Par Ariane
Auteur : Miguel Bonnefoy
Titre : Héritage
Genre : Roman
Langue d’origine : français
Editeur : Rivages
Nombre de pages : 256p
Date de parution : août 2020
Mon avis :
Depuis son premier roman, Le voyage d’Octavio, c’est un plaisir chaque fois renouvelé de retrouver Miguel Bonnefoy.
Dans cette saga familiale aux accents de réalisme magique, on rencontre un vieux vigneron, une marchande de parapluie, un poilu hanté par le fantôme d’un soldat allemand, une ornithologue, une jeune fille qui rêve de voler, un jeune garçon idéaliste et rêveur… Miguel Bonefoy fait vivre devant nous ces personnages extravagants, plus proches des héros de contes que de romans d’aventures. Pourtant des aventures, ils en connaîtront, traversant les événements du siècle, portant en eux physiquement et spirituellement les stigmates de ces temps sombres.
Comme dans ses précédents romans, je retrouve une maîtrise de la narration, un univers étrange et fascinant, une écriture rythmée et poétique. Miguel Bonnefoy a le don de dire beaucoup en peu de pages, en peu de mots. Même lorsqu’il décrit les pires malheurs, il ne nous livre jamais une violence crue, mais malgré le couvert de la poésie, il parvient à nous en faire sentir toute l’horreur. Une scène m’a particulièrement marquée, dans laquelle on voit toute l’absurdité et l’horreur du régime de Pinochet, un régime de violence gratuite, détruisant l’innocence et la beauté. Une scène inoubliable.
Miguel Bonnefoy a puisé dans son histoire familiale pour écrire ce roman empreint de sincérité et de pudeur. Une nouvelle fois un vrai coup de cœur.
Extraits :
« Lazare Lonsonier lisait dans son bain quand la nouvelle de la Première Guerre mondiale arriva jusqu'au Chili. A cette époque, il avait pris l'habitude de feuilleter le journal français à douze mille kilomètres de distance, dans une eau parfumée d'écorces de citron, et plus tard, lorsqu'il revint avec une moitié de poumon, ayant perdu deux frères dans les tranchées de la Marne, il ne put jamais réellement dissocier l'odeur des agrumes de celle des obus. »
« Éloignée désormais des accords et des concerts, isolée des grandeurs de Verdi et des opéras de Puccini, Thérèse découvrit le silence des oiseaux, fait de roucoulements et de piaillements, accédant ainsi à un univers inviolable où un autre chant, démêlé, imposait son triomphe et sa loi. »
« Il lui évoquait un univers où vivaient des
communautés de femmes guerrières, où des géants se transformaient en statues de
bois et où des filles naissaient dans le feu des cannes à sucre. Quand Ilario
lui demandait où se trouvait ce pays des merveilles, Aukan pointait la
bibliothèque derrière lui et s'exclamait dans un mouvement exalté :
- Ce pays est dans les livres. »
J'ai rencontré l'auteur (adorable !) mais je ne l'ai pas encore lu. A réparer au plus vite. Et l'actualité est plutôt bonne pour le Chili puisque le référendum contre la constitution de Pinochet est un succès. Ils vont peut-être enfin sortir pour de bon de cette période épouvantable.
RépondreSupprimerEspérons le
Supprimeroh oui, moi aussi j'ai adoré ! Ce voyage au Chili, ces personnages hauts en couleur,... superbe ! Et c'était mon 1er de l'auteur.
RépondreSupprimerJe suis une inconditionnelle ! J'aime son style, son univers et en plus il est bel homme 😁
SupprimerRéservé à ma BM, mais il va falloir que j'attende le déconfinement.
RépondreSupprimerUn service de réservation et retrait peut-être ? La mienne va peut être le mettre en place comme un juin/juillet.
Supprimer