de près ou de loin par l’incendie, leurs commentaires et leurs souvenirs, qui peu à peu éclairent les événements.

J’aime beaucoup la construction chorale de ce roman, c’est un exercice pas toujours évident mais l’auteur s’en sort remarquablement bien. Chaque voix apporte un détail, un point de vue, un élément  nouveau sur les personnages ou la situation. Le fil se déroule au fur et à mesure et les liens que l’on ne comprend pas toujours au départ se dévoilent.

Ce qui m’a étonnée c’est le choix de Bill Clegg d’apporter un point de vue externe pour certains personnages (Lydia, Silas et June, les témoins directs du drame), externe pour les autres. C’est assez déroutant au départ mais au final plutôt approprié aux événements.

Ce roman aborde les thèmes du deuil, de la culpabilité et de la résilience. Ce sont des thèmes intéressants en littérature, qui touchent à des sentiments profonds et complexes. Les personnages sont en proie à un terrible sentiment de culpabilité et à une solitude qui les ronge tout autant que leur deuil.

Mais plus que cela, l’auteur s’intéresse à la famille. C’est d’ailleurs sur cela que le titre met en avant. Avoir une famille, être une famille, qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce qu’une famille ? Et qui est-on quand on n’a pas de famille. Un passage consacré à June exprime parfaitement cette perte d’identité qu’elle vit en même temps que la perte de sa famille (le passage cité plus bas)

J’aurai pu vraiment apprécier ce roman mais il m’a manqué quelque chose. Un élan, une profondeur que je n’ai pas trouvée.



Extrait :

« Elle est perdue, seule, ce qui n'a pas d'importance. Rien n'en a, se répète-t-elle pour la énième fois. Encore et encore, l'idée lui trotte dans la tête : son choix, quel qu'il soit, n'aura pas d'impact sur elle ou qui que ce soit. Auparavant, l'idée d'exister sans obligations, sans que ses actes aient de conséquence, l'aurait exaltée, sauf que l'expérience ne correspond en rien à ce qu'elle avait imaginé. C'est une moitié de vie, un purgatoire clivé où son corps et son esprit coexistent mais n'évoluent pas dans les mêmes sphères de la réalité. »

http://ennalit.canalblog.com/archives/2016/01/01/33098969.html

lundi 20 mars 2017

Santé, mensonges et propagande - Thierry Souccar et Isabelle Rabard

Par Daphné















Auteur : Thierry Souccar et Isabelle Robard
Titre :  santé, mensonge et propagande
Genre : santé, nutrition
Langue d’origine : français
Editeur  : Thierry Souccar Editions

Résumé de l'éditeur :

Trois ans d'enquête pour ce livre accusateur !
Les auteurs dénoncent les pratiques des multinationales de l'agroalimentaire, relayées par les instances gouvernementales. Ils s'attaquent à ces conseils nutritionnels devenus vérités premières : " les laitages renforcent la solidité des os ", " pour maigrir, il faut diminuer les graisses ", " les vitamines sont dangereuses "... Ils mettent en lumière les intérêts privés, le poids des lobbies, le rôle de la publicité, le retard réglementaire français. Ils proposent une alternative nutritionnelle mais aussi un cadre susceptible de garantir, dans l'avenir, l'indépendance de l'information médicale.

Mon avis :

Après avoir été interpellée par Lait, mensonges et propagande , j'ai poursuivi cette lecture avec cet autre livre de Thierry Souccar. voici donc encore un livre qui a fait polémique en dénonçant la manipulation créée par les médias et certaines recommandations bien connues en ce qui concerne la nutrition. 

Ce livre n'est pas un guide nutritionnel mais plutôt une manière d'alerter les gens sur ces "fausses recommandations". Nous trouvons ici les raisons de cette manipulation qui, sans surprise, sont fortement liés à des enjeux financiers. Ainsi, on découvre, entre autres, que de nombreuses études ayant menées à des recommandations nutritionnelles sont en réalité sponsorisées par les grandes marques.

S'appuyant sur des études scientifiques et des comparaisons avec d'autres pays (dont les recommandations alimentaires sont très différentes!), les auteurs tordent ici le cou à de nombreuses idées reçues sur l'alimentation.

Un livre ô combien effrayant mais particulièrement intéressant!

Extrait :

"Nous avons fait un mauvais rêve.
 L'industrie agroalimentaire sponsorisait les scientifiques chargés par le gouvernement de nous dire ce qu'il fallait manger.
Nos enfants étaient encouragés par la classe politique à consommer des aliments pour en écouler les surplus.
Des recommandations alimentaires qui auraient pu sauver des milliers de vies étaient étouffées pour satisfaire aux intérêts économiques de quelques multinationales.
Des agences gouvernementales de sécurité sanitaire interdisaient à des malades du sida l'accès à des produits nécessaires à leur survie.
Le gouvernement menaçait de prison des médecins et des commerçants pour avoir vendu des vitamines pourtant indispensables à la santé. 

