Par Daphné
Résumé de l'éditeur :
"À l'aube du second jour, quand soudain les buildings de Coca montent,
perpendiculaires à la surface du fleuve, c'est un autre homme qui sort
des bois, c'est un homme hors de lui, c'est un meurtrier en puissance.
Le soleil se lève, il ricoche contre les façades de verre et d'acier,
irise les nappes d'hydrocarbures moirées arc-en-ciel qui auréolent les
eaux, et les plaques de métal taillées en triangle qui festonnent le
bordé de la pirogue, rutilant dans la lumière, dessinent une mâchoire
ouverte."
Ce livre part d'une ambition à la fois simple et folle:
raconter la construction d'un pont suspendu quelque part dans une
Californie imaginaire à partir des destins croisés d'une dizaine
d'hommes et femmes, tous employés du gigantesque chantier. Un
roman-fleuve, « à l'américaine », qui brasse des sensations et des
rêves, des paysages et des machines, des plans de carrière et des
classes sociales, des corps de métiers et des corps tout court.
Mon avis :
Voilà un livre dans lequel j'ai eu beaucoup de mal à entrer : il en a fallu e peu pour que j'abandonne ma lecture en cours de route! Je me suis finalement accrochée et... je ne le regrette pas!
Le thème peut paraître un peu étrange : la construction d'un pont, mais que peut on bien dire là dessus pendant plus de 300 pages? Et bien en fait, beaucoup de choses! Un certain nombre de personnages gravite autour de la construction de ce pont : ouvriers, chefs de chantiers, architectes, grutiers, militants, cuisiniers, coiffeurs et bien d'autres. Tous ont leur histoire, et ces histoires se croisent. Ils arrivent des quatre coins du monde pour travailler sur la construction de ce pont qui ne fait pas forcément l'unanimité.
Car construire un pont, cela implique beaucoup de choses. Dégâts irrémédiables sur l'environnement mais aussi sur les populations vivant aux alentours, conflits, appât du gain... C'est tout un fourmillement de personnages et de thèmes autour de ce pont. Ces thèmes cependant ne sont qu'effleurés, jamais approfondis, parfois juste suggérés et cela fait de c e livre un étrange "fourre-tout" : on voudrait se saisir d'un sujet, d'un personnage, mais en quelques pages, quelques lignes parfois, il nous échappe déjà et ce d'autant plus que la construction du livre (à l'image de celle du pont!) est bien compliquée : un style littéraire particulier qui demande un certain temps d'apprivoisement, un aspect technique qui prime souvent sur les personnages ou les sujets sur lesquels on aimerait davantage se pencher, des chapitres qui peuvent paraître complètement décousus... Ce n'est pas spécialement facile à lire mais le moins qu'on puisse dire, c'est que le sujet est maîtrisé!
Un livre qui a bien failli me perdre en route mais qui m'a finalement appris de nombreuses choses. En toute honnêteté, ce n'est pas le genre de livres que je lirais touts les jours mais je suis tout de même contente de l'avoir lu car j'ai fini par me laisser prendre par l'histoire.
Extrait :
"L’hiver dure, fourreau de verre. Le froid gaine la ville. Céruse les
perspectives, précise les sons, détache les gestes, et le ciel prend
dans tout cela une part exagérée. Sur le fleuve – décoloré albugineux
comme le reste –, les hommes s’activent et le pont augmente. Auprès des
énormes piles qui sont à présent comme les deux chevilles
indestructibles de toute cette histoire, de longues digues de béton
renforcent désormais les berges. On y décharge les métaux, acheminés par
voie ferrée jusque sur la plate-forme Pontoverde puis transportés là
sur des barges dotées de brise-glace.
C’est la phase deux du chantier, on bascule en hauteur, on colonise vers le ciel."