Auteur :
Beryl Markham
Titre :
Vers l’ouest avec la nuit
Genre :
biographie
Langue
d’origine : anglais
Traductrice :
Viviane Markham
Editeur :
Libretto
Nombre de
pages : 320p
Date de
parution : mars 2010
Présentation de l’éditeur :
« Avez-vous lu Vers l’Ouest avec la nuit ?…
C’est un sacré bon livre. » Ce commentaire d’Hemingway dans sa
correspondance permit dans les années quatre-vingt de redécouvrir Beryl
Markham, pionnière de l’aviation dont la vie a été extrêmement aventureuse.
Elle passa son enfance au Kenya et fut la première femme en Afrique à obtenir
une licence d’entraîneur de chevaux de course. Elle découvrit l’aviation à
l’âge de trente ans et effectua pendant plusieurs années des vols entre le
Kenya, le Soudan et la Rhodésie, transportant des passagers, du courrier, des
médicaments et ravitaillant les safaris. En 1936, elle fut la première à
traverser l’Atlantique Nord, seule à bord de son mono-moteur. Elle décolla d’Abingdon
en Angleterre et atterrit vingt et une heures et vingt-cinq minutes plus tard
sur le continent américain où elle reçut un accueil triomphal. Vers l’Ouest
avec la nuit est le vibrant témoignage d’une femme éprise de liberté, d’une
« voyageuse insatiable », comme Beryl se qualifiait elle-même.
Mon avis :
Entraîneuse de chevaux de course et pionnière de l’aviation,
Beryl Markham était aussi douée pour l’écriture. Dommage qu’elle n’ait écrit qu’un
seul livre.
Ce livre, ce sont ses mémoires, rédigées alors qu’elle n’avait
pas 40 ans. Racontant une série de morceaux choisis de son enfance et de sa vie
d’adulte, elle nous entraîne à la chasse sur les pistes africaines, sur les
champs de courses et dans les écuries, avec elle nous survolons l’Afrique,
observons les troupeaux et traversons l’Atlantique.
Ce qui ressort principalement de ce texte, c’est la
personnalité hors normes de Beryl Markham, bien éloignée de ce que l’on attend
d’une femme de son milieu et de son époque. Pourtant elle parle peu d’elle-même
et n’évoque pas du tout sa vie privée sulfureuse ni son enfant. L’Afrique, les
chevaux et l’aviation, voilà ce qui comptait plus que tout pour elle.
Beryl Markham aurait aussi pu être une grande écrivaine. Son
écriture est vibrante et vivante, on ressent sa personnalité passionnée. Et sous
sa plume, revit une Afrique magnifique, mystérieuse et sauvage. Avec une
écriture si affirmée, difficile d’imaginer qu’il n’y ait eu qu’un livre.
J’avoue tout de même ne pas avoir adhéré aux scènes de chasses
à l’éléphant. Beryl elle-même ne semble pas avoir vraiment cautionné la
pratique, bien qu’elle ait à de nombreuses reprises repéré des troupeaux pour
les chasseurs et participé à des chasses.
Un livre et un personnage à découvrir absolument.
Extrait :
« (…) les êtres humains ont tiré, à la loterie de l’évolution
chère à M ? Darwin, le ticket gagnant et la souche qui va avec. Voilà sans
doute pourquoi nous sommes si merveilleux, pourquoi nous savons faire des fils,
des rasoirs électriques et des appareils de radio – et des fusils pour tuer les
éléphants, les lièvres, les pigeons d’argile, et nos semblables. »
« Une carte vous dit : « Lis-moi
attentivement, suis-moi fidèlement, ne doute pas de moi. » Elle dit :
« quand tu me tiens dans le creux de ta main, c’est la terre que tu tiens.
Sans moi, tu es seul, tu es perdu. »
Et c’est la stricte vérité. Si toutes les cartes du monde
étaient détruites et anéanties sous l’empire d’une volonté malfaisante, tous
les hommes redeviendraient des individus aveuglés par leur isolement, les
villes seraient occupées les unes des autres, et les bornes n’indiqueraient
plus que des directions inutiles, qui ne mèneraient à rien.
Pourtant une carte, lorsqu’on la regarde, qu’on la sent, qu’on
parcourt ses lignes du doigt, n’est qu’un objet froid et terne, sans humour, né
d’un compas et d’une planche à dessin. Le contour de cette côte, ce tracé
anguleux fait à l’encre écarlate, ne nous montre ni le sable, ni la mer, ni les
rochers ; il ne nous parle pas du marin qui s’est bravement lancé toutes
voiles dehors sur des mers encore vierges, pour léguer à la postérité une
information inestimable maladroitement dessinée sur une peau de mouton ou une
tablette de bois. Pour un regard inattentif, cette tache brune représente tout
simplement une montagne, mais pour l’escalader, il se peut que vingt hommes, ou
dix, aient risqué et donné leur vie. Ici il y a une vallée, là un marécage, et
là un désert ; et ici il y a une rivière, dont le tracé a été pour la
première fois tracé par les pieds écorchés de quelque individu audacieux, guidé
par sa curiosité comme un crayon dans la main de Dieu.
Vous avez votre carte en main ? Dépliez-la utilisez-la,
puis jetez- la si vous voulez. Ce n’est qu’un morceau de papier. Ce n’est que
du papier et de l’encre, mais si vous y réfléchissez un peu, si vous y pensez
un instant, vous constaterez que ces deux substances se sont rarement
conjuguées pour fabriquer un document aussi modeste et pourtant aussi
révélateur d’entreprises téméraires ou de conquêtes historiques. »
Ah quel livre! J'ai vraiment aimé http://enlisantenvoyageant.blogspot.com/2011/12/vers-louest-avec-la-nuit.html et à relire mon billet je sens que je craquerais encore!
RépondreSupprimerTon commentaire me rappelle que depuis un moment j'ai oublié de mettre les liens vers les autres articles ! Je vais corriger ça.
SupprimerDeux avis enthousiastes pour ce roman.
RépondreSupprimerTu sais ce qu'il te reste à faire !
Supprimerah oui pour ce dépaysement! Je note !
RépondreSupprimerN'attends pas trop longtemps, il en vaut la peine !
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