 Des Antillais se voyaient interdire l'usage de plantes médicinales qui poussent sur leur île."




samedi 18 mars 2017

Trois saisons d'orage - Cécile Coulon

Par Ariane




Auteur : Cécile Coulon

Titre : Trois saisons d’orage

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : Viviane Hamy

Nombre de pages : 272p

Date de parution : janvier 2017

Présentation de l’éditeur :

Les Fontaines. Une pierre cassée au milieu d’un pays qui s’en fiche. Un morceau du monde qui dérive, porté par les vents et les orages. Une île au milieu d’une terre abrupte. Je connais les histoires de ce village, mais une seule les rassemble toutes. Elle doit être entendue. L’histoire d’André, de son fils Benedict, de sa petite-fille, Bérangère. Une famille de médecins. Celle de Maxime, de son fils Valère, et de ses vaches. Une famille de paysans. Et au milieu, une maison. Ou ce qu’il en reste.
Trois générations confrontées à l’Histoire et au fol orgueil des hommes ayant oublié la permanence hiératique de la nature.
Saga portée par la fureur et la passion, Trois Saisons d’orage peint une vision de la seconde partie du XXe siècle placée sous le signe de la fable antique. Les Trois-Gueules, « forteresse de falaises réputée infranchissable », où elle prend racine, sont un espace où le temps est distordu, un lieu qui se resserre à mesure que le monde, autour, s’étend. Si elles happent, régulièrement, un enfant au bord de leurs pics, noient un vieillard dans leurs torrents, écrasent quelques ouvriers sous les chutes de leurs pierres, les villageois n’y peuvent rien ; mais ils l’acceptent, car le reste du temps, elles sont l’antichambre du paradis.



Mon avis :

Si je devais me déclarer fan de certains auteurs que j’aime particulièrement, alors Cécile Coulon ferait incontestablement partie du lot. Chaque lecture de ses romans m’a touchée, bouleversée. Alors quand j’ai vu le petit nouveau sur la table de la librairie, je me suis jetée dessus ! Et encore une fois, je suis touchée-coulée.

Dans le petit village des Fontaines se côtoient les ouvriers et les paysans. C’est là que s’établit André, un jeune médecin à la fin de la guerre. Il y élèvera seul son fils Benedict, qui deviendra médecin à son tour, et comme son père restera au village avec sa famille. Bérangère, la fille de Benedict, est née aux Fontaines. Contrairement à son père et à son grand-père, elle appartient à cette terre. Et très tôt elle se lie avec Valère, fils de paysans, l’amitié de l’enfance se transformant en amour à l’adolescence.

Il y a quelque chose de la tragédie antique dans le destin de Bérangère, de Valère et leurs familles. Dès le début, le drame semble inéluctable. Pourtant, la vie s’écoule insouciante, aveugle aux nuages qui s’annoncent.

Chaque lieu, chaque personnage est subtilement dépeint par Cécile Coulon. Et le village, les falaises, la terre autant que les personnages et leurs vies habitent durablement le lecteur. Pendant quelques jours, j’ai moi aussi vécu aux Fontaines, avec Valère et Bérangère, Clément, André et les autres. Qu’ils m’ont touchée ces personnages ! Qu’il m’a plu ce village !

La beauté de ce roman est comme la terre où il se déroule : belle et terrible, douce et violente à la fois. Une vraie beauté ! Une fois de plus, merci Cécile Coulon.



Extrait :

« (…) seule la terre comptait. Qu’elle explose, qu’elle vive, qu’elle déborde. Ils la vénéraient, ils la dressaient comme on apprivoise un cheval fou qu’on fait danser sur deux pattes pour des spectateurs médusés. Le terre donnait l’herbe, la pierre, l’eau, les arbres. La fortune des Fontaines venait d’elle, personne ne la gaspillait, ne la malmenait. On ne l’insultait pas quand les récoltes étaient mauvaises, on s’en prenait aux enfants, aux vieillards, à Dieu même, mais pas à la terre des Fontaines. Ses forces bouillonnaient, accordaient tout ce dont ils avaient besoin et plus encore, elle veillait sur eux, et, quand elles emportaient un enfant, on pleurait longuement, mais personne ne reniait la terre, personne n’élevait la voix contre les forces des Trois-Gueules, elles régissaient tout, elles n’avaient pas de nom, pas de forme, elles étaient le vent qui soufflait à travers les arbres, l’orage qui démontait les toits des maisons, les torrents énervés au pied des carrières, elles étaient le froid qui tombait brutalement à la fin du mois d’octobre, les cailloux qui s’enfonçaient dans les pieds nus des adolescents. Les forces étaient partout. »

D'autres avis chez  Noukette, Jostein, Nicole,