mardi 30 décembre 2014

La trilogie des elfes- Jean-Louis Fetjaine

Par Daphné



Auteur : Jean-Louis Fetjaine
Titre : La trilogie des elfes
Genre : roman fantasy
Langue d’origine : français
Éditeur: pocket







Résumé de l'éditeur: 
Il y a bien longtemps, avant même Merlin et le roi Arthur, le monde n'était qu'une sombre forêt de chênes et de hêtres, peuplée d'elfes et de races étranges dont nous avons aujourd'hui perdu jusqu'au souvenir. Dans ces temps anciens, les elfes étaient un peuple puissant et redouté des hommes, des êtres pleins de grâce à la peau d'un bleu très pâle, qui savaient encore maîtriser les forces obscures de la nature.
Ce livre est le récit de leurs dernières heures, depuis la rencontre du chevalier Uter et de Lliane, la reine des elfes. L'histoire d'une trahison et de la chute de tout un monde, d'un combat désespéré et d'un amour impossible. Cette magnifique trilogie établit un pont entre l'univers des légendes celtiques, la fantasy et le cycle arthurien.



Mon avis: 


Cette trilogie fait partie des livres que j’ai lus et relus avec chaque fois un regard différent. Les elfes étant mes créatures préférées du monde fantastique, je ne peux résister à ce genre de livre...surtout quand le monde arthurien s’en mêle ! 

En effet, cette trilogie mêle avec habileté fantasy et légende arthurienne. Les références à Tolkien ne peuvent échapper au lecteur : Jean-Louis Fetjaine s’en inspire abondement. Mais ce n’est pas pour autant une pâle copie du « seigneur des anneaux » ni un simple remixe des légendes de la table ronde. Non, l’auteur a su ici trouver son propre style et sa propre histoire. Au fur et à mesure que l’on avance dans le récit, les références à Tolkien s’estompent. Quant aux légendes arthuriennes, les voilà bien revisitées, certains personnages mythiques se révélant, dans cette histoire, mi-elfes mi- humains. On retrouve ainsi  Uther, Morgane, Merlin, Arthur, Ygraine dans un monde d’elfes, de monstres, de nains, de gnomes…

 Les croyances celtiques trouvent également leur place dans cette trilogie ainsi que la confrontation entre les religions. 

J’ai particulièrement apprécié les descriptions des différents peuples et leurs talismans. On découvre en réalité dans cette histoire une allégorie de notre monde, de l’incapacité de l’homme à vivre dans la paix.

Les personnages sont bien construits , l’histoire se lit avec plaisir. 

A mi-chemin entre  l’histoire médiévale et le conte de fées, « la trilogie des elfes » a su m’envoûter !


Extrait: 

Je vous parle d'un âge où les hommes n'étaient que l'une des quatre tribus de la déesse Dana, les Tuatha Dê Danann, elfes, nains, monstres et hommes. Et à chaque peuple la déesse avait confié un talisman, symbole de chaque race et garant de sa survie. Les hommes reçurent le Fal Lia, la Pierre de Fal, principe même de souveraineté, qui gémissait dès qu'un roi légitime s'en approchait. Peut-être est-ce pour cela qu'ils crurent pouvoir dominer le monde... Aux elfes échut le Chaudron du Dagda, le Graal de la connaissance divine. Aux monstres la lance de Lug, le dieu que les moines appelèrent Lucifer, arme terrible qui ne pouvait étancher sa furie meurtrière qu'en étant plongée dans un chaudron empli de sang. Et les nains reçurent l'Epée de Nudd, qu'ils nommaient Caledfwch dans leur langue rocailleuse et qui devint, dans la bouche des hommes, Excalibur.

Certaines n'avaient jamais vu la mer - Julie Otsuka

Par Daphné




Auteur : Julie Otsuka
Titre :Certaines n'avaient jamais vu la mer
Genre : roman
Langue d’origine :anglais (Etats-Unis)
Traducteur: Carine Chichereau
Éditeur:10/18
Nombre de pages :139
Date de parution :2012





  Résumé de l'éditeur: 
 Ces Japonaises ont tout abandonné au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis, sur la foi d'un portrait, un inconnu. Celui dont elles ont tant rêvé, qui va tant les décevoir. Chœur vibrant, leurs voix s'élèvent pour raconter l'exil : la nuit de noces, les journées aux champs, la langue revêche, l'humiliation, les joies aussi. Puis le silence de la guerre. Et l'oubli. 

