mardi 31 mars 2015

La jeune fille à la perle - Tracy Chevalier

Par Ariane


Auteur : Tracy Chevalier

Titre : La jeune fille à la perle

Genre : roman

Langue d’origine : anglais (américain)

Traducteur : Marie-Odile Fortier-Masek

Editeur : Folio

Nombre de pages : 313p

Date de parution : mars 2002 (1ère publication 1999)

Présentation de l’éditeur :

La jeune et ravissante Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Nous sommes à Delft, au dix-septième siècle, l'âge d'or de la peinture hollandaise. Griet s'occupe du ménage et des six enfants de Vermeer en s'efforçant d'amadouer l'épouse, la belle-mère et la gouvernante, chacune très jalouse de ses prérogatives.
Au fil du temps, la douceur, la sensibilité et la vivacité de la jeune fille émeuvent le maître qui l'introduit dans son univers. À mesure que s'affirme leur intimité, le scandale se propage dans la ville...



Mon avis :

Je poursuis ma découverte de l’œuvre de Tracy Chevalier avec ce titre qui est, je crois, son plus grand succès. C’est Daphné ma co-blogueuse qui m’a offert ce livre lors d’un swap. Merci Daphné !

Cette fois, Tracy Chevalier entraîne le lecteur à Delft au 17ème siècle. C’est là qu’elle imagine le contexte de création de La jeune fille à la perle, œuvre majeure du peintre Vermeer. « J'ai écrit ce livre parce que j'ai toujours été fascinée par le tableau de Vermeer, La Jeune Fille à la perle. À quoi pense-t-elle ? Parfois, elle semble vouloir séduire, parfois elle paraît triste. Parfois on croit qu'elle a treize ans et d'autres trente ans. Je me demandais ce que Vermeer avait bien pu dire ou faire pour qu'elle ait un tel regard. De cette interrogation est né ce roman. » 
L’identité de la jeune femme représentée est inconnue. Tracy Chevalier lui donne un nom Griet et imagine son parcours : à l’âge de 16 ans, la jeune Griet est placée en tant que servante dans la famille du peintre. Fascinée par son travail et par l’homme lui-même, la jeune fille commence un jour à poser pour lui.

Le roman est constitué de quatre parties portant des années pour titre. Les trois premières parties se suivent et correspondent aux années que Griet passe au service du peintre et de sa famille. La dernière partie se déroule dix années plus tard, quelques mois après la mort de Vermeer.

L’histoire est racontée du point de vue de Griet. Ce personnage m’a, par certains aspects, rappelé Honor, l’héroïne de La dernière fugitive. Deux jeunes filles sérieuses, travailleuses, honnêtes. Mais dont, l’apparente sagesse cache une forte personnalité. J’ai trouvé les autres personnages du roman assez peu marquants. Finalement, comme dans le tableau, c’est la figure de la jeune fille qui domine tout.

J’ai particulièrement apprécié découvrir l’œuvre de Vermeer décrite par Tracy Chevalier et, même superficiellement, le travail du peinture et de préparation des couleurs. Plusieurs tableaux, parmi les plus connus de l’artiste sont évoqués et l’on sent chez Tracy Chevalier une profonde admiration pour ces tableaux. « C’était le premier de ses tableaux que je voyais, aussi resterait-il celui dont je me souviendrais le mieux, même parmi ceux dont je suivrais les progrès depuis la pose de la sous-couche jusqu’aux dernières retouches. Une femme se tenait devant une table, elle était tournée vers un miroir accroché au mur de sorte qu’on la voyait de profil. Elle portait une veste de somptueux satin jaune, bordé d’hermine et, selon le goût du jour, un nœud rouge s’’épanouissait en cinq boucles sur ses cheveux. Sur la gauche, une fenêtre l’éclairait, la lumière jouait sur son visage, soulignant la courbe délicate de son front et de son nez. Elle passait son collier de perles autour de son cou. Elle le nouait, les mains à hauteur du visage. En extase devant l’image que lui renvoyait le miroir, elle ne semblait pas avoir conscience d’être observée. A l’arrière-plan, sur un mur d’une étincelante blancheur, on apercevait une vieille carte et, dans la pénombre du premier plan, on reconnaissait la table sur laquelle étaient posés la lettre, la houppette et les autres objets que j’avais époussetés. »




J’ai trouvé l’histoire et l’écriture de Tracy Chevalier agréables, le roman se lit rapidement et facilement. Un bon moment de lecture, mais une lecture qui s’oublie vite tout de même.



