Auteur :
Colin Niel
Titre :
Entre fauves
Genre :
policier
Langue
d’origine : français
Editeur :
Rouergue
Nombre de
pages : 352p
Date de
parution : septembre 2020
Mon avis :
Premier coup de cœur du prix des lectrices de Elle avec ce
roman noir qui prend aux tripes et aborde des thèmes qui m’intéressent
particulièrement.
Martin est garde au parc national des Pyrénées. Amoureux de
la nature et des animaux, il désespère chaque jour un peu plus devant l’état du
monde, l’inertie et l’hypocrisie des pouvoirs publics dans la disparition d’espèces
menacées et ce sentiment s’aggrave encore depuis que Cannellito, le dernier
ours pyrénéen semble avoir disparu.
Appoline est étudiante, jeune fille sans histoire, cadette d’une
famille bourgeoise. Mais elle partage avec son père une passion peu commune
pour la chasse et notamment la chasse au trophée… Pour son vingtième
anniversaire son père lui offre un cadeau peu commun : une chasse au lion
en Namibie.
Kondjima est le fils d’un éleveur, il vit dans son village
de Namibie et espère bien épouser la belle Karieterwa. Lorsque leur troupeau d
chèvre est décimé par un lion, le jeune homme y voit l’occasion de prouver sa
valeur pour être digne de celle qu’il aime.
Entre ces trois personnages, il y a Charles, le lion. Animal
magnifique autant que dangereux, prédateur devenu proie. En découvrant une
photo de la jeune chasseuse à côté du corps ensanglanté du fauve, Martin va se laisser
envahir par la colère qu’il rumine depuis des années.
Je suis époustouflée du talent d’écrivain de Colin Niel que
je ne connaissais pas jusqu’ici. Alternant une certaine lenteur, calée sur l’observation
de la nature et l’affût des chasseurs à des passages plus enlevés, rythmés par
l’angoisse et le combat pour la survie, le récit ne souffre d’aucun temps mort.
On passe des Pyrénées à l’Afrique, de la montagne au désert, d’un personnage à
l’autre. Certains n’aiment pas ce type de narration, c’est au contraire quelque
chose qui me plaît, permettant de redonner du souffle à l’histoire et de
découvrir différents points de vue. Chose rare, Colin Niel a su rendre ses
personnages très humains, y compris ceux, ou plutôt celle, qu’on aurait envie
de détester. C’est très intelligent de sa part de ne pas avoir cédé à la
facilité du manichéisme. Ces personnages nous obligent à nous interroger sur
notre propre rapport à la nature, mais difficile de s’attacher à eux, ils sont
trop humains pour cela !
Car en effet, au-delà de l’histoire elle-même, ce roman policier
pousse à la réflexion. Kondjima et Appoline sont tous deux déterminés à tuer le
lion, pourquoi les motifs de l’un seraient plus légitimes que ceux de l’autre ?
Et surtout, si l’on trouve de la légitimité à l’abattage du lion par les
paysans dont il dévaste les troupeaux, alors on devrait aussi trouver légitime
l’abattage de loups ou d’ours par les éleveurs de nos montagnes… Au final, l’animal
est toujours la victime de la bêtise, de l’ignorance et de la prétention de l’homme. Mais surtout de son instinct de tueur...
C’est par les réseaux sociaux que Martin a découvert la
photo d’Appoline et du lion. Et récemment, de nombreuses affaires de ce type
ont fait les gros titres. Des chasseurs fiers de leurs massacres postant leurs
photos sur les réseaux sociaux se sont retrouvés livrés à la vindicte
populaire. Insultés, harcelés, menacés. L’horreur de leurs actes
justifie-t-elle cet acharnement ? La condamnation populaire est réelle
bien que leurs actes soient légaux. Là est peut-être le problème…
Mais sinon, vous ne le trouvez pas magnifique le lion de la couverture ? Ce regard, ce port de tête... Majestueux !
J’ai dévoré ce livre avec un grand plaisir, à tel point que
j’ai craqué et emprunté à la médiathèque un autre roman de l’auteur. Comme si
ma PAL avait besoin de ça !
Un auteur que je me promets de découvrir tôt ou tard ..
RépondreSupprimerJe n'ai aucun point de comparaison avec ses autres livres mais celui-ci mérite d'être découvert.
SupprimerAlors moi j'avais découvert Colin Niel avec Comme les bêtes que j'ai adoré, notamment le contexte sociétal extrêmement bien reproduit. Je vais certainement lire celui-ci qui a l'air d'être sur la même ligne. Ça commence pas mal ton aventure, dis-donc :-)
RépondreSupprimerOui, ça commence même très bien ! 😉
SupprimerJe pourrais copier le commentaire de Nicole, Comme les bêtes m'a beaucoup plu, marquée même, et j'aime à le recommander !
RépondreSupprimerJe pense le lire prochainement, mais mon programme est déjà pas mal rempli entre le mois américain et la rentrée littéraire !
SupprimerJ'ai également connu la plume de Colin NIEL en lisant "Seules les bêtes" que j'ai dévoré! Je vous recommande aussi la série guyanaise qui est excellente. Dépaysement et aventures garantis!
RépondreSupprimerBonsoir Ariane, après ses polars qui se passent en Guyane, puis Seules les bêtes, ce romancier se renouvelle bien. J'ai noté ce polar. Merci pour ce billet. Bonne soirée.
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