Mon avis: 
 

Un livre qui m’a surprise, tant par la forme que par l’histoire qu’il révèle. 


Le style d’écriture est en effet peu commun, la narration se faisant à la première personne du pluriel. Le livre ne dépeint pas l’histoire de quelques personnes mais celle de centaines de femmes. L’emploi du « nous » permet au lecteur de suivre la vie de ces nombreuses femmes à partir d’évènements historiques. Le chœur de ces femmes s’élève, racontant leur exil, leurs rencontres avec leurs maris, la vie en Amérique, ce pays dont elles ont tant rêvé et qui ne leur offrira pas ce qu’elles croyaient, leur travail, la naissance de leurs enfants… « Nous », « nous «  « nous », les phrases débutent de la même manière, se succèdent, se ressemblent et diffèrent pourtant. Chœur de femmes anonymes, histoires qui s’entremêlent. Un style poétique qui contraste avec la dureté du sujet. On croirait lire une chanson. Une chanson un peu longue cependant. Je pensais lire ce livre, plutôt court, d’une seule traite. J’ai en fait dû le poser un moment pour ne le reprendre que le lendemain. Tant de « nous » et de tournures de phrases répétitives ont eu raison de mon attention. J’ai dû faire une pause pour mieux reprendre ensuite.


Hormis le style d’écriture, j’ai été surprise par le sujet. Je n’avais jamais entendu parler de cette part d’histoire méconnue  et douloureuse. Part d’histoire passée sous silence,  oubliée dans l’indifférence générale. Le dernier chapitre, où l’auteur donne voix aux américains dépeint bien cet oubli et cette indifférence. Je me suis d’ailleurs demandé si l’emploi du « nous » était là pour insister sur cet oubli, pour rendre ces femmes encore plus anonymes, ou, au contraire, visait à leur rendre à chacune une existence propre, une humanité. Sans doute les deux…


Quoiqu’il en soit, ce livre m’a marqué.



Extrait: 

 "Sur le bateau nous étions dans l’ensemble des jeunes filles accomplies, persuadées que nous ferions de bonnes épouses. Nous savions coudre et cuisiner. Servir le thé, disposer des fleurs et rester assises sans bouger sur nos grands pieds pendant des heures en ne disant absolument rien d’important. Une jeune fille doit se fondre dans le décor."












lundi 29 décembre 2014

Le complexe d'Eden Bellwether - Benjamin Wood

Par Ariane



Prix du roman Fnac 2014
Auteur : Benjamin Wood

Titre : Le complexe d’Eden Bellwether

Genre : roman

Langue d’origine : anglais

Traducteur : Renaud Morin

Editeur : Zulma

Nombre de pages : 498pp

Date de parution : août 2014

Présentation de l’éditeur : 
Cambridge, de nos jours. Au détour d’une allée de l’imposant campus, Oscar est irrésistiblement attiré par la puissance de l’orgue et des chants provenant d’une chapelle. Subjugué malgré lui, Oscar ne peut maîtriser un sentiment d’extase. Premier rouage de l’engrenage. Dans l’assemblée, une jeune femme attire son attention. Iris n’est autre que la sœur de l’organiste virtuose, Eden Bellwether, dont la passion exclusive pour la musique baroque s’accompagne d’étranges conceptions sur son usage hypnotique… Bientôt intégré au petit groupe qui gravite autour d’Eden et Iris, mais de plus en plus perturbé par ce qui se trame dans la chapelle des Bellwether, Oscar en appelle à Herbert Crest, spécialiste incontesté des troubles de la personnalité. De manière inexorable, le célèbre professeur et l’étudiant manipulateur vont s’affronter dans une partie d’échecs en forme de duel, où chaque pièce avancée met en jeu l’équilibre mental de l’un et l’espérance de survie de l’autre.