Extrait :

« Ce tableau était différent de ses autres toiles. Seules y figuraient ma tête et mes épaules, sans table, ni rideaux, ni fenêtres, ni houppette pour adoucir l’ensemble et disperser l’attention. Il m’avait représentée avec les yeux grands ouverts. La lumière tombait sur mon visage, en laissant le côté gauche dans l’ombre. Je portais du bleu, du jaune et du marron. Avec le bout d’étoffe autour de ma tête, je ne me ressemblais plus, mais ressemblais à une autre Griet venue d’une autre ville, et, qui sait, d’un autre pays. Le fond noir donnait l’impression que j’étais seule, même si, de toute évidence, je regardais quelqu’un. J’avais l’air d’attendre un événement dont je doutais qu’il arrivât jamais. »

Lu dans le cadre du challenge Petit bac catégorie objet

L'avis de Bianca

Mille soleils splendides - Khaled Hosseini

Par Ariane

Auteur : Khaled Hosseini
Titre : Mille soleils spendides
Genre : roman
Langue d’origine : anglais (américain)
Traducteur : Valérie Bourgeois
Editeur : 10 :18
Nombre de pages : 416p
Date de parution : janvier 2008

Présentation de l’éditeur : 
À Kaboul, Mariam endure un mariage contraint avec un homme violent. L'arrivée de la jeune Laila sous son toit est une épreuve de plus. Mais, entre ces femmes que tout oppose, la rivalité va bientôt faire place à une indéfectible amitié... Et à l'espoir d'une autre vie. Par l'auteur des Cerfs-Volants de Kaboul, un chant d'amour poignant pour l'Afghanistan, déchirée par la barbarie.


Mon avis : 
J’ai récemment lu Les cerfs-volants de Kaboul le premier roman de Khaled Hosseini, qui a rencontré un très grand succès international. J’ai l’impression que son second roman Mille soleils splendides a rencontré un succès moindre, mais je l’ai nettement préféré.
Au cœur de ce roman, deux personnages féminins, Mariam et Laila. Des femmes fortes, magnifiques. A travers leur destin, c’est le destin de milliers d’afghanes qui est évoqué. Contraintes à des mariages forcés à l’adolescence, subissant les violences domestiques, les relations conjugales imposées et le mépris des hommes. C’est poignant et révoltant car c’est une réalité. Ce qu’elles subissent des milliers de femmes dans le monde (et pas seulement en Afghanistan) le subissent chaque jour. Et pourtant, l’espoir est là, toujours présent. Une force qu’elles puisent dans l’amitié qui les unit et l’amour qu’elles portent aux enfants. Ces deux femmes m’ont profondément émue. Ainsi qu'Aziza la fille de Laila. 
Les personnages féminins sont au cœur de ce roman mais les personnages masculins sont également présents bien qu'un peu effacés. Rachid, le mari violent, Babi, le père aimant, Jalil, le père lâche, Tariq le grand amour de Laila. 
La première partie du roman est consacrée à Mariam de son enfance jusqu’à son mariage avec Rachid. J’ai été particulièrement touchée par cette fillette solitaire, attendant impatiemment son père chaque semaine et empilant des cailloux représentant les frères et sœurs qu’elle ne connaîtra jamais. La seconde partie est consacrée à Laila, une petite fille partagée entre la tendresse de son père et l’indifférence de sa mère, une petite fille amoureuse dès son plus jeune âge de Tariq. Ensuite, les voix de Laila et de Mariam, se suivent et s’emmêlent racontant leur vie commune et leur amitié. 
Comme dans son précédent roman, l’auteur parvient à transmettre la souffrance de ce pays et de ses habitants. Les talibans n’ont été qu’un malheur de plus dans une longue succession de malheurs. J’ai à nouveau eu ce sentiment d’un peuple pris en otage. Peu après l’arrivée des talibans, Mariam trouve un prospectus distribué à la population, rappelant les nouvelles lois en vigueur. Des lois qui font froid dans le dos. Pour les hommes : « tous les hommes doivent se laisser pousser la barbe (…) quiconque refusera de respecter cette règle sera battu », pour les femmes « vous ne rirez pas en public sinon vous serez battue. », d’autres sont totalement absurdes « quiconque gardera des perruches chez soi sera battu et ses oiseaux tués. », sans oublier bien sûr « il est interdit d’écrire des livres, de regarder des films et de peindre des tableaux. » Quel monde effrayant que celui des talibans. Les afghans ont été littéralement dépossédés de leur identité, de leur histoire, de leur culture. Et les afghanes ont en plus été privées de toute dignité.
J’ai encore une fois appris pas mal de choses sur l’Afghanistan et son histoire récente. Khaled Hosseini dépeint à merveille la vie quotidienne des afghanes et des afghans. On sent un réel amour de son pays et une profonde détresse face à sa situation.
Un très beau livre, émouvant et touchant. Je pense que je vais m’empresser de lire le dernier livre de Khaled Hosseini. Ainsi résonne l’écho infini des montagnes.

