Auteur :
Hervé Bel
Titre :
Erika Sattler
Genre :
roman
Langue
d’origine : français
Editeur :
Stock
Nombre de
pages : 342p
Date de
parution : août 2020
Mon avis :
Erika est jeune, belle, blonde. Erika est allemande, nazie. En
Pologne elle travaille comme secrétaire dans une usine d’armement. Mais les
troupes russes approchent et les allemands doivent fuir. Pendant les quelques
jours que va durer son périple, nous suivons Erika sur les route polonaises. Elle va rencontrer des gens qui vont lui tendre la main, des SS impressionnés par sa ferveur, des soldats touchés par son apparente fragilité.
Mais elle n'est pas fragile Erika. C'est un roc, ou plutôt un iceberg. Disons le tout de suite, rares sont les personnages aussi
détestables qu’Erika. Jouant sans vergogne de sa beauté, méprisante envers tous
ceux qu’elle juge inférieurs ou faibles, convaincue d’appartenir à une race
supérieure, cruelle et manipulatrice, elle n’a de respect que pour les SS et Hitler.
Dans les romans mettant sur cette période, on rencontre souvent des
hommes nazis, des combattants ou des politiques, mais rarement des femmes. En choisissant de raconter l’histoire d’une
femme nazie, Hervé Bel parle de « la banalité du mal » (pour
reprendre l’expression d’Hannah Arendt cité dans la quatrième de couverture),
de la ferveur du sentiment national-socialiste chez les gens du peuple, de l'engouement pour cette vision d'un Reich de mille ans, une folie collective. Le
résultat est glaçant, d'autant plus qu'à aucun moment, Erika ne doute.
Autour d’Erika gravitent plusieurs personnages, qui eux aussi vont incarner un visage du peuple allemand. Il y a Paul, son mari, pas vraiment convaincu
par le nazisme, ni par aucun autre parti d’ailleurs, mais qui s’engage dans la
SS pour lui plaire, sans succès. Il y a Helmut, le beau-frère, opposant déclaré au
régime, mort dans un camp de prisonnier, un personnage fantomatique, il n'est pas réellement présent dans le livre, comme finalement tous ces résistants allemands qu'on oublie trop souvent. Albert, le petit garçon qu'Erika rencontre pendant
sa fuite, pour lequel elle éprouve une certaine affection, autant qu'elle en est capable, mais qu'elle va aussi utiliser pour attirer la pitié et se donner une chance supplémentaire de s'en sortir. Albert, c'est l'innocence bafouée, brisée, méprisée par la guerre. Mais Albert c'est aussi l'avenir de l'Allemagne.
C’est un roman dur, intense, dérangeant. Une plongée dans
les ténèbres, impression renforcée par le fait que je l’ai lu juste après Les déracinés de Catherine Bardon.
Il pourrait m'intéresser, mais le côté détestable d'Erika me fait hésiter.
RépondreSupprimerJe peux comprendre, mais je pense qu'il mérite qu'on s'y intéresse autant pour Erika que pour les autres personnages.
SupprimerVraiment étonnant! Pas trop envie quand même.
RépondreSupprimerA cause du sujet ou du personnage ?
SupprimerIntéressant de prendre un personnage féminin.
RépondreSupprimerOui, j'ai bien aimé la démarche de l'auteur.
SupprimerMerci à vous pour cette chronique qui m'est une récompense pour mon travail.
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