Mon avis : 
Un des grands succès de cette rentrée littéraire, succès amplement mérité à mon avis.

Combien des plus grands génies de l’histoire flirtaient avec la folie ? C’est cette frontière ténue entre le génie et la folie qu’explore ici Benjamin Wood.
Eden Bellwether étudiant brillant, musicien prodige et compositeur talentueux est persuadé de pouvoir guérir les maladies et blessures par le pouvoir de l’hypnose et de la musique. Un personnage démesuré, fantasque et narcissique, pédant et parfois insensible mais qui peut aussi être attachant. Les génies sont incompréhensibles et Benjamin Wood exprime parfaitement cela :
« Il y avait tant de livres et de papiers par terre qu’on distinguait à peine la moquette. (…) Même si ces piles de livres et de papiers ne semblaient résulter d’aucun système de classement particulier, Oscar savait qu’ils avaient été disposés par Eden selon une organisation précise. Là où le reste du monde voyait un chaos, Eden voyait logique et ordre. Sa chambre était l’atlas de son esprit. »
J’ai également beaucoup apprécié le personnage d’Oscar, un jeune homme sensible, généreux et intelligent qui se retrouve confronté à un univers si différent du sien mais sait pourtant s’y intégrer. La dualité Eden/Oscar à mi-chemin entre l’amitié et la haine, l’admiration et le mépris est très intéressante. Entre les deux il y a un petit jeu du chat et de la souris.
Les autres personnages du groupe Iris (sœur d’Eden et petite amie d’Oscar), Yin, Jane et Marcus sont très transparents à côté de ces deux personnalités dominantes. Ils semblent tenir le rôle de spectateurs de leur rivalité.
Je me suis totalement embarquée dans cette histoire, fascinée comme son cercle d’amis par Eden. Le jeune auteur de ce roman fait preuve d’une grande qualité d’écriture à laquelle on ne s’attend pas toujours lorsqu’il s’agit d’un premier roman.
La musique est également au cœur de ce roman et quelle beauté sous la plume de Benjamin Wood. J’ai eu l’impression d’entendre, de ressentir et même de voir cette musique. C’était véritablement sublime.
Un seul petit reproche : par moments j'ai ressenti un brin de prétention et d'intellectualisme dans l'écriture. Rien de bien dérangeant.
Un très beau roman qui laisse espérer de futures belles lectures de la part de Benjamin Wood. 

Extrait : 
« Tout commença par le tic-tac du métronome qui, tel un jouet mécanique, égrenait un rythme régulier. Eden retroussa les manches de sa chemise, les yeux fermés, écoutant la délicate pulsation pendant plusieurs mesures, puis il s’assit à l’orgue et joua d’abord une salve de notes, sur un rythme lent mais complexe. Les sons se superposaient, la main droite ouvrant la voie avec une mélodie légère et fleurie, la main gauche déposant dans son sillage de gros blocs d’accords. Pourtant, bien que la musique soit languissante, elle n’était pas vraiment douce. Elle était sous-tendue par une énergie électrique qui augmentait à chaque mouvement des doigts d’Eden.
(…)
Iris, Yin, Marcus et Jane suivaient chaque note, parcourant vivement les pages de leur partition. Ils s’ateint tous pris au jeu à présent, concentrés.
(…)
C’est alors que les tuyaux de l’orgue firent brusquement éclater un rugissement formidable et discordant. La musique s’emballa. Le volume augmenta. Le timbre de l’instrument changea, de grinçant il devint retentissant.
Eden se balançait, tapait du pied, griffait la console. Finie la légèreté. Fini le relâchement des épaules. Cette musique-là était pleine d’énergie, furieuse et contagieuse, fiévreuse et tranchante. Elle évoquait un jaillissement d’eau, un troupeau d’animaux affolés, un formidable tumulte, un océan qui se déchire, deux grandes armées marchant l’une vers l’autre. »

Lu dans le cadre du challenge le tour du monde en 8 ans
D'autres avis chez Brize, Clara, Kathel, Micmélo, Eva, Professeur Platypus, Papillon