Extrait : 
« Mariam n’ayant jamais porté de burqa, Radis dut l’aider à enfiler la sienne. La partie rembourrée au sommet, lourde et un peu étroite, lui enserrait le crâne comme un étau, et le fait de voir à travers le grillage lui parut très étrange. Elle s’entraîna à marcher avec dans sa chambre mais, comme elle était déstabilisée par la perte de sa vision périphérique et que l’étoffe se collait contre sa bouche, l’empêchant de respirer, elle ne cessait de trébucher, se prenant les pieds dans l’ourlet de sa robe. »

lundi 30 mars 2015

C'est lundi, que lisez-vous ? (12)

Le lundi on retrouve le rendez-vous hebdomadaire organisé par Galleane. Il suffit de répondre à 3 questions :

1. Qu’ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ? 

Ariane 

Qu'ai-je lu la semaine dernière ? 


J'ai commencé ma semaine avec Théorie de la vilaine petite fille d'Hubert Haddad. J'ai également lu le dernier livre de Léonor de Récondo, Amours. Mais la semaine a été marquée par mon coup de cœur pour Mille soleils splendides de Khaled Hosseini.

Que lis-je en ce moment ?




Une fois n'est pas coutume, j'ai deux lectures commencées en même temps. Tout d'abord Beloved de Toni Morrison pour ma lecture commune avec Jostein. Et aussi La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier que j'ai commencé car j'avais prévu de finir ma 2ème ligne de mon challenge petit bac pour fin mars.

Que lirai-je ensuite ?

Après mes deux lectures en cours, j'ai prévu de lire Pardonnable, Impardonnable de Valérie Tong Cuong, que je suis très impatiente de lire et L'ordinateur du paradis de Benoît Duteurtre, sur lequel les avis ne sont pas vraiment enthousiastes.

Daphné

Qu'ai-je lu la semaine dernière ?


                    
  

Deux lectures simples et légères cette semaine: Allumer le chat  de Barbara Constantine et Pourquoi pas? de David Nicholls.

Que lis-je en ce moment ?




En ce moment, je lis Le dieu des petits riens de Arundhati Roy.

Que lirai-je ensuite ?





J'ai ensuite prévu de lire L'enfant de tous les silences   de Kim Edwards, un livre qui me tente depuis longtemps, et L'été des lucioles de Gilles Paris.                


Et vous que lirez-vous cette semaine ? 

samedi 28 mars 2015

Americanah - Chimamanda Ngozi Adichie

Par Ariane
Auteur : Chimamanda Ngozi Adichie
Titre : Americanah
Genre : roman
Langue d’origine : anglais (Nigéria)
Traducteur : Anne Damour
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 528p
Date de parution : janvier 2015

Présentation de l’éditeur :  
«En descendant de l’avion à Lagos, j’ai eu l’impression d’avoir cessé d’être noire.»
Ifemelu quitte le Nigeria pour aller faire ses études à Philadelphie. Jeune et inexpérimentée, elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l’Amérique qui compte bien la rejoindre.
Mais comment rester soi lorsqu’on change de continent, lorsque soudainement la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés?
Pendant quinze ans, Ifemelu tentera de trouver sa place aux États-Unis, un pays profondément marqué par le racisme et la discrimination. De défaites en réussites, elle trace son chemin, pour finir par revenir sur ses pas, jusque chez elle, au Nigeria.
À la fois drôle et grave, doux mélange de lumière et d’ombre, Americanah est une magnifique histoire d’amour, de soi d’abord mais également des autres, ou d’un autre. De son ton irrévérencieux, Chimamanda Ngozi Adichie fait valser le politiquement correct et les clichés

Mon avis : 
Ifemelu est une jeune nigériane issue de la classe moyenne de Lagos. Jeune femme intelligente et à la personnalité affirmée, elle obtient une bourse pour étudier aux Etats-Unis. Quittant son pays, sa famille et Obinze, son grand amour, elle découvre un nouveau monde. « Moi-même je ne me sentais pas noire, je suis devenue noire qu'en arrivant en Amérique. » C’est cette constatation qui l’incitera à ouvrir un blog dans lequel elle livre ses réflexions sur la condition des noirs aux Etats-Unis, le racisme, la différence entre afro-américains et africains,… Installée aux Etats-Unis pendant près de quinze ans, Ifemelu décide finalement de rentrer au Nigéria. 

J’ai trouvé ce roman très intéressant notamment dans sa réflexion sur l’exil. Le sort d’Obinze, étudiant diplômé et brillant se retrouvant à nettoyer les toilettes d’un immeuble de bureaux londonien illustre avec justesse, sans pathos, la réalité de milliers de personnes. Contrairement à la majorité des immigrants arrivant en Europe ou aux Etats-Unis, Obinze, Ifemelu et leurs amis ont grandi dans un milieu protégé. Ce qui surprend leurs amis d'ailleurs et, il faut bien l'avouer, moi aussi « Alexa, et les autres invités, peut-être même Georgina, comprenaient tous la fuite devant la guerre, devant la pauvreté qui broyait l’âme humaine, mais ils étaient incapables de comprendre le besoin d’échapper à la léthargie pesante du manque de choix. Ils ne comprenaient pas que des gens comme lui, qui avaient été bien nourris, n’avaient pas manqué d’eau, mais étaient englués dans l’insatisfaction, conditionnés depuis leur naissance à regarder ailleurs, éternellement convaincus que la vie véritable se déroulait dans cet ailleurs, étaient aujourd’hui prêts à commettre des actes dangereux, des actes illégaux, pour pouvoir partir, bien qu’aucun d’entre eux ne meure de faim, n’ait été violé, ou ne fuie des villages incendiés, simplement avide d’avoir le choix, avide de certitude. » Et mis à part Obinze, la plupart d’entre eux s’en sortent très bien dans leur nouvelle vie. Ifemelu étudiante dans une université de l’Ivy League en couple d’abord avec un riche américain puis avec un universitaire : rien à voir avec la situation de la plupart des migrantes africaines. 

La question du racisme, au cœur de la réflexion d’Ifemelu et de son blog, est particulièrement intéressante. Ifemelu, Obinze et les autres immigrants sont confrontés à la fois au racisme primaire mais aussi à une vision infantilisante de certains bobos de l’Afrique. Et toujours une certaine hypocrisie face au racisme «Les Américains disent parfois "culture" au lieu de race. Quand ils disent d'un film qu'il est "grand public" cela signifie "Il plaît aux Blancs ou des Blancs l'ont réalisé." Quand ils disent "urbain" cela signifie noir et pauvre, éventuellement dangereux et potentiellement excitant. "Connotations raciales" veut dire ce que nous hésitons à dire "raciste". » Mais j’ai été un peu gênée par moments par le discours d’Ifemelu. Ainsi, si elle reconnaît que les noirs ne sont pas les seuls à subir racisme ou discriminations, elle dit que c’est quand même toujours pire pour les noirs. En tout cas, c’est comme ça que je l’ai perçu et je n’apprécie pas forcément cette façon de hiérarchiser les souffrances. 

En revanche je n’ai pas vraiment accroché avec les personnages. Ifemelu m’a  particulièrement agacée. Je l’ai trouvée souvent désagréable dans ses rapports aux autres et si ses réflexions sur le racisme sont justes et pertinentes j’ai parfois eu le sentiment qu’elle était indifférente au sort d’autrui. Ses amis américains, universitaires prétentieux et pédants, sont particulièrement énervants. Finalement, c’est le personnage et le parcours d’Obinze qui m’ont le plus touchée, il m’a semblé plus authentique qu’Ifemelu. Dans ses rêves et ses doutes, ses réussites et ses échecs, Obinze se montre profondément humain « Depuis quelques mois, il avait l’impression d’être surchargé par tout ce qu’il avait acquis – la famille, les maisons, les voitures, les comptes en banque- et était pris, de temps en temps, de l’envie de crever cette bulle avec une épingle, de tout faire dégonfler, pour être libre. Il ne savait plus avec certitude, il ne l’avait jamais su en réalité, il aimait vraiment cette existence ou s’il l’aimait parce qu’il était censé l’aimer. » 

Un roman sympathique mais qui me laisse tout de même un peu déçue. Dans son billet Jérôme cite plusieurs auteurs ayant traité de la condition africaine, qui je le pense, me conviendront plus.

Extrait :
« Mes cheveux épais et naturels feraient leur effet si j’avais un entretien pour être chanteuse dans un orchestre de jazz, mais il faut que j’aie l’air professionnel pour cet entretien, et professionnel signifie avoir les cheveux raides. S’ils devaient être bouclés, il faudrait que ce soit des boucles de Blanche, souples, ou au pire des anglaises, mais jamais des cheveux crépus. »

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