Par Ariane
Auteur :
Laurine Roux
Titre :
Le sanctuaire
Genre :
roman
Langue
d’origine : français
Editeur :
Les éditions du sonneur
Nombre de
pages : 160p
Date de
parution : août 2020
Mon avis :
Ça vous est déjà arrivé de commencer un livre en étant
persuadée de tenir là un coup de cœur ? Puis de le refermer avec un
sentiment de déception ? Non pas que le livre n’était pas bien, simplement…
Vous attendiez autre chose.
Le père, la mère et leurs filles, June l’aînée et Gemma la
cadette. Une cabane en montagne, la forêt tout autour. Le sanctuaire. Ils
vivent en autarcie totale depuis qu’une épidémie apportée par les oiseaux a
ravagé l’humanité. Seul le père s’aventure à l’extérieur pour chercher ce qu’ils
ne peuvent produire eux-mêmes. Gemma n’a connu que cette vie primitive, arc au
poing elle arpente les bois, chasse leur nourriture et tue tous les oiseaux qu’elle aperçoit,
comme le lui a enseigné son père. Jusqu’au jour, où poursuivant un oiseau blessé,
elle découvre un homme vivant entouré d’oiseaux de l’autre côté de la montagne.
Il y a de très jolies choses dans ce roman. L’écriture de
Laurine Roux déjà, rêche, brusque, déroutante. Une écriture qui sert
particulièrement bien son intrigue tant elle correspond à ses personnages et à
leur vie.
Il y a aussi une véritable ambiance, une tension palpable
que l’on sent croître entre les personnages. Le malaise s’installe
progressivement chez le lecteur qui pense au départ lire un roman
post-apocalyptique comme il y en a tant. L’on pensait être loin de ce que l’on connait,
on retrouve des relations familiales toxiques et une figure masculine dominante
et manipulatrice.
Autre thème intéressant celui du rapport à la nature. La
famille s’est installée là assez rapidement après le début de l’épidémie, quand
la fille aînée était déjà à l’école, la plus jeune pas encore née. Ils ont dû s’adapter
à une vie sauvage, primitive, un retour aux sources. La chasse, la pêche, le
potager, la cueillette.
Et bien sûr l’oiseau. Comme Gemma, le lecteur est fasciné
par la beauté de l’animal, cette beauté brute et sauvage. Cet aigle, c’est l’incarnation
de la liberté, que finalement Gemma, sa sœur et sa mère ne connaissent pas. Au cœur
du sanctuaire elles sont à l’abri, mais ses frontières infranchissables sont
celles d’une prison.
Il y a tant d’éléments intéressants dans ce court roman, que
j’ai du mal à mettre le doigt sur ce qui m’a manqué ou dérangée. Peut-être
est-ce les tueries d’oiseaux… J’ai toujours du mal avec la violence envers les
animaux (les êtres sans défense en général d’ailleurs).
Extrait :
« Il dit que notre royaume est immense, qu’il vaut le
monde entier. Papa a raison: il suffit de contempler le flot des arbres, ligne
mouvante qui sépare la terre et le ciel, pour oublier que nous sommes des
rescapés. Ici, nous sommes des